SECTES : La Miviludes au chevet des personnes âgées


Les sectes ciblent prioritairement « des victimes particulièrement exposées aux dérives sectaires » comme les personnes âgées, selon la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes).

La présidente de l’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes (Unadfi ), Catherine Picard, est coauteur avec Nicolas About de la loi no 2001-504 du 12 juin 2001, qui tend « à renforcer la prévention et la répression des mouvements sectaires portant atteinte aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales ». Cette loi a notamment introduit l’application de la lutte contre l’abus de l’état d’ignorance ou de faiblesse à des personnes « en état de sujétion psychologique ou physique ».

Interrogée par la Miviludes, Catherine Picard décrit ci-dessous les situations au sujet desquelles l’Unadfi et les Adfi sont le plus fréquemment sollicitées pour ce qui concerne des personnes âgées :

« Les Adfi sont souvent contactées par des familles qui s’inquiètent des démarches auprès de leurs proches de certaines associations reconnues comme sectaires. Par le biais de démarchages à domicile, de propositions de discussions, d’aide à rompre la solitude, de distribution ou de vente de documents pseudo religieux, ces mouvements, notamment les
Témoins de Jéhovah, font un “ forcing” pour pénétrer chez les personnes âgées, s’insinuer dans leur intimité et, à terme, se substituer à la famille qui devient encombrante et se voit
rejetée.

Lorsque les personnes sont plus vulnérables parce qu’isolées dans des établissements spécialisés, elles sont aussi exposées à ce type de démarchage. Du fait de leur état de santé souvent précaire, elles deviennent des proies sans défense.

La notion d’abus de faiblesse prend alors tout son sens. À la clef, il y a souvent des tentatives de captations fi nancières, des dons soutirés ou des legs de sommes plus ou moins importantes. Les familles lorsqu’elles s’en aperçoivent peuvent se trouver en diffi – culté devant ces emprunts consentis par pression.Sexe et ménage

Les personnels des établissements ne reconnaissent pas toujours les objectifs de ces associations qui se présentent comme étant religieuses, usurpant ainsi une fonction et abusant de la situation de confi ance que l’on pourrait leur accorder. Certaines vont même jusqu’à éplucher les pages de la rubrique nécrologie pour repérer les personnes en deuil d’un proche et s’insinuer dans leur vie quotidienne : “Nous venons d’apprendre le décès de votre mari, devant les diffi cultés que vous pouvez rencontrer, nous venons vous apporter de l’aide ainsi que le réconfort de la Bible.”

D’autres mouvements se cachent derrière des pratiques de voyance, de guérisseurs pour proposer leurs services. Les pratiques ayant recours à l’irrationnel sont très appropriées
à la mise en place d’une emprise sur les personnes vulnérables. Elles sont aussi très rentables. Cela peut passer par exemple, par voie téléphonique, par du soutien, du “coaching”,
des conseils de soins, autant d’appels surtaxés qui grèvent lourdement un budget.

Une autre technique, comme les chaînes par courrier, est souvent employée. La cible est encore une fois les personnes âgées à qui on propose des médailles miraculeuses
afi n d’entrer en contact avec elles, et qui ensuite sont submergées par des incitations à donner de l’argent. L’Unadfi centre une partie de son activité sur un axe de prévention pour informer des dérives possibles de tels abus de confi ance liés à toute forme de prosélytisme. »

À titre d’exemple, la Miviludes a eu à connaître de la situation d’un homme de 75 ans, M. S., veuf depuis peu de temps, qui lui a été exposée par les enfants de ce dernier. M. S. est soumis, tout en ayant accepté quelques jours après l’avoir rencontrée, de lui accorder gîte, couvert et rémunération, à l’envahissement de son domicile et de sa vie par une femme de 50 ans, Mme B., ouvertement adepte du mouvement Ramtha et se présentant comme une « envoyée de Dieu ».

Au fi l des jours, M. S. se laisse gagner par les idées et les pratiques, édictées par le mouvement Ramtha, que lui inculque son hôte : alimentation végétarienne, annonce de la fi n du monde pour décembre 2012 et incitation à « l’éveil spirituel », démarche pour amener M. S. à interrompre ses traitements médicaux, pourtant indispensables, mais qualifi és de nocifs pour sa santé par Mme B.

M. S. reconnaît et déplore, auprès de ses enfants, que Mme B. devient de plus en plus autoritaire et colérique, mais, en dépit de leurs recommandations, il ne se résout pas à s’en séparer de peur, dit-il, d’être à nouveau confronté à sa solitude et à son désarroi à la suite du décès de son épouse.

Source : le rapport 2013 de la Miviludes






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