Mopti-Sévaré : L’EFFET PSYCHOLOGIQUE DE L’OCCUPATION DE …

Malgré l’impressionnant dispositif militaire et de sécurité, la présence des éléments du Mujao alimente une certaine psychose

L’occupation de la ville de Douentza continue d’animer les débats à Mopti-Sévaré. L’arrivée des islamistes dans la ville a fait l’objet d’un tel battage médiatique que l’on a eu impression qu’il s’agissait d’une nouvelle prouesse des groupes armés. Le choc a créé une certaine panique au sein de la population, replongeant Mopti qui constitue la ligne de front dans une certaine psychose. Une psychose que tentent d’alimenter les groupes armés en entretenant les rumeurs et la propagande des ondes. Et depuis l’annonce de la requête du président de la République par intérim demandant l’aide de la CEDEAO pour libérer le nord, les assaillants ont intensifié les manipulations sur les ondes dans les zones qu’ils contrôlent. Ils font même croire qu’ils préparent une invasion du reste de la Région de Mopti et que leur arrivée est imminente dans la « Venise malienne ». C’est ainsi qu’il y a une semaine, une folle rumeur prétendait que les islamistes arriveraient dans la ville après la grande prière du vendredi. Cette rumeur avait été alimentée par le passage à Sévaré dans la nuit du mercredi 5 au jeudi 6 septembre, d’un véhicule à priori suspect. Le véhicule portant un étrange drapeau à l’avant avait traversé la ville à toute vitesse sans s’arrêter. Les alarmistes avaient aussitôt assimilé les occupants du véhicule à des éléments des groupes armés du nord qui seraient venus en éclaireurs. La nouvelle du passage du véhicule « fantôme » s’était répandue comme une traînée de poudre avec toutes sortes d’interprétations. Face à la psychose et l’occupation de Douentza, nous avons approché le colonel Abdoulaye Coulibaly, le chef d’état-major du poste de commandement opérationnel basé à Sévaré. En bon connaisseur de la psychologie de la guerre, le chef militaire explique les agissements des groupes armés relèvent de l’intoxication, de la propagande. Il invite donc la population à faire preuve de discernement et d’esprit d’analyse de situation. Pour le colonel Coulibaly, la ville de Douentza n’a pas été prise. « Ils l’ont prise des mains de qui ? », interroge le responsable militaire, en rappelant que depuis le repli de l’armée de Gao à Sévaré, le 2 avril 2012, elle n’est plus retournée à Douentza. A propos d’une éventuelle arrivée des rebelles à Mopti, l’officier supérieur se montre on ne peut plus rassurant. Il explique que le dispositif sécuritaire mis en place dans la zone est très solide. Mopti constitue la ligne rouge à ne pas franchir pour l’ennemi. « En plus des positions de première ligne basées à Konna, Bandiagara et Koro dès notre arrivée à Sévaré, des patrouilles sont régulièrement organisées dans un rayon de plus de 150 km », souligne le colonel Coulibaly. Concernant le véhicule dont le passage fait l’objet de folles interprétations, il révèle qu’il s’agit d’un véhicule de la formation spéciale des combattants volontaires basée à Sofara dans le cercle de Djenné. Selon le colonel Coulibaly, toutes les unités occidentales s’identifient par un fanion. Le groupe de commandos volontaires a choisi le noir et le blanc comme identifiant. Il a aussi critiqué le comportement des occupants du véhicule qui a traversé à vive allure une ville déjà soumise à des rumeurs. Le chef de bord de ce véhicule a d’ailleurs été réprimandé. Le chef d’état-major du poste de commandement opérationnel assure que l’armée malienne a pleinement conscience de sa mission sacrée de la défense de l’intégrité du territoire national. Elle a prêté serment dans ce sens. Et le colonel Coulibaly est formel : quand l’armée bougera de Sévaré, ce sera pour aller pour de bon à la reconquête des régions du nord. Enfin, le responsable militaire invite les populations à faire confiance en leur armée et à jouer pleinement leur partition dans la sérénité en l’aidant avec la bonne information.

Source : L’Essor

Maliactu du 14 septembre 2012

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