La jalousie

La jalousie est un film en noir et blanc dont l’affiche et le titre ressemblent à la couverture d’un numéro hors-série de Psychologie Magazine et dont le réalisateur est le père de l’acteur qui énerve tous les gens qui trouvent que sourire, c’est «swag».

Ca fait assez sur le papier pour être à priori détesté.

 

A la sortie du film, j’ai erré avec quelques critiques ciné : mon ami du Canard a trouvé que la jalousie était un «Garrel mineur» mais ce qu’il avait de «cool», c’est que pour une fois, le réalisateur n’y exhibait pas de superbes appartements ni des bourgeois mais des taudis et des gens de basse extraction.

Quant au mec de chez Libé, qui était très apprêté, il a été fasciné par la jalousie.

Je n’ose vous parler du sourire béat du mec des Cahiers du Cinéma.

 

Quant à moi, que ce soit dans la vie ou au cinéma, la jalousie m’a un peu déçue.

 

Le titre est vendeur pour une fille qui, à dis-sept ans, interdisait à son amoureux d’aller au cinéma, de regarder la télévision ou de marcher dans la rue sans oeillère par peur qu’il y trouve une fille aussi jolie qu’elle.

Quant à Louis Garrel, il est mon idole, le meilleur acteur toutes rives confondues et le plus beau. Je sais que ça vous déplaît, mais c’est un fait.

 

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Donc oui, je vous disais que dans la vie, je n’étais plus jalouse parce que c’était un sentiment certes très esthétique, très poétique mais trop romantique.

Un sentiment qui ne sert à rien à l’adulte en couple (chiante) que je suis devenue.

Je ne m’embarrasse en effet  plus d’émotion quelconque, si ce n’est en pyjama devant l’émission de Cyril Hanouna, quand mon compagnon, lui, préfèrerait que j’éteigne la télévision pour me dire qu’il m’aime comme un con.

 

 Cette jalousie que je ne ressens plus est à l’image de ce que ce film a provoqué en moi.

 

Pitch:

Un comédien super beau (Louis Garrel) quitte la mère de ses enfants sous les yeux de leur fille pour se maquer avec Claudia (Anna Mouglalis) : une comédienne ratée à la voix de fumeuse de brunes. Cette dernière est paumée, mélancolique, envieuse mais Louis l’aime d’un amour fou…

 

 

La première scène du film est belle : Philippe Garrel filme le trou d’une serrure, endroit-même qu’une petite fille lorgne pour assister, dans la nuit, à la rupture entre son papa et sa maman.

On pense dés lors que, comme dans Un enfant de toi, l’avant-dernier film de Jacques Doillon où cette superbe petite fille jouait déjà, l’histoire va nous être racontée par le prisme de cette enfant. Mais non.

C’est juste au début, juste un effet splendide de caméra. Alors, ça me va.

 

D’autant que c’est par le prisme du splendide des splendides Louis Garrel que l’histoire va s’articuler.

 

Louis aime Claudia qui le trompe, le jalouse. Elle lui offre des scènes dignes du «tu peux pas comprendre» des inconnus, pleure, rit.

Bref : Sans le savoir, elle fait absolument tout pour qu’il l’aime «définitivement».

 

      « Tu pleures jamais toi?

       Non, j’ai pas le temps. »

Louis travaille. Claudia n’y arrive plus, on ne veut plus d’elle. Alors elle embête son monde (Louis) et elle pleure.

Elle lui envie son travail, son ex-femme et pour ne pas se l’avouer, le trompe et lui fait des scènes. C’est sa façon à elle de s’occuper.

Et la raison pour laquelle, je me suis mise à travailler.

 

 

Pourquoi ce titre Psychologie Magazine?

Ca s’appelle la jalousie pour les 2 sens que revêt ce terme : ce treillis en bois ou en métal  qui permet de voir sans être vu. Claudia voudrait en effet tout savoir sur son mec en faisant «n’imp’» de son côté et bien entendu, ce sentiment d’envie.

