La grâce de l’Histoire

La grce de lHistoire : Deuxime Livre (I)

2 mars 2012 On a pu lire le 14
janvier 2012
lannonce de la reprise de la publication en feuilleton de La grce de lHistoire. On a pu constater notre
retard, mme par rapport nos promesses les plus proches et les plus fermes ( Dici la fin du mois, le 31 janvier, nous passerons
lacte avec le premier texte de ce Second Livre
). Cela na rien pour nous surprendre, nous-mmes, dedefensa.org, et
moi-mme, le premier fautif, encore moins. Dans cette priode de grande urgence des vnements quotidiens, qui ncessite une attention
constante pour eux et dvore le temps et mon temps, les retards pour ce projet se sont accumuls ; et pendant ce temps, comme sil en
disposait, du temps, le projet lui-mme prenait de lampleur et ses aises

Le texte du 14 janvier 2012
tentait dexpliquer les difficults du dveloppement et de laccouchement de cette Dernire (Sixime) Partie devenue Deuxime Livre de
louvrage Je le rpte, la naissance de la chose ma surpris.

Lenfant est devenu un monstre, disais-je Cest--dire quil est n adulte, considrable, immensment ambitieux, sorte de Pantagruel
qui lon na plus rien apprendre ds quil parat mais qui, au contraire, prtend vous prendre la main et vous emporter sur des chemins
connus de lui seul, l o vous nauriez jamais imagin aller

Je crois que, prvenu de cette terrible et peut-tre sublime surprise qui a pris une anne maturer, jai voulu, hors de toute volont et
de la moindre conscience de la chose, prendre le plus de prcautions possibles pour que ne se reproduise plus le hiatus dune anne entre
fin 2010 et dbut 2012. Jai voulu massurer de la prparation dau moins trois livraisons de ce Deuxime Livre prtes tre servies, avec
la quatrime en cours de relecture. Voil pour lexplication rationnelle et peut-tre devrais-je en rester l Mais non, on comprend bien
quil faut aller au-del.

On voit bien que cette explication rationnelle comprend des rfrences des domaines chappant la raison, ce qui lenferme elle-mme
dans une contradiction qui trace ses limites. Je me demande moi-mme, et se poser la question, nest-ce pas, si dans ce hors de
toute volont et de la moindre conscience de la chose il ny a pas aussi une dimension danxit et dinterrogation de
lauteur sur lui-mme, sur ce quon nomme son uvre. Dans ce cas, il sagirait dun curieux mlange ou dun mlange bien
contradictoire ; anxit de ne pas arriver au terme malgr tout, anxit devant ce que serait ce terme ; anxit devant la
possibilit que le monstre ne savre tre trop monstrueux, ou bien ne savre tre quun avorton, ou bien quil me dpasse Il y a de
tout dans cette anxit, limage de mon sentiment devant cette poque que nous vivons, devant les penses quelle suscite, devant les
craintes terribles quelle fait natre. Bref, cela sappelle une crise, et cela vaut pour ltre seul comme pour le monde ; esprons
quelle soit haute, cette crise. Quoi quil en soit, il faut sy mettre parce que ladulte devenu monstre, autre constat qui rend la
seule observation rationnelle un peu courte, le rclame dsormais hauts cris, et parce qu cela on ne rsiste pas.

Quoi quil en soit, il faut sy mettre, avec un gros mois de retard par rapport la promesse qui venait dj, elle-mme, aprs tant de
retard. Parfois, cest vrai, lon se sent comme cras par lHistoire, dont la grce finit par prendre des allures dun prsent plein
dembches et de traquenard. (Prsent, cest--dire autant un cadeau quun temps situ entre pass et avenir.) Que le lecteur me fasse
la grce de me pardonner.

Il faut sy mettre

Rsums des Parties venir

Comment rsumer ce Deuxime Livre tel quil sest impos de lui-mme ? Disons que le Premier Livre reprsente le parcours du
phnomne qui est le sujet mtahistorique clatant de La grce : le phnomne du dchanement de la Matire (1776-1825),
puis son dveloppement et son adaptation jusqu notre poque, son adaptation et sa formation en Systme, avec la description des composants
de la priode (deux Parties sur lhistoire revue de la priode ou comment le Systme sest form et sest impos, puis la description des
deux composants historiquement transversaux du Systme, les systmes de la communication et du technologisme). Le Premier Livre reprsente
le premier cercle de notre enfer.

