Les TRAUMATISMES à L’ENFANCE, laissent des marques à vie au …



Actualité publiée il y a 5h36mn

Des preuves que des blessures psychologiques infligées à l’enfance vont laisser des traces biologiques durables et une prédisposition à la violence plus tard dans la vie, c’est ce que soulignent ces chercheurs de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), avec cette étude à paraître dans la revue Translational Psychiatry. Une activation accrue des régions cérébrales impliquées dans le traitement des émotions mais réduite dans les régions impliquées dans la prise de décision, cette étude sur l’animal, met en évidence, pour la première fois, chez l'animal, des modifications réelles et durables dans le cerveau.

Il est bien connu que les adultes violents ont souvent des antécédents de traumatismes psychologiques durant l'enfance. Mais certaines de ces victimes présentent aussi des altérations physiques dans le cortex orbitofrontal. Mais jusque-là le lien entre traumatismes psychologiques et changements neurologiques n’avait pas été démontré.

Carmen Sandi, professeur à l’EPFL et directeur de l'Institut Brain Mind et son équipe, démontrent pour la première fois une corrélation entre le traumatisme psychologique chez des rats « pré-adolescents » et des changements neurologiques comparables à ceux trouvés chez des humains victimes ou violents. Son étude montre que les personnes exposées à des traumatismes dans l'enfance ne souffrent pas seulement psychologiquement, mais que leur cerveau est réellement modifié, avec des implications thérapeutiques, scientifiques et sociales. Après avoir exposé des rats mâles à des situations stressantes psychologiquement quand ils étaient jeunes, après avoir observé que ces situations stressantes les ont conduit à un comportement agressif à l'âge adulte, les scientifiques ont examiné le cerveau des animaux pour voir si la période traumatique y avait laissé une marque durable.

Une similitude Homme-animal surprenante : Dans une situation sociale difficile, le cortex orbitofrontal d'un individu sain est activé afin d'inhiber les pulsions agressives et maintenir des interactions normales, mais chez ces rats, les auteurs n’observent que très peu d’activation du cortex orbito-frontal. Cette modification réduit leur capacité à gérer leurs impulsions négatives. Cette activation réduite est accompagnée par une sur-activation de l'amygdale, une région du cerveau impliquée dans des réactions émotionnelles. Chez l’homme, d’autres études ont observé le même déficit dans l'activation du cortex orbito-frontal et la même réduction de l’inhibition des pulsions agressives.

Des changements dans l'expression de certains gènes dans le cerveau : En se concentrant sur les gènes connus pour être impliqués dans un comportement agressif et pour lesquels il existe des variants génétiques qui prédisposent à l’agressivité, les chercheurs constatent un niveau d'expression accru du gène MAOA dans le cortex préfrontal. Une altération liée à un changement épigénétique, l'expérience traumatisante finissant par provoquer une modification à long terme de l'expression du gène. Lorsqu’ils donnent à l’animal un inhibiteur du gène MAOA (un antidépresseur), les scientifiques constatent que la montée de l'agressivité s’inverse alors.

C’est donc aussi une voie ouverte vers de nouveaux traitements capables d’inverser les changements physiques dans le cerveau, induits par des expériences traumatiques durant l’enfance, pour rétablir un meilleur contrôle des émotions. L’étude suggère ainsi la capacité éventuelle de certains  antidépresseurs à renouveler la plasticité cérébrale.

Source: Translational Psychiatry (à paraître) via Eurekalert (AAAS) Childhood trauma leaves its mark on the brain (Visuel Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne « Cerveau de rat : A la puberté, le rat montrent une activation accrue de l'amygdale (impliquée dans le traitement des émotions) et une activation réduite dans le cortex orbitofrontal (impliqué dans la prise de décision sociale) »

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Cette actualité a été publiée le 16/01/2013 par P. Bernanose, D. de publication, avec la collaboration
de P. Pérochon, diététicien-nutritionniste, coordinateur éditorial.

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