Les babouins forts en lecture – Techno

L'apprentissage de la lecture ne serait pas seulement lié à la parole mais aussi à notre capacité à reconnaître et mémoriser les régularités entre les lettres des mots. C'est ce que révèle une étude menée chez des babouins par des chercheurs du laboratoire de psychologie cognitive (CNRS/Aix-Marseille Université). Publiés dans Science le 13 avril 2012, leurs résultats montrent que les singes perçoivent des combinaisons justes de lettres dans les mots et en détectent les anomalies ; une capacité très certainement préexistante à l'avènement du langage parlé.

Comment faisons-nous pour apprendre qu'un mot est correctement orthographié ? Par quels mécanismes sommes-nous capable de reconnaître, en quelques centaines de millisecondes seulement, qu'ANIMAL (Un animal (du latin animus, souffle, ou principe vital) est un être vivant capable de mouvement et de perception. On utilise parfois ce terme pour opposer les animaux aux humains (bien que ces derniers fassent partie du règne...) est un mot tandis qu'AZIMAL n'en est pas un ? On a longtemps pensé que cette capacité dérivait du langage parlé car l'enfant apprend l'orthographe à l'école sur la base du langage oral qu'il maîtrise déjà. Par exemple, B et A font le son /BA/, D et A font /DA/.... Nos connaissances orthographiques seraient ainsi intimement liées à la parole (La parole, c'est du langage incarné. Autrement dit c'est l'acte d'un sujet. Si le langage renvoie à la notion de code, la parole renvoie à celle de corps. La parole est singulière et opère un acte de langage qui s'adresse à un interlocuteur.).

Cependant, une équipe de chercheurs du laboratoire de psychologie cognitive à Marseille vient de remettre en question cette interprétation grâce à une étude menée chez des babouins. Leur expérience a consisté à présenter sur un écran tactile (Un écran tactile est un périphérique informatique qui rassemble les fonctionnalités d'affichage d'un écran (moniteur) et celle d'un dispositif de pointage, comme la souris ou un trackball.) des mots de quatre lettres (un mot à la fois) à des singes. Ces derniers devaient appuyer sur une forme ovale (Dans le sens étymologique, un ovale est une forme d'œuf. En mathématiques, et plus particulièrement en géométrie, le terme « ovale » désigne une courbe plane fermée qui a deux axes...) si le mot était correctement orthographié ou sur une croix dans le cas contraire. Ils recevaient une récompense - un grain (En météorologie maritime: Un grain est un vent violent et de peu de durée qui s'élève soudainement et qui est généralement accompagné de...) de céréale - après chaque bonne réponse. En quelques jours (Le jour ou la journée est l'intervalle qui sépare le lever du coucher du Soleil ; c'est la période entre deux nuits, pendant laquelle les rayons du Soleil éclairent le ciel. Son...) seulement (et quelques milliers d'essais), les babouins ont appris à distinguer des mots anglais (BANK) de "pseudo-mots" (JANK) pourtant très similaires. Mieux encore, après avoir mémorisé l'orthographe de plusieurs dizaines de mots, les babouins se sont mis à répondre correctement dès la première présentation de mots qu'ils n'avaient jamais vus auparavant. Ils n'ont donc pas appris par cœur la forme globale des mots, bien qu'ils en aient certainement la capacité. Selon les chercheurs, les singes sont capables de détecter et mémoriser des régularités dans l'organisation (Une organisation est) des mots: ils apprennent les combinaisons de lettres qui apparaissent fréquemment dans les mots anglais et détectent les anomalies, c'est-à-dire les lettres qui ne sont pas à la bonne place.

Rapportés à notre espèce, ces résultats suggèrent que la lecture se base - au moins en partie – sur notre capacité à percevoir et mémoriser les régularités entre les éléments (les lettres) qui composent un objet (De manière générale, le mot objet (du latin objectum, 1361) désigne une entité définie dans un espace à trois dimensions, qui a une fonction précise, et qui peut être désigné par une étiquette verbale. Il est défini par...) (le mot écrit). Cette capacité, qui n'est ni spécifiquement humaine, ni spécifiquement linguistique, préexiste très certainement à l'avènement du langage parlé dans la lignée humaine.

= Voir la vidéo (La vidéo regroupe l'ensemble des techniques, technologie, permettant l'enregistrement ainsi que la restitution d'images animées, accompagnées ou non de son, sur un support adapté à l'électronique et non de type photochimique. Le mot vidéo vient...) - en anglais - sur ces travaux:
http://video.sciencemag.org/VideoLab/1556965049001/1


Référence:

Orthographic processing in baboons (Papio papio). Grainger, J., Dufau, S., Montant, M., Ziegler, J.C. Fagot, J., Science, 13 avril 2012

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