Dans ce cas, cest--dire selon cette mthodologie de rangement, le Deuxime Livre serait le deuxime cercle de notre
enfer
, la fois plus ample historiquement, plus large, senroulant autour de la situation engendre pour mieux lexpliciter et
aller au plus profond de sa signification ; la fois plus large et plus profond... Les deux Livres, Premier Livre et Deuxime Livre,
pourraient tre renomms Premier Cercle et Deuxime Cercle. (Pourquoi ne le seraient-ils pas ? La rgle de notre jeu est que le livre
mis en ligne selon le rythme et la forme du feuilleton peut et doit tre relu, revu, corrig, modifi avant de devenir vraiment livre. Sur
ce point de la dnomination en Premier Cercle et Deuxime Cercle, on verra)

Ainsi est-on amen successivement aller chercher lorigine du phnomne, que ce soit le dchanement de la Matire ou/et la modernit,
dans lhistoire qui prcda, avec la prparation, la maturation du phnomne ; cela, de la Renaissance au Sicle des Lumires jusquaux
approches de la Rvolution. Puis, il sagit dexplorer le rsultat total, intgr, du phnomne, du point de vue de la
Matire et de la modernit, ou comment furent tentes linstallation et lexploitation de ce que je nomme dans ce cas la deuxime
civilisation occidentale ; ensuite, le rsultat total, intgr, du phnomne, cette fois considr du point de vue
de la rsistance contre lui, et cette fois le phnomne identifi pour ce quil est, comme la contre-civilisation prcisment. (Dj, dans
ce second nonc de ce quil est en vrit, la contre-civilisation, il y a la substance de la rsistance contre lui.) Puis, je me saisis
dun point fondamental, le langage, pour en tudier sa mtaphysique, sa contribution la deuxime civilisation occidentale et,
linverse, la rsistance contre cette contre-civilisation ; le langage, cet outil mtaphysique qui est au commencement et la fin
de tout, qui a sa place dans les perceptions les plus hautes et qui est nimb de l'intuition haute quand il parvient son essence mme...
Enfin, une dernire Partie consacre la seule chose qui importe dans notre temps de Chute et de crise haute, qui est le Mal, et
lobservation mtaphysique quon en peut faire. La partie la plus complexe, certes, la plus dlicate, encore en cours de construction et
dlaboration dans sa structure, et la Partie sur laquelle mon jugement a le plus volu Voil le survol du monstre.

...Et voici, pour finir et selon un rangement plus ordonn, ci-dessous, le schma rapidement trac de ces diffrentes parties quon trouve
dans ce Deuxime Livre, avec ventuellement des extraits pour en suggrer lesprit Ce Deuxime Livre, ou Deuxime Cercle, portant comme
titre Contre-Civilisation et rsistance.

Premire Partie

La Premire Partie de
ce Deuxime Livre et Premire Partie de Contre-Civilisation et rsistance : Mthodologie et tat de lesprit. Il
sagit dune partie de prsentation de ce Deuxime Livre, avec reprise et rsum de la thse principale, dans lintention de lorienter et
de la prsenter vers les nouvelles voies qui seront suivies. On trouve aujourdhui 2 mars 2012 cette
Partie mise en ligne. Laccs de la version en ligne est libre, limage de laccs lintroduction de louvrage, qui
est incluse dans le Premier Livre. La version en pdf est daccs rserv aux souscripteurs de louvrage.

Deuxime
Partie

La Deuxime Partie du Deuxime Livre porte le titre de Mise en perspective du dsastre : la Renaissance.
Effectivement, il sagit de remonter jusqu la Renaissance pour rechercher les racines du mal, cest--dire de la modernit. Comme
lindique lextrait ci-dessous, il sagit de la recherche de notre Barbare fondamental, celui qui porte tous les ingrdients de notre
contre-civilisation jusqu notre crise terminale, qui en est linstigateur et linspirateur, qui est sans doute le relais humain de
linspiration gnrale de lentreprise qui, elle, dpasse notablement les seules affaires humaines.

