Le tribunal fait preuve de psychologie

Jaunay-Clan

En ce cœur d'été, le tribunal correctionnel semble occupé à vider les fonds de tiroir. En témoigne le dossier examiné hier après-midi.
Le prévenu est un homme de 55 ans à qui on reproche d'avoir faussement utilisé le titre de psychologue. Jean-Marcel N'Gawandji est pourtant bardé de diplômes : arrivé en France en 1980 avec une licence de psychologie décrochée au Gabon, il a successivement passé une maîtrise à Montpellier puis un diplôme d'études approfondies (DEA) à Poitiers.

En 1997, il ouvre un cabinet à Jaunay-Clan sans que personne ne s'en offusque. Ce n'est que treize ans plus tard, alors qu'il doit s'expliquer une simple erreur de paiement dans une station-service, qu'on s'aperçoit que le psychologue n'a théoriquement pas le droit à ce titre : il lui faudrait disposer d'un DESS ou, à défaut, justifier de stages professionnels.

La machine administrative en marche

Or si le psychologue de Jaunay-Clan exerce depuis treize ans sans le moindre problème, il n'a jamais fait le moindre stage, c'est incontestable.
Qui plus est Jean-Michel N'Gawandji ne s'est pas immatriculé auprès de l'organisme ad hoc. Il s'empresse de rectifier cet oubli en janvier 2010 et l'Agence régionale de santé (ARS) qui l'enregistre n'y trouve rien à redire. Mais le parquet, de son côté, poursuit ses investigations pour usurpation de titre.
En décembre, l'ARS fait savoir qu'elle s'est trompée et que, décidément, non, M. N'Gawandji n'a pas le droit à l'appellation de psychologue, qui lui est retirée sur le champ. Dans les semaines qui suivent, le tribunal administratif suspend, puis annule cette décision, prise trop tard. Le psychologue a donc à nouveau le droit de se proclamer tel !
La justice judiciaire, elle, poursuit son bonhomme de chemin. Et Jean-Michel N'Gawandji se retrouve devant le tribunal correctionnel, ce qui n'a rien d'agréable, faute d'avoir accepté de reconnaître sa culpabilité. Me Marianne Penot, n'a aucune peine à démontrer la parfaite bonne foi de son client dont elle obtient la relaxe, le tribunal estimant que le prévenu n'a jamais usurpé le moindre diplôme. En attendant, le praticien a perdu une bonne partie de sa clientèle, qu'il s'efforce aujourd'hui de reconstituer.

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