La Grèce d’Achille passionne les auteurs

La semaine dernière le prix Orange de la fiction en anglais tressait des lauriers pour l'Achille de Madeline Miller. Puisant dans l'Iliade, ce professeur de latin ressuscite Achille pour mieux parler de ce Patrocle, ce quasi-inconnu. Vainqueur surprise pour plusieurs éditorialistes, The Song of Achilles relate la rencontre des deux Achéens à travers le regard de celui qui deviendra le cousin du demi-dieu au talon fatal. Prenant le parti d'une réécriture exempte de poncifs psychologiques modernes, Miller évoque le merveilleux avec le centaure Chiron lors de l'apprentissage des jeunes héros. Et lorsque le plus qu'ami d'Achille est tué par méprise, son fantôme reste encore pour conclure l'épopée troyenne.


 

 

Dans le même temps que l'annonce du prix Orange mais sans en faire mention, l'ancienne journaliste de The Economist Anne Wroe dissertait sur une autre figure de la mythologie qu'elle venait de reprendre dans un essai. Comme tant d'autres écrivains et compositeurs avant elle, son Orpheus : the song of life se penche sur le dieu poète. Celui capable de charmer les dauphins et la mort elle-même dans une préfiguration bien antérieure au romantisme.  2.500 ans d'une inspiration qui a donné au monde un des plus beaux mythes sur l'amour perdu, mais aussi de copieux mystères comme ceux des Orphites, précurseurs des religions de l'après-vie.

 

Plus anecdotique, une nouvelle adaptation de Ben Hur au théâtre témoigne des sirènes d'une antiquité aussi attirantes qu'elle le fut pour les sociétés européennes de la renaissance. Un continent perdu fantasmé qui rappelle un double héritage. Littéraire d'abord, mais aussi sa mythologie qui a donné tant de clés à la psychologie moderne. Quoi de plus normal alors de voir là les auteurs modernes écrire sur la question de la transcendance du fatum de la mort et de ce qui passe à la postérité.  Rien que pour ses dernières années, l'amant de Patrocle a été repris en 2002 où il créé un pont entre Keats et Chapman, en 2006 dans une version expurgée de métaphysique divine avec An Illiad, en  2010 deux fois avec Ransom sans compter la suite de l'Iliade avec The  book of Odyssey.

 

 

 

Prompts à être repris avec leurs éléments merveilleux ou passé par une analyse allégorique, ces avatars plurimillénaires de l'Homme se prêtent parfaitement à l'étude psychologique et à la question de nos propres limites. Quand les évènements ne nous rappellent pas au monde ancien. À quelques semaines des jeux du Baron de Coubertin, un livre ajoute encore une autre preuve de notre soif de redécouverte des Anciens. Mais dans A visitor's guide to the ancient olympics, Neil Faulkner se joue de nos préjugés fantasmés et nous montre à voir une Olympie sale, presque orgiaque dans un style pas si éloigné du Routard. Une prochaine destination ?

Sources :
Washington Post
Daily Beast
Wall Street Journal


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