Nous parlons donc de la Renaissance comme matrice de cette nouvelle civilisation, la Renaissance avec sa dynamique libratrice, la
puissance de ses ides lumineuses. Le constat nen reste pas moins quil y a foule dans cette base arrire et que lon y fait des
rencontres ; je devine, sans trop mattarder aux charmes incertains du doute, quon y croise videmment, sinon principalement, notre propre
Barbare Lorsquune civilisation seffondre, il faut des barbares pour donner limpulsion dcisive lvnement, et pour danser la
Carmagnole autour du brasier grondant. Je cherche les barbares qui firent seffondrer la civilisation qui prcda la deuxime civilisation
occidentale, la ntre, les barbares qui dansent autour de nos restes, autour de cette puanteur sans quivalent en prtendant quelle sent
la rose. Il ne nous surprendrait pas que nous ayons quelques surprises ; aussitt dit, aussitt fait ; la plus intressante savre sans
aucun doute la surprise, ou plutt demi surprise, de trouver, la place des barbares habituels des civilisations effondres, notre
Barbare, le
Barbare fondamental.

Troisime Partie

Troisime Partie du Deuxime Livre, ou
Fatigue psychologique et persiflage des Lumires. Cest surtout autour dun mot que sorganise cette Partie, le persiflage,
dont nous avons dj beaucoup parl. Le
persiflage, cest--dire laction du courant dstructurant et dissolvant que nous suivons dans son attaque contre la psychologie
collective, au cur de la psychologie collective, qui prpare la Rvolution franaise et le dchanement de la Matire
Extrait :

Tout cela nest pas rappel, ce point du rcit, par anticipation dailleurs, dune faon gratuite, pour le seul ornement. Jentends
par l signaler que lpuisement de la psychologie quon envisage pour le XVIIIme sicle, qui vient de loin, va tout aussi loin, ne
sarrte pas, ne fait que samplifier, saggraver, peser de tout son poids. Entretemps, il y eut cette terrible explosion de la fin du
XVIIIme sicle, ce soudain basculement dans la seconde civilisation occidentale, et alors je mesure combien cet puisement de la
psychologie, qui prpare cette rupture, qui laccompagne, qui en subit les contrecoups et sen aggrave encore, combien cet puisement est
aussi la marque de la maldiction qui pse sur nous et la reddition de la psychologie. Dans ce cadre de cette vision qui slargit, et alors
que je reviens ce mot de persiflage par quoi jai commenc ce passage, qui exerce sur moi, par son destin, par ses mystres, par la
sonorit mme du mot qui ressemble effectivement un sifflement, une fascination que je ne peux dissimuler comme lorsquon rencontre
lintersection de choses trs diffrentes une vrit soudain aveuglante mais clairante du destin du monde que vous entrevoyiez, en
vrit, jen viens considrer persiflage comme le mot qui dsigne, presque avec les deux f quil mriterait alors (persifflage ?),
le sifflement dune sorte de serpent gigantesque qui recouvre le sicle, senroule autour de lui, le malaxe et le transforme son image,
et lui inocule le poison mortel qui va aboutir lexplosion de la fin du sicle, inaugurant la deuxime civilisation trs vite dfinie
plus prcisment comme la contre-civilisation. Le serpent qui persiflait, qui tend son ombre sur le sicle des salons et des
philosophes, et nous prpare la guillotine permanente.

Quatrime Partie

La Quatrime Partie du Deuxime Livre,
intitule La Deuxime civilisation occidentale, dcrit les tentatives de cette nouvelle civilisation, de ce simulacre de
civilisation, dtablir un fondement mtaphysique tablissant lui-mme sa lgitimit au regard de la mtahistoire. Ce serait aussi bien la
recherche dune mtaphysique de la Matire que la recherche de ltablissement de la mtaphysique par lIdologie, et par lidologie
essentiellement ne de la communication.

