"Moi aussi j’ai attendu trois ans avant de porter plainte pour viol"


Willem Elias
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Le message Facebook du professeur en psychologie de la "Vrije Universiteit Brussel" (VUB) a fait couler beaucoup d'encre en Flandre. "A l'attention de cette jeune femme qui porte cette décision sur la conscience: pour un viol, rendez-vous directement à la police, ou au pire le lendemain, pas trois ans plus tard".

"Je dois retenir ma colère"
Une prise de position qui a fortement blessé Ashley et qui lui a rappelé de funestes souvenirs. Postée sur un blog personnel, sa vidéo a été reprise par toute la presse en ligne flamande et fait un véritable buzz. A l'heure d'écrire ces lignes, elle a déjà été vue près de 70.000 fois sur YouTube.

"Cher Monsieur Elias, je vais vous expliquer pourquoi j'ai attendu aussi trois ans avant de porter plainte pour viol. Vous êtes doyen de psychologie. Quand quelqu'un de votre statut tient de tels propos sur les victimes de viols, je dois retenir ma colère. Je suis moi-même diplômée en psychologie expérimentale, mais visiblement j'ai davantage le sens de la psychologie clinique que vous", lance-t-elle.

"L'auteur des faits était mon petit ami"
"J'ai moi-même été victime d'un viol. Et tout comme la femme en question, j'ai porté plainte trois ans plus tard. Pourtant, je me considérais à l'époque - j'avais 21 ans - comme une femme de caractère qui se lève pour ses droits. L'auteur des faits était mon petit ami. La première personne à qui je l'ai dit ne croyait pas que je pouvais être violée par mon copain. 'Comment? Vous avez quand même une relation?', m'a-t-il répondu. Quand vous entendez cela en tant que victime, c'est très douloureux et ça vous fait réfléchir. 'Peut-être est-ce de ma faute? Est-ce que nous faisions suffisamment l'amour?' Mais en réalité, c'était sa faute parce qu'il flirtait avec d'autres filles et que j'avais perdu confiance. Je l'ai dit à d'autres personnes seulement plusieurs mois après car j'avais honte".

"Qu'il était saoul et qu'il ne savait pas ce qu'il faisait? Foutaises! Va-t-on aussi pardonner des accidents de la route causés par des chauffeurs ivres? L'alcool vous permet parfois de décompresser, mais il est possible d'être alcoolisé et responsable en même temps. Si votre petite amie hurle, tente de se libérer, frappe, donne des coups et pleure parce qu'elle est incapable de se défendre, l'alcool n'est pas une excuse".

"J'avais peur de ne pas être crédible"
"Alors, pourquoi une femme attend-elle si longtemps? La personne dans le cas Stevaert avait peur de perdre son job. Du coup, c'est logique, vous attendez d'avoir un autre boulot. Il n'y a aucune garantie d'emploi dans ce pays. Traîner un politique devant le juge? Rien qu'en jetant un oeil au registre de condoléances, on constate qu'il est considéré comme une icône. Les auteurs sont trop bien traités. Les peines de prison ne valent rien non plus", poursuit-elle.

"Aucun de mes amis m'a dit: 'Va porter plainte à la police'. J'avais le sentiment de ne pas être crédible. Si tous mes amis réagissent comme ça, que dira la police alors? Je suis resté avec ce garçon parce que j'en étais amoureuse. En fait, j'étais la fille que je ne comprenais pas avant cette période: 'Comment une femme peut-elle rester avec un homme qui la maltraite ou l'abuse sexuellement? Maintenant, je comprends. On peut tellement aimer quelqu'un que l'on accepte tout. Plus tard, j'ai évidemment mis un terme à cette relation", prolonge-t-elle dans cette vidéo.

"Ma parole contre la sienne"
Ashley vient donc de porter plainte, même si les faits n'ont pas encore été qualifiés officiellement de viol. "C'est ma parole contre la sienne maintenant. S'il ne reconnaît pas, le procureur devra décider de la suite", confie-t-elle dans Het Laatste Nieuws, surprise par l'impact médiatique de sa vidéo. "Je ressens comme un poids énorme qui tombe de mes épaules. Le fait que cette vidéo soit devenue virale m'a surpris. Je garde un double sentiment. D'un côté, c'est bien car le 'victim-blaming' (culpabiliser les victimes) existe encore trop dans notre société. D'un autre côté, il y aussi des réactions négatives", termine-t-elle.

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