L’ex-femme de Louis jalouse Claudia.

Claudia jalouse cette ex-femme et Louis qui réussit comme comédien.

Louis jalouse ceux qui ont eu un père puisqu’il s’en cherche un de substitution. C’est pour ça qu’il aime Claudia sans limite, pour combler son manque du père.

Les pères, dans ce film, sont les femmes même si, elles paraissent enfants au demeurant.

 

 

La fille de Louis, déjà impressionnante dans Tom Boy puis dans Un enfant de toi, a tout de l’enfant de la pub «C’est quoi cette bouteille de lait?»

Surtout lorsqu’elle demande à l’ex-femme de Louis si elle est toujours amoureuse de ce dernier.

Car dans ce film comme dans le Doillon, la plus adulte de tous, c’est elle.

 

« Je t’aime définitivement »

dit Louis à Claudia.

Alors que l’amour ne l’est pas (définitif), c’est ce que Claudia lui apprendra.

C’est depuis que je sais cela que j’ai appris à aimer vraiment. Et j’ai attendu trente-quatre ans pour cela.

 

Le sage vit autant qu’il le peut, non autant qu’il le doit.

Sénèque

Depuis que je ne projette plus, que je n’attends plus de l’autre qu’il se secoue pour moi (ça reviendrait à ces parents frustrés de n’avoir fait tel ou tel métier, qui pousseraient alors leurs enfants à les remplacer), mais juste qu’il me complète, qu’il m’aime physiquement intensément, qu’il me rassure à sa mesure (en m’appelant cinquante-quatre fois par jour Sublime des sublimes).

Tant que je me sais unique pour lui, ça me va.

Et tant que dans ses textos, il n’use jamais de smiley, tout me sied.

 

Avant je voulais être unique tout court. Et que l’autre me sauve.

Avant, c’était toujours ou jamais.

Maintenant c’est tout le temps.

Et c’est bien plus marrant.

 

 Si elle travaille, y a plus de chances qu’elle te quitte.

Cette phrase, prononcée par un copain de Louis, lorsque Claudia trouve un boulot d’archiviste par le biais d’un amant, je la connais par coeur.

Au temps de mes premières amours, j’aurais gardé l’autre enfermé pendant des jours, pensant que la société allait me le voler.

J’étais une romantique mais le destin à la Werther, j’ai jamais trouvé ça super.

Contrairement à Louis.

 

« -Elle t’aime comme elle est capable d’aimer

           -Moi, j’ai pas de limite.

          -Fais gaffe, c’est dangereux. »

Moi aussi, comme Claudia, j’aime comme j’en suis capable : pas tous les jours, encore moins tous les matins, mais souvent. Et le même. Et avec entrain.

Ta ta tin.

 

Analyse Moi-Je : 

Contrairement à mon ami du canard enchaîné, je ne trouve pas qu’il s’agisse d’un « Garrel mineur » vue la nullité de son avant-dernier film : Un été brûlant  mais je ne trouve pas non plus, à l’instar du mec bien habillé de chez Libé que ce film soit des plus habités.

 

La musique récurrente de Jean-Louis Aubert (quelle idée aussi!) affadit le film quand ce dernier pourrait nous toucher, nous violenter même.

 

On dirait que tous les procédés sont mis en place pour éviter l’émotion et moi qui d’ordinaire chiale pour rien, je suis restée sur ma faim.

 

Je ne dirai rien d’Anna Mouglalis, dont l’expression du visage est altérée par cette chirurgie ratée.

Non, je ne le diras pas parce qu’on me dirait que c’est méchant, qu’on ne m’a pas demandé mon avis, que moi aussi, je ferais bien de m’y mettre à la chirurgie.

 

En revanche, je continuerai à vous dire que Louis Garrel irradie et vous inviterai à continuer à le haïr car ça, c’est bien la jalousie.

 

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Au cinéma le 4 décembre 2013

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