Lide dj esquisse, que je voudrais poursuivre et dvelopper, devient plus tranche, et, ncessairement, plus radicale. Ds
lorigine du bouleversement quelle impose lHistoire en imposant ce qui a t nomm rupture du monde, cest--dire lenvol de la
deuxime civilisation occidentale ou contre-civilisation, la Matire dcouvre aussitt, en ralisant quil lui faut des Ides pour
donner un habillage dcent tout cela, quil lui faut en ralit, et mme en vrit, une mtaphysique, pour tenter de faire de cet
habillage plus quune obligation de circonstance et de mode, mais une parure, une majest, une lvation par lapparence jusquaux nues les
plus incontestables dune spiritualit nouvelle. Cest cela, il faut une mtaphysique ce mouvement inou de la Matire dchane, pour que
plus personne nose saventurer faire lhypothse quil y a l-dedans autre chose que la hauteur la plus sublime de la pense Bon prince,
nous laissons ouvert le dbat pour savoir sil ne sagirait pas, dans cette hauteur la plus sublime de la pense dont se rclame la
Matire dchane, de Dieu tout simplement, cest--dire de la place de Dieu, toujours bonne prendre ; et nous serions conduits
remarquer, non sans quelque humeur badine proche de lironie, que matire ou pas matire, idal de puissance ou pas, persistent,
impossibles repousser, le besoin de llan de la transcendance et le got de llvation de la mtaphysique, qui vous pousseraient
jusqu la contrefaon, qui pousserait un diable jusqu la sanctification
[]

On trouve, dans notre qute, le constat permanent du besoin et de la volont du systme de la Matire dchane de monter une
mtaphysique, comme lon monte une pice ou un trteau, qui suggre une rfrence incontestable de sa lgitimit. Bien entendu, cette
recherche sera constamment couronne dun succs de communication clatant et temporaire au sein des armes du systme, et ce succs
constamment dmontr aussitt comme faussaire, trompeur, comme celui dune mtaphysique de carton-pte, subvertie et simule, de simple et
grossire apparence sans nulle substance qui puisse faire croire au vrai, sans parler dune essence qui est dun domaine entirement saccag
par le triomphe de la Matire.

Jamais autant que dans ces temps troubls que sont les ntres, et pour les meilleures raisons du monde, ne se manifeste cette course
effrne du systme de la Matire dchane pour lier son immanence proclame une transcendance fabrique, cette mtaphysique qui lui
donnerait du lgitime ; jamais autant, certes, que dans ces temps troubls, parce que jamais depuis son apparition comme notre rfrence
irrsistible, la lgitimit du Systme ne sest trouve aussi fortement conteste ; jamais autant que dans nos temps troubls ne se
manifeste ce besoin de transcendance du Systme, parce que jamais sa surpuissance na t si grande au travers de la Matire dchane et
son impuissance si vidente par limpossibilit datteindre par nature et sans rien fabriquer cet gard, cette mtaphysique qui simpose
aux esprits comme une sauvegarde. Ainsi en est-il, en dsespoir de cause, du simulacre de mtaphysiques diverses.

La mtaphysique-simulacre, ne de la Matire dchane la recherche dune lgitimit qui assurerait son empire sur lunivers, sest
empare de thmes inattendus, transposant dans lther de lunivers en dehors des contingences terrestres des vnements effectivement
terrestres. Nul autre moyen ntait possible puisque le Systme, dans sa sagesse la fois force et forcene, avait pos comme dcret que
lexplication du monde lui revenait exclusivement, ainsi que le terreau des origines ramen sa propre apparition et, pour notre avenir, le
plan ordonn dun dessein transform en destin du monde. Le travail de conceptualisation de notre contre-civilisation, pour faire natre
des croyances de ce temps qui saccordassent effectivement aux vnements de ce temps et aux inclinations du systme de la Matire dchane
mais qui, en mme temps, rglassent enfin le sort de tous les temps, a t considrable. Nous vivons par consquent dans des temps tranges,
caractriss par une sorte de mtaphysique matrialiste, ou bien, selon la suggestion de certains esprits qui ne ddaignent pas dhabiller
les sciences dune parure mystique, dans des temps caractriss par une mtaphysique quantique.

