«La vie d’une autre», premier test derrière la caméra pour Sylvie …

Marie (Juliette Binoche), cette Belle au bois dormant qui ne s’est pas vue vieillir, se retrouve mariée à l’homme qu’elle aime, Paul (Mathieu Kassovitz), mais en instance de divorce.
Les deux acteurs font preuve d’une alchimie convaincante: La lumineuse Binoche, «quand elle rit, on voit l’adolescente en elle», face à «un mec fort mais +bad boy+, qui a la liberté totale d’un môme», décrit la réalisatrice dans un café à côté de chez elle.
«La première scène où on les voit tous les deux arrive tard, c’est aussi pour ça que ça fonctionne aussi fort», dit Sylvie Testud, son regard frais encadré par des cheveux en bataille et pas une once de maquillage.
«Et surtout, ils sont la représentation, elle de la féminité, et lui de la masculinité, comme on les rêve!», ajoute-t-elle avec enthousiasme.
Marie «est ambiguë». «Avec son côté femme fatale, on sent qu’elle peut être bousculée pas ses émotions, qu’elle peut chavirer dans un état amoureux démentiel, comme quand on tombe amoureux pour la première fois». Et Paul, avec sa dégaine adolescente et son sourire désarmant, «on sent qu’il peut tout envoyer bouler, rien n’est prévisible chez lui».
Du coup, «cette rencontre est super romantique, mais pas que dans un côté +sweet+, on sent qu’il peut y avoir de la violence, de l’humour, c’est physique».
Au lieu d’un bilan en fin de vie, Marie a l’opportunité d’un arrêt sur image à 41 ans et de rectifier le tir avant qu’il ne soit trop tard. Un «rêve collectif», selon la cinéaste. «Qui ne s’est pas demandé ce que la personne de 19 ans qu’ils étaient penserait d’eux aujourd’hui?»
Son constat n’est d’ailleurs pas joyeux: Mère absente et tueuse en affaires, Marie découvre ce qu’elle est devenue à travers le regard désapprobateur ou craintif des autres. Et elle n’a que quelques jours pour sauver son couple.
C’est vraiment possible de se fourvoyer à ce point? «Grave! J’en vois tous les jours des gens comme ça, des adultes dont il est impossible d’imaginer comment ils étaient enfants. Comme s’ils étaient nés vieux. Des gens qui sont dans la décision, sûrs d’eux-mêmes, asséchés de ce qu’ils sont profondément», répond la réalisatrice qui a signé aussi le scénario adapté d’un roman.
Elle avoue avoir eu une «peur terrible» au début du tournage, qui l’a «vite quittée». Passer derrière la caméra, c’est finalement «encore un autre support pour raconter des histoires».
Difficile pour une comédienne de diriger des acteurs? «J’ai eu de la chance, ils sont super bons donc je leur ai laissé le champ libre», dit Sylvie Testud. «Il faut être droit, pour réorienter une scène par exemple quand elle n’est pas juste en termes de narration, mais pas besoin de prendre de détours ou de faire de la psychologie alambiquée», dit-elle.
D’ailleurs, «c’est un peu comme une histoire d’amour, quand les choses sont trop dites, trop expliquées, ça perd de sa magie, de sa sensualité, de son mystère, ça enlève le côté sexy des choses».
Kassovitz, stressé par les scènes d’amour, lui a demandé plusieurs fois des consignes avant de se jeter sur Binoche, «comme s’il avait peur de lui manquer de respect», se souvient-elle avec tendresse. 

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