Serge Moscovici, grande figure française de la psychologie sociale et théoricien de l'écologie, a disparu dimanche 16 novembre. Il avait laissé à son fils Pierre Moscovici un témoignage intellectuel comme héritage heuristique.

Mort dans la nuit de samedi à dimanche, Serge Moscovici laisse derrière lui une oeuvre considérable en sciences sociales. Directeur d'étude à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, professeur à New York à la New School for Social Research, il a partagé sa vie entre l'enseignement et l'écriture d'ouvrages en épistémologie, psychologie sociale et anthropologie politique. Sa contribution théorique aux sciences sociales, considérée comme majeure dans la seconde moitié du XXe siècle, s'articule autour des représentations sociales construites pour expliquer les défis écologiques, les crises économiques, la bioéthique. Au coeur de sa pensée, la dénonciation de "la pensée sociale", la démonstration des limites de la sociologie rationaliste, coupée de la psychologie des comportements collectifs.

Serge Moscovici était le père de Pierre Moscovici, ancien ministre de l'Intérieur et actuel commissaire européen aux affaires économiques et monétaires. Pour lui et pour son second fils, il avait écrit un récit autobiographique, en 1997, intitulé "Chronique des années égarées". Il y racontait sa jeunesse dans les années 1930 en Roumanie, dans une famille peu attentionnée. "Une des plus grandes chances que l'on puisse avoir dans la vie est de n'avoir pas été heureux dans son enfance" écrivait-il comme une confession philosophique. Sa vie, cette "physionomie d'une existence qui s'est déroulée de façon insolite", il souhait ma rendre pour sa famille "assez limpide pour qu'ils puissent l'entrevoir sans que j'aie besoin de la leur expliquer. Car elle leur paraît ombrée d'un mystère qui m'éloigne d'eux, et son sens leur échappe comme si je tenais à le leur cacher". Sa lecture du début du XXesiècle, "absurde", qui "allait se briser sur le roc du totalitarisme" écrivait-il, doit sans doute résonner encore aujourd'hui dans l'esprit de ses fils.

EN VIDEO - Serge Moscovici débattait en 1981 à la télévision sur le phénomène de la soumission à l'autorié :