La nouvelle psychologie de la politique étrangère turque

 

Il est aujourd'hui important de tenir compte des facteurs psychologiques en matière de politique étrangère turque. Plus encore que les facteurs externes, les tendances personnelles et l'imagination sont désormais les dénominateurs clés des processus de décision en politique étrangère turque. Des facteurs comme les capacités ou les limites de la Turquie ne semblent plus avoir leur place.

La Turquie, nouvelle puissance mondiale

Pour commencer, les acteurs clés pensent que la Turquie est une puissance mondiale. Les élites gouvernementales pensent que ce sont elles qui ont fait de la Turquie une puissance mondiale. Il n'est plus rare aujourd'hui d'entendre un conseiller du Premier ministre lancer un avertissement aux Etats-Unis ou à la Russie. Pour eux, le temps des grandes puissances est passé et aujourd'hui, la Turquie émerge en tant que nouvelle puissance mondiale.

En conséquence, la Turquie est la principale crainte des puissances occidentales. Deuxièmement, les acteurs qui adhèrent à cette nouvelle psychologie ont un point de vue totalement différent sur la politique régionale. Pour eux, par exemple, la situation du monde arabe résulte des succès de la Turquie. Et le spectacle actuel et terrible de la Libye, de l'Egypte ou de la Syrie ne les interroge pas. Pour eux, il ne s'agit pas d'un échec mais de la naissance historique de l'unité islamique ou du leadership turc.

Une vision anti-occidentale

Cette nouvelle psychologie est clairement anti-occidentale. Je n'ai pas l'intention de raviver le sempiternel débat sur le changement de la politique étrangère turque, la Turquie est toujours membre de l'OTAN et fait donc partie du bloc occidental. Néanmoins, les acteurs qui adhèrent à cette nouvelle politique étrangère n'apprécient apparemment pas l'Occident.

Ils pensent même que les puissances occidentales cherchent à affaiblir la Turquie. Je suis sûr qu'il y a encore des diplomates au ministère des Affaires étrangères qui «prêchent» pour l'engagement de la Turquie dans le processus d'occidentalisation. Mais je ne pense pas qu'il y ait d'acteurs politiques influents qui défendent encore cette position.

L'imagination...  et les facteurs externes

Il est évident que, à côté du ministère des Affaires étrangères, plusieurs autres institutions de sécurité ont leur mot à dire dans la politique étrangère turque concernant certains cas comme la Syrie. A mon humble avis, les acteurs politiques devraient trouver un équilibre entre leur imagination et les facteurs externes. Nos imaginations sont utiles, mais elles sont souvent dangereuses car elles peuvent nous induire en erreur.

Les acteurs externes sont très importants car ce sont les seuls à pouvoir rationaliser et équilibrer les failles des décideurs politiques internes. Il y a une règle simple en politique étrangère : si vos projets échouent, soit vous avez mal établi votre calcul, soit vous avez mal calculé votre pouvoir. L'univers comme calculable et prévisible, si vous n'avez pas saisi cela, vous n'avez pas compris les dynamiques et les règles de l'environnement.

g.bacik@todayszaman.com
 

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