Médecine
Umons : étude pilote sur la schizophrénie
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Une chercheuse de la Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Education de l'Université de Mons (UMONS) isole un déficit neurocognitif caractéristique de la schizophrénie dans un article à paraître dans la revue "Psychiatry Research". L'article, s'intitule "Shall we use non-verbal fluency in schizophrenia? - A pilot study". L'auteur, Romina Rinaldi est chercheuse et boursière 100% au sein du service de Psychologie cognitive et neuropsychologie de la Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Education de l'UMONS, dont l'un des axes principaux de recherche est la psychopathologie cognitive.
L'investigation neurocognitive des maladies mentales, et plus particulièrement de la schizophrénie, constitue une tendance forte de la recherche actuelle et ce, non seulement dans le domaine de la neuropsychologie mais aussi dans les domaines de l'ingénierie médicale, de la recherche pharmaceutique ou encore de la psychoéducation. En effet, à défaut de pouvoir trouver, à l'heure actuelle, un marqueur biologique qui satisfasse à la question de l'étiologie de la schizophrénie, la recherche s'oriente, depuis plusieurs décennies maintenant, vers l'investigation des manifestations cliniques de la maladie et de leurs mécanismes sous-jacents.
Les résultats de ces nombreuses recherches ne laissent aucun doute sur l'existence de déficits neurocognitifs, présents à la fois chez les patients déclarés, les sujets à haut risque de développement d'une psychose et les sujets à haut score de schizotypie ; mais aussi chez les parents au premier degré d'individus présentant une schizophrénie. Ces déficits concernent à la fois la cognition cristallisée, comportementale et sociale. Ils permettent à la fois de développer de nouvelles lectures de la symptomatologie, d'appréhender le versant clinique des dysfonctionnements des circuits neuronaux, de comprendre les difficultés rencontrées au niveau de la vie quotidienne (en dehors du cadre institutionnel particulièrement).
La recherche publiée
La recherche qui sera prochainement publiée dans la version papier de revue "Psychiatry Research" s'inscrit dans ce courant neurocognitif. Dans un premier temps, l'auteur s'est plus particulièrement intéressé à un certain type de protocole : les fluences verbales (i.e. donner un maximum de mots en un temps limité, en respectant une consigne), largement déficitaires dans le cadre de la schizophrénie. L'auteur a d'abord investigué le lien entre ces tâches de fluence et un déficit exécutif plus global. La principale interrogation était de savoir dans quelle mesure les déficits de fluence verbale étaient liés à des difficultés d'organisation des informations linguistiques et sémantiques (versant sémantique) ou à leur récupération (versant exécutif) ; les deux versants étant atteints chez les individus présentant une schizophrénie.
C'est pourquoi l'auteur a orienté ses recherches vers une version originale, non-verbale, des tâches de fluence. Ces tâches de fluence non-verbales (appelée 5 Point Test/5PT en raison de la consigne demandant au sujet de produire autant de figures différentes qu'il peut à partir d'un arrangement de cinq points) ont l'avantage d'être extrêmement simples à expliquer et à coter, ce qui leur confère une très bonne fidélité inter-juge et test-retest, et d'être appliquée en un temps très limité : une minute. Cette tâche simple ne fait par ailleurs intervenir ni connaissances linguistiques, ni connaissances générales. Elle a pourtant déjà montré son utilité clinique dans l'investigation de troubles cognitifs même très légers. L'étude visait donc à soumettre ce test à un groupe de patients présentant une schizophrénie et un groupe d'individus "contrôle".
Les résultats indiquent que le test 5PT permet de différencier les individus présentant une schizophrénie des sujets sains et que les performances des patients étaient effectivement liées au fonctionnement frontal global, plus particulièrement à l'inhibition (la capacité à bloquer des comportements routiniers ou d'ignorer des interférences). Ces performances sont par ailleurs indépendantes de l'âge, du niveau d'étude ou encore du type de symptômes des patients. Ces résultats appuient donc l'existence d'un déficit neurocognitif, de type exécutif, indépendant des caractéristiques des patients et dont la nature est liée par essence au fonctionnement du lobe frontal. La recherche montre également l'utilité de la tâche 5PT, encore peu utilisée tant dans la recherche que dans la clinique.
Plus récemment, le service a développé des protocoles visant à comprendre dans quelle mesure ce déficit général peut-être compris dans une optique plus générale d'action orientée vers un but d'une part (Rinaldi et Lefebvre, 20141), et compensé par des structurations contextuelles de l'environnement de réponse d'autre part. Les premiers résultats sont concluants et engagent à approfondir les mécanismes de traitement de l'information contextuelle ; plus particulièrement à comprendre sous quelle condition ce traitement peut se faire de manière optimale en termes de processus cognitifs.
Rinaldi, R. Lefebvre, L. (sous presse). Le concept d'action orientée vers un but et ses atteintes dans le cadre de la schizophrénie. Revue de Neuropsychologie, 5(1).