Sortir la politique française de la préhistoire : leçon 1 – A quelle …

Les partis politiques qui structurent la vie politique française et "concourent à l’expression du suffrage universel" ressemblent de plus en plus à ces grands dinosaures du Jurassique, qui se sont éteints faute de s’adapter à leur nouvel environnement.

La défiance est partout ? Les adhésions sont en baisse ? L’abstention massive ? Qu’importe pour nos partis, qui restent figés à l’ère préhistorique, et en appellent mollement au "devoir civique" en attendant que les électeurs reviennent.

Notre conviction est que les électeurs ne reviendront pas, sans deux inflexions majeures.

La première, essentielle, touche à la crédibilité de la parole publique : nos concitoyens qui perçoivent le décalage entre les discours mobilisateurs et rassurants, et la réalité d’un pays qui stagne, ont le sentiment assez juste d’être trompés depuis trente ans. 

La deuxième inflexion touche aux méthodes et aux stratégies de mobilisation mises en œuvre par les partis, qui ne pourront pas indéfiniment s'extraire de leur temps et de ses pratiques.

À l'heure des réseaux sociaux qui savent tout de nous, des algorithmes qui prévoient nos décisions, et de la publicité personnalisée qui anticipe nos besoins, la politique doit évoluer, pour adopter de nouveaux outils.

Après 15 ans d'érosion de la participation électorale aux Etats-Unis, de nombreuses expériences – isolées ou massives – y ont été menées. La psychologie et l’économie comportementale ont été mises à contribution pour aider les principaux partis à remettre sur le chemin des bureaux de vote des millions d'électeurs. Ce sont ces expériences - innovantes, surprenantes et réussies - que nous présentons.

Ces méthodes nouvelles ne peuvent souvent pas être importées telles qu’elles en France, pour des raisons culturelles ou légales. Elles peuvent néanmoins guider les pouvoirs publics et les partis politiques dans l’organisation des campagnes, pour les inscrire dans notre époque et parler aux électeurs d'aujourd'hui.

A quelle heure irez-vous voter ?

  • Vouloir voter ne suffit pas pour aller voter : ce n'est pas seulement sur la motivation qu'il faut peser pour réduire l’abstention, mais sur le passage à l’acte.

Acte moral et civique, devoir envers la patrie, aller voter est pourtant, à y regarder de plus près, un acte complètement irrationnel. D'après des chercheurs américains, la probabilité de mourir dans un accident de la route en rejoignant son bureau de vote un jour d’élection nationale serait en effet supérieure à celle d’avoir la moindre influence sur le résultat du scrutin. Vu sous cet angle, notre "devoir civique" devient un peu angoissant : on se trouverait presque des raisons de s'abstenir.

Et des raisons de s'abstenir, les Français semblent en trouver de plus en plus. Face à cette démobilisation, les partis de gouvernement sont plongés dans la perplexité, et s’interrogent sur leurs méthodes de communication, les valeurs qu’ils incarnent ou encore les leaders qui les portent. Beaucoup plus rarement sur les leviers pratiques qui peuvent inciter les citoyens à voter.

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