Cinquime
Partie

La Cinquime Partie du Deuxime Livre est intitul Rompre la contre-civilisation, et elle pourrait sintituler
Rsistance. Certes, il sagit de rsister cette deuxime civilisation qui se dcouvre, linstant mme o vous
lembrassez dans toute sa globalit malfique, comme la contre-civilisation. Cette fois, effectivement, lexpression
(contre-civilisation) est choisie et elle est dfinitivement lgitime, la place de deuxime civilisation occidentale qui laisserait
croire quil y a quelque chose dune civilisation, tout de mme, dans cette priode ; dans lesprit de la chose, cest exactement le
contraire

Si nous prtendons dominer le paysage ainsi dcrit ou, du moins, en rassembler une vue densemble, se pourrait-il que lexpression dont
nous lavons baptis se rvlt errone et peut-tre trompeuse, jusqu dire que ce ne fut rien dautre quune mesure temporaire que de len
affubler ? Je nhsite pas une seconde pour envisager de rpondre positivement, en observant que notre deuxime civilisation occidentale,
si la chose va encore pour la chronologie, gagnerait considrablement tre baptise contre-civilisation, dans le but dcarter lide
que la nouvelle poque puisse avoir quelque communaut que ce soit avec le projet dune civilisation
[]

Les gardiens du dogme, ceux qui assurent la promotion du Systme et de la raison qui accompagne son dveloppement, sont totalement
convaincus de la justesse du modle et de la raison qui y prside. Avec eux, aucun compromis nest possible et, sils sont incontestablement
des tres humains, on peut considrer quils reprsentent galement lesquisse du cas o la psychologie humaine envisage de se conformer
une influence mcanique comme si elle avait rencontr la situation dinfluence suprieure qui ouvre la voie dcisive lavenir, au
Progrs justement, de lespce humaine en tant quinstigatrice de la civilisation. Ces cratures constituent des cas intressants, o
linvestissement du mal par les faiblesses de la psychologie rend ces faiblesses, pour linstant considr effectivement pour le temps trs
court dun instant, encore plus condamnables que le mal lui-mme ; mais il ne sagit que dun instant, et lon nignore pas o se trouve la
vritable source de tous les maux. Face cette volution catastrophique qui nexige aucune explication particulire pour la prendre comme
tel, ne serait-ce quen ressentant sa pression nihiliste et prdatrice, la rsistance implique laffrontement. Cela sera fait, sans pourtant
danimosit particulire contre ces pauvres psychologies finalement plus faibles que mauvaises, ou mauvaises un instant, par manipulation
contre elles de la source de tous les maux, donc ces psychologies l aussi plus faibles que mauvaises...

La question de cet affrontement est essentielle et invitable, puisque nous avons face nous, sur les ruines de la catastrophe en
train de se poursuivre comme un torrent puissant qui menace de tout emporter, la raison humaine trnant selon sa position spcieuse et
totalitaire, le diktat selon lequel rien dautre nest possible pour lavenir de la civilisation que ce systme en cours deffondrement, qui
conduit et entrane la civilisation son effondrement. Contre une telle draison qui confine la pathologie de la folie pure, tout
argument se perd dans la drision de lindiffrence arrogante qui est la marque principale du comportement de notre ennemi. Pour affronter
cette raison pervertie, il faut refuser absolument cette forme de raisonnement et rfuter dcisivement sa toute puissance. Loutil
ncessaire pour ce refus et cette rfutation se trouve dans une pense hors des sentiers battus, hors des normes de lennemi et de ses
auxiliaires, il faut nier absolument sa prtention dtre notre avenir. Il faut refuser de penser selon le diktat de la raison humaine
emporte dans sa perversion, qui est en train de fracasser notre civilisation, comme lon se garde le temps quil faut de humer un gaz
asphyxiant

Sixime Partie

La Sixime Partie du Deuxime Livre concerne Subversion, rsistance et mtaphysique
du langage
Cela concerne un aspect essentiel pour nous, pour moi, le langage, la langue, la puissance du mot, sa substance mme,
lessence quil dgage et impose, sa transcendance enfin ; son influence sur la psychologie, sa capacit exprimer bien plus quil ne
semble dire, la signification ontologique mme du discours lorsquil est dit dans tel ou tel style En exergue de son livre Barbarie
intrieure
, Jean-Franois Matti cite cette phrase de Nietzsche : [L]a barbarie est [], selon la
dfinition de Nietzsche, labsence de style ou le mlange chaotique de style, cest--dire cette juxtaposition et cette accumulation de
tous les styles possibles.

