Comment définir la limite entre punition et violence psychologique ? Quels sont les effets de la violence psychologique à long terme sur les enfants ? Dans un rapport de l’American Academy of Pediatrics publié lundi dans la revue Pediatrics, des chercheurs dénoncent les conséquences dramatiques de la violence psychologique sur les enfants, les comparant aux violences physiques ou sexuelles, peut-on lire sur le Huffingtonpost.
Pas de définition universelle de la violence psychologique
A la différence de la violence physique ou sexuelle, il n’existe pas de définition universelle de la violence psychologique. Dans ce rapport de l’American Academy of Pediatrics, les chercheurs tentent d’en définir les contours en définissant trois manières de violenter psychologiquement un enfant :
- en le repoussant (le rabaisser ou se moquer de lui)
- en le terrorisant (le placer dans des circonstances imprévisibles par exemple)
- en l’isolant (le confiner dans un espace et limiter ses interactions sociales).
Si ce genre de comportements semble évidemment blessant, toutes les formes de violence psychologique ne le sont pas forcément. C’est ce que ce rapport essaye de mettre en évidence : ce qui blesse un enfant va souvent au-delà de mauvais traitements émotionnels ou mentaux.
Une limite très mince entre une erreur de parcours et un abus
Roberta Hibbard, l’un des auteurs du rapport et directrice du Child Protection Programs à l’école de Médecine d’Indianapolis explique « la plupart des punitions que les parents font sont appropriées dans certains cas isolés. Par exemple, lorsqu’ils envoient l’enfant dans sa chambre » explique-t-elle. « Mais à quel moment les 3 minutes deviennent 5 minutes, et 5 minutes deviennent 10 minutes ? Les parents ont du souvent du mal à savoir où se trouve la limite. »
Le rapport souligne que lorsqu’un comportement, considéré comme une violence psychologique, est répété plusieurs fois, on passe de l’erreur à l’abus. Pour Alec Miller, chef de psychologie de l'enfant et l'adolescent au Centre médical Montefiore à New York, « il est difficile de faire la différence entre un petit incident d’éducation et un abus. Moi aussi, en tant que parent je suis faible. Je fais des erreurs et pourtant, j’essaye de ne pas les répéter.» A plusieurs reprises les enfants se sentent alors mal-aimés et repoussés. Mais les chercheurs rappellent que le terme violence psychologique englobe de nombreuses actions et comportements de la part des parents, d'où la difficulté d'identifier clairement ce futur fardeau pour les enfants.
Des effets dramatiques à long terme
Selon deux études anglaise et américaine citées dans le rapport, entre 8 et 9 % des femmes et 4 % des hommes déclarent avoir été victimes de sévères abus psychologique pendant leur enfance. Il est essentiel, écrivent les auteurs, que les pédiatres sachent exactement comment signaler des cas de violence psychologique, comme ils le feraient pour des mauvais traitements physiques ou sexuels sur un enfant. Ils doivent également contribuer à des traitements efficaces et des programmes de prévention et les diffuser auprès de tous les professionnels qui prennent soin des enfants. « Une grande attention est accordée à l'abus sexuel et physique», a déclaré Alec Miller. « La violence psychologique est une autre forme de maltraitance des enfants qui est plus insidieuse, dans certains cas, et qui n’a pas l’attention qu’elle devrait avoir. »
A lire également :
6 astuces pour gérer la colère quand on est maman
Education : place aux papas !
10 façons de vous faire obéir par les tout-petits
Open all references in tabs: [1 - 5]