Le Dow Jones n’aime pas les chiffres ronds

Entre les plus hauts du 26 janvier dernier et la clôture du 28 février dernier au seuil des 13.000 points, 22 jours de bourse se sont écoulés, ce qui correspond à un peu plus d’un mois du calendrier grégorien. Dans ce laps de temps, le Dow Jones, l’indice phare des valeurs industrielles américaines, n’a progressé que de 1,2%. Un manque de conviction qui tranche avec l’euphorie des dernières semaines. En effet, 22 jours plus tôt, le 22 décembre, le Dow Jones cotait 12.170 points ce qui représente une progression de 5,5%. Et si l’on remonte encore 22 jours de bourse plus tôt, ce qui nous ramène au 21 novembre, les cours se situaient à 11.547 points à la clôture (+5,4% sur la période). Plus étonnant encore la séance de mardi dernier: en une seule journée le Dow Jones a fondu de 1,57% et perdu ainsi le bénéfice d’un mois de bourse.

Bien sûr il y a une a explication rationnelle à la baisse de ce mardi. Cette fois encore c’est la Grèce qui est à l’origine de la défiance des marchés. Le plan d’aide à la Grèce nécessite une corum, c’est-à-dire une participation minimum de créanciers privés de 75% avant la date limite de jeudi. Or, le ministre grec des Finances, Evangelos Venizelos, a indiqué que le taux de participation du secteur privé à la restructuration de la dette était pour l’instant faible.

Une frilosité aux abords des 13.000 points

Mais il y a peut-être une autre explication au fait que le Dow Jones soit sorti aussi brutalement de sa somnolence, beaucoup plus psychologique celle-ci. Le Dow Jones se montrerait historiquement plus frileux aux abords de seuils psychologiques importants. C’est le cas pour le seuil psychologique des 13.000 points. Mais ce serait également le cas pour les chiffres ronds, à deux ou trois zéros. C’est la thèse avancée par les chercheurs Glen Donaldson, (Université de la Colombie-Britannique à Vancouver) et Harold Kim (Princeton) qui ont planché sur le sujet dans une étude de 1993. L’étude appelée «Price Barriers in the Dow Jones Industrial Average», littéralement «les obstacles de prix dans le Dow Jones Industrial Average» a été publiée dans le très académique Journal of Financial and Quantitative Analysis. A première vue l’explication peut paraître farfelue, mais à y regarder de plus près, et quand on sait la place qu’a pris la psychologie dans des marchés devenus de plus en plus irrationnels, elle mérite que l’on s’y attarde.

Sur la base de l’observation de plusieurs années, les chercheurs ont constaté que chaque fois que le Dow Jones arrivait au voisinage de chiffres ronds, à deux ou trois zéros, son rythme de progression ralentissait, dans la mesure où les chiffres ronds représentent de véritables barrières psychologiques. Selon eux, cela prend plus de temps au Dow Jones de bouger aux abords de multiples de 100 ou de mille qu’en temps normal. A l’inverse, dès qu’il s’en éloigne, il reprend un rythme de progression plus important, voire supérieur à la moyenne.

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