[C]e passage a t dplac plusieurs reprises dans la structure du rcit (cela rendu possible par son caractre trs spcifique,
presque autonome) ; pour, finalement, figurer comme une charnire entre ce qui prcde et ce qui fait la conclusion, voulue et espre comme
essentielle, du propos ; et il en est venu, ce passage, sa composition dcisive, justement comme une partie autonome, vers la fin de la
composition gnrale de louvrage ; et voil quil porte sur la forme, sur la description de la forme de lcriture, sur ce quon nomme le
style, alors que le reste, avant, aprs, etc., porte certes sur le fond de la rflexion. En ce sens et par la grce de ces divers
attributs et caractres, ce passage, l o il se trouve, avec ce quil contient, rpond une
ncessit,
bien quil porte sur la forme. Nous y sommes
[]

Il y a donc une dconstruction du langage, nullement dans sa signification mais dans lorientation structurelle de cette signification
et, partant, affectant la force mme des mots dans lorientation quils suggrent. Le langage devient plus mou, plus vague, du fait de
lespace cr par les manuvres permanentes, faussaires, trompeuses et dissimulatrice de ceux qui le manient pour leur entreprise qui
consiste essentiellement entraver la bonne marche des rgles structurantes, des hirarchies lgitimes, des vidences souveraines
originelles. Laction produite directement sous forme dun effet inconscient est compltement psychologique et nullement intellectuelle, et
leffet devient, plutt quune tentative de tromper la pense qui pourrait tre identifie et djoue, une anesthsie de la pense qui
sinsinue sans crier gare ni coup frir. Nous dcouvrons quen attaquant lordre et le rangement du style par rapport lobjet dont il
parle, la dconstruction du langage met en cause des fondements (langue, philosophie, civilisation). Luvre crite cesse dtre
orientation collective, comme la chronique, le testament, le tmoignage dune civilisation, comme son tribut rendu la Tradition
originelle, pour sengager dans lindividualisme de la modernit, impliquant la clbration de lindividu, la satisfaction de lun, la
cajolerie dun ego et ainsi de suite. A partir de l, on commence penser de lacte dcrire, et de la forme que choisit lcrivain, selon
la formule fameuse qui semble si dlicieusement dfinitive, si judicieusement artistique, si clbratrice de la grandeur de
lhomme-crivain, le style, cest lhomme ; alors que le style, cest le sujet que dcrit la chose crite, selon labord quen choisit
lesprit de celui qui se charge de la besogne, et celui qui se charge de la besogne, humble messager, rien de plus. Dsormais, lauteur
prend le pas sur luvre et, par consquence inluctable, luvre nest plus ce dont elle parle mais plutt celui qui la faite. Lcriture
ne dcrit plus le monde, la civilisation et ses liens avec lorigine, mais laventure personnelle de celui qui crit. Cette volution, on le
sait, ou bien lon devrait sen aviser, nous conduit fort loin, jusqu nos jours, sur la voie de la dconstruction ; le langage accompagne,
oriente, structure paradoxalement, dans son volution, luvre de dstructuration.

