Alexis Macquart, humoriste calaisien, brave les interdits au …

PAR OLIVIER PECQUEUX

calais@lavoixdunord.fr PHOTO JEAN-PIERRE BRUNET

Palais des Glaces, Paris, 21 h 30. Cauet remplit la salle avec son one man show Picard For Ever. Juste au-dessus à la même heure, dans la petite salle, le Calaisien Alexis Macquart séduit son public avec Faites-le taire, un spectacle au ton irrévérencieux et provocateur. Dans ce Petit Palais des Glaces intimiste, devant une centaine de spectateurs maximum, Alexis Macquart parle d'amour, de psychologie et de sexe. De sexe surtout. Un thème qu'il retourne dans tous les sens, pour livrer des positions perturbantes et osées, allant jusqu'à dévoiler les secrets de son intimité. Dans un registre exigeant, le stand-up, le jeune homme se présente quelques minutes en gendre idéal, glissant lentement mais sûrement dans des propos licencieux. « Je crois que c'est ma vocation sur scène que de parler sexe », lâche-t-il au public après avoir dérapé sur le thème de la masturbation.

Le stand-up,une passion

Trop osé Alexis Macquart ? Certainement pas. Faites-le taire s'adresse à un public averti, qui depuis début septembre se délecte des anecdotes personnelles de l'humoriste. Car Alexis Macquart parle de la vraie vie, de sa copine, de sa mère et de ses neveux. « Ce spectacle, c'est moi, confie l'artiste. Le registre du stand-up est intéressant car le personnage que tu incarnes sur scène est le prolongement de celui que tu es dans la vie. Mais en puissance 5. » Dans son monologue ponctué d'histoires drôles, Alexis Macquart use sans en abuser de tous les codes du stand-up, un genre qu'il a découvert très jeune à travers les spectacles de deux références en la matière, les Américains Richard Pryor et Georges Carlin. « C'était un vrai choc de voir ce que l'on peut dire sur scène de manière frontale. Je me suis passionné pour le stand-up, sans pour autant me persuader que je pourrai le faire de manière active. »

Tomer Sisley, son ami

Le basculement commence alors qu'Alexis Macquart est étudiant à Boulogne-sur-Mer. « C'était un matin, à 7 h, j'étais sur le quai de la gare, aux Fontinettes. Il faisait froid sur la passerelle et je devais passer mes partiels. Je ne suis jamais monté dans le train, je n'avais pas envie de travailler. » Vivant à Coulogne avec ses parents, le jeune homme se résout pourtant à entrer dans la vie active après des années de fac (anglais puis droit) sans lendemain. Au centre culturel Gérard-Philipe, il anime un atelier vidéo, puis crée un court-métrage pour le service culture de la mairie de Calais. « Je suis parti ensuite trois mois aux États-Unis. Quand je suis revenu à Calais, j'étais à la croisée des chemins. J'écrivais depuis quelque temps des scénarios et des textes et, en très peu de temps, je me suis mis à téléphoner à tous les cafés-théâtres parisiens pour savoir s'il était possible de s'y produire. Je suis venu directement, persuadé que c'était à Paris qu'il fallait que je me lance. » C'était il y a huit ans. Alexis Macquart loge chez des amis et « squatte » le canapé de Tomer Sisley (récemment à l'affiche de Largo Winch ). « On partageait la même passion, le stand-up, et des liens d'amitié se sont créés rapidement. Il m'a proposé un plan pour un casting.

Il m'a laissé le trousseau de clés de son appartement, je dormais là de temps en temps, pendant un an et demi. » En 2006, alors qu'il fait la première partie de Tomer Sisley au Temple, le Calaisien intègre le Jamel Comedy Club, qui donne leur chance aux jeunes talents. On le voit alors sur Canal +. Il continue parallèlement à donner des spectacles dans les petites salles parisiennes. Sur France 4, Cyril Hanouna lui confie en 2008 une chronique sous forme de journal satirique dans l'émission Plié en 4. Alexis Macquart peaufine son personnage sur scène, écrit pour Gérald Dahan et fait la première partie d'Audrey Lamy. Il fait des incursions au Théâtre du Gymnase, aux Blancs Manteaux et au Bataclan, puis s'installe, depuis septembre, au Palais des Glaces, dirigé par Jean-Pierre Bigard, frère de Jean-Marie. Pour s'imposer au grand public, le Calaisien glisse, lucide : « Il faut une chronique radio ou télé, avoir un rendez-vous régulier avec le public. » En attendant, Alexis Macquart se contente de voir son visage placardé sur les murs du métro, souriant sur les flyers du Palais des Glaces et dans les pages du quotidien Le Parisien. Excusez du peu.

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