Dyslexie – L’Office des professions tente de calmer le jeu

L'entrée en vigueur de la loi 21 sera sans effet négatif sur les enfants ayant des troubles d'apprentissage et les orthopédagogues qui travaillent auprès d'eux, insistent l'Office des professions et l'Ordre des psychologues du Québec. Ils disent vouloir calmer le jeu, estimant que les orthopédagogues ont semé une crainte injustifiée dans la population et les écoles en indiquant que désormais, les troubles d'apprentissages tels que la dyslexie allaient être considérés comme des maladies mentales.

La présidente de l'Ordre des psychologues, Rose-Marie Charest, dénonce la «campagne de peur non fondée» que livrent les orthopédagogues et spécialistes des scien-ces de l'éducation, en rappelant que la dyslexie est déjà classée comme un trouble mental dans le DSM IV, le manuel de référence en psychologie, et qu'en cela, la loi ne changera rien. «Ce qui est dit dans la loi, c'est que l'évaluation des troubles mentaux sera désormais une activité réservée. Et on a fait un guide explicatif pour être bien sûr que toutes les professions s'entendent sur le sens donné à la loi 21», a-t-elle expliqué.

Dans une lettre qu'il signe dans les pages du Devoir, le président de l'Office des professions, Jean-Paul Dutrisac, tient à rassurer les orthopédagogues sur le rôle qu'ils auront à jouer: «L'entrée en vigueur de la loi n'empêchera ni les enseignants ni les orthopédagogues d'intervenir [...]. Il est d'ailleurs essentiel que ces intervenants spécialisés continuent de mettre pleinement à profit leurs compétences auprès de ces élèves», a-t-il écrit.

Loin de rassurer, ces propos attisent plutôt la colère des orthopédagogues et autres intervenants du milieu de l'éducation, qui se sont d'ailleurs mobilisés en une coalition au début de la semaine pour lutter contre cette «médicalisation de l'école».

L'acte d'évaluation étant réservé à des professionnels de la santé, la doyenne de la Faculté des sciences de l'éducation de l'UQAM, Monique Brodeur, déplore le fait que les orthopédagogues se retrouvent «à la remorque» du milieu de la santé pour évaluer des troubles d'apprentissage qui sont davantage «éducatifs». «Si le guide passe, les psychologues, médecins, infirmières, etc. se retrouvent à être les responsables officiels. Cette mainmise des professionnels sur l'évaluation va créer une forte pression pour les consultations», a-t-elle dit.

Ordre ou pas, ces gens du milieu de l'éducation et de la santé ne pourraient-ils pas oeuvrer de concert pour l'évaluation? Si elle ne remet pas en cause la compétence des orthopédagogues dans l'intervention et la rééducation, la neuropsychologue spécialiste de l'évaluation des troubles d'apprentissage, Marie-Claude Guay, met toutefois un bémol. «Ils ne sont pas tous formés en évaluation», a-t-elle souligné. «À l'heure actuelle, il n'y a pas une formation uniforme pour tous les orthopédagogues. Je sais qu'à l'UQAM, il y a un programme d'intervention au niveau maîtrise spécialisé en dyslexie. Mais ce n'est suivi que par peut-être 1 ou 2 % des orthopédagogues», a dit Mme Guay.

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