Limportant est videmment de comprendre, et dadmettre aussitt dans le jugement quon sen forme, que le langage a chapp, ds
lpoque dcrite, et notamment selon la philosophie du persiflage, la mission structurante quon lui avait assigne. La dstructuration
dont lon parle est ce qui consiste dtourner le langage de la recherche, pour le bnfice de tous, dune meilleure perception et dune
meilleure comprhension du monde et de tout ce qui le compose, selon les hirarchies naturelles des choses, selon les vertus videntes de la
Tradition, au profit de la recherche dun bnfice personnel de son emploi. Il sagit du passage du style dun caractre collectif,
solidaire, un style dun caractre individuel, qui ouvre la comptition stylistique bien propre illustrer lre postmoderniste, la
comptition du style cest lhomme. Le langage nest plus l pour assurer la structuration parce quil a bascul dans lirrsistible
penchant de lindividualisme, de lexpression du moi intrioris锅 Le style cest lhomme ? Mme plus, Le style, cest lintrieur de
lhomme, ce sont les tripes, ses connaissances internes passes par le tamis de ses djections diverses tenues pour les connaissances de
ses aventures personnelles, et ces connaissances regroupes dans un savoir de plus en plus concentres dans une sphre personnelle
constitue partir des conformismes paradoxalement collectifs ; en effet, puisque les aventures individuelles, dans ce cadre de
lindividualisme, conduisent au nihilisme entropique, tout cela retrouve un caractre collectif puisque tout le monde est le double de tout
le monde, et vice-versa

Septime Partie

En thorie, selon les prvisions courantes dont on sait quelles sont si
souvent faites pour tre dmenties le jour suivant, cette Septime Partie du Deuxime Livre, avec le titre de Repaires et repres,
marche force
, ou encore, peut-tre, la mtaphysique du Mal et rien dautre.

Nous navons pas manqu de lcrire, puis de le rappeler, de le rappeler encore, comme le leitmotiv et le moteur de notre dmarche :
nous sommes dans une poque dchane, ne du dchanement de la matire. Pour tenter de la comprendre, de lembrasser, de la saisir dans
tous ses aspects fondamentaux, dans ses composants essentiels, dans ses marques significatives, il importe, soi-mme, de se dbarrasser de
ses propres chanes. Il sagit donc de dchaner son esprit ; il sagit de nous dbarrasser de ces chanes, pour trouver laisance et
laudace ncessaires pour poursuivre notre enqute. Cette prescription est imprative, essentielle ce point, et cest pour cela quelle
est proclame ici dune faon si insistante, parce quil apparat comme une vidence que nous atteignons au cur de notre dmarche. Il est
admis comme une vidence remarquable que la crise, tant universelle et terminale, et de caractre indubitablement systmique, exerce ses
effets dans tous les domaines, sans exception possible ; elle doit aussi les exercer, comme autant de ravages pouvantables, dans nos
psychologies, puis nos esprits ; il importe absolument de les en dloger, de sortir la crise de dedans nos esprits, pour carter ses
trompeuses affirmations.

Cest lvidence, observe la raison propos de cette intention affiche de notre propre dchanement ; elle pose cette affirmation
avec le ton dune sorte de scepticisme moqueur, voire gouailleur ; dans ce cas, la raison telle quelle est dans son tat prsent, nous
rserve sa causticit, son assurance doutil superbe transform en idole, elle sourit dj de nos efforts quelle annonce vains, par avance,
et cest comme si elle riait en vrit. La raison faussaire, car cest elle en vrit, elle qui sest compromise depuis des sicles avec ce
courant subversif et corrupteur quon a dcrit, la raison faussaire oppose notre rsolution son assurance, cette certitude delle-mme,
parce quelle juge premptoirement ce dchanement de lesprit acquis et excute ; puisque, affirme-t-elle, je suis dchanement de
lesprit, clef de laudace de la pense, matresse de la libration du jugement, inspiratrice suprme de laccomplissement de tout ce quil
y a de grand en lhumain. Ainsi nous dit-elle et nous dcrit-elle pour qui sait y voir, la raison faussaire, le fondement terminal et
consolid de la tromperie gnrale dont nous avons vu toutes les tapes historiques ; son intervention nous dcrit linstitutionnalisation
du dchanement de la pense et nullement le dchanement lui-mme, et linstitutionnalisation prcdant le fait lui-mme, le rduisant
avant quil ne saccomplisse, et ainsi installant de nouvelles chanes qui sont laffirmation faussaire du dchanement.

Ainsi comprenons-nous, en laissant la raison ses communiqus de matrise