Démarrer une entreprise taboue


Nancy_Lemieux_proprietaire_de_Solution_capillaire_Select

Nancy Lemieux, propriétaire de Solution capillaire Sélect.
-Photo Valérie Lessard

Démarrer une entreprise taboue

Valérie Lessard

Le Soleil de Châteauguay - 10 mars 2012

Économie Affaires

Coiffeuse depuis plus de 20 ans, Nancy Lemieux, propriétaire de Solution capillaire Sélect, s'est spécialisée dans un domaine plutôt tabou à vendre: la perte de cheveux. Un défi de tous les jours pour cette femme d'affaires qui compose avec la maladie et la détresse psychologie quotidiennement.

Nancy Lemieux connaît bien l'univers de la coiffure puisqu'elle y travaille depuis plus d'une vingtaine d'années. Elle peut très bien comprendre ce que ressentent les gens qui souffrent de perte de cheveux puisqu'elle souffre elle-même de ce problème. «Dans ma famille, j'ai beaucoup d'hérédité en matière de perte de cheveux. Je sais très bien que je ne peux pas rêver d'avoir la tête de Dolly Parton. Je cherchais toujours une solution pour ceux qui avaient ce problème», confie-t-elle.

Selon Mme Lemieux, la perte de cheveux est un sujet très tabou et cause de la souffrance chez les personnes atteintes. «Les personnes qui souffrent de perte de cheveux vivent ça seuls. Socialement tu est pointé du doigt. Ça affecte ton estime de toi. La chevelure, ça complète ta personnalité, ça te donne un style. Une coiffeuse qui n'a pas ce problème ne sait pas ce que ces gens vivent.»

Celle qui enseignait la coiffure et excellait dans son domaine a finalement décidé de délaisser la coiffure traditionnelle pour se lancer dans ce qui la passionnait. Ce qui l'a poussée à faire le grand saut? «J'ai décidé que je n'allais pas avoir d'enfant. Je n'aurais pas pu suivre les formations un peu partout en Amérique du nord et élever une famille. J'ai dû faire des choix», explique-t-elle. Elle fait notamment de la prévention, du remplacement capillaire et offre des prothèses (perruques).

Difficile de se faire connaître

Toutefois, la croissance de son entreprise a connu plusieurs embûches dont la principale était la publicité de ses services. «C'est vraiment difficile de publiciser ce que je fais puisque lorsque c'est bien fait, ça ne parait pas! Les gens ne diront pas qu'ils ont eu affaires à mes services ne le diront pas puisque c'est tabou.» D'ailleurs, à l'entrée de son commerce une affiche précise que la discrétion est de mise étant donné le type de soins offerts. De plus, Mme Lemieux ressent la compétition du monde de la coiffure. « Cela me désole de voir l'attitude de coiffeurs dans la région qui savent très bien que leur client a des problèmes, mais ne parleront pas de mon entreprise de peur de perdre des clients.»

L'amour du métier

Pour se faire une place dans la région, la coiffeuse a cumulé «des heures et des heures de travail. Cela prend beaucoup de persévérance et d'amour du métier». Elle mise aussi sur l'honnêteté et le professionnalisme envers ses clients. «Châteauguay, c'est comme un village, je ne peux pas me permettre d'être malhonnête envers mes clients. Quand j'ai des gens qui viennent d'apprendre qu'ils ont le cancer et qu'ils me demandent si leurs cheveux vont réellement tomber, je ne peux pas me permettre de leur faire de faux espoirs. Ce serait immoral. Je suis en affaires depuis trop longtemps pour briser ma clientèle.»


  • Retour
  • Imprimer
  • Envoyer à un ami

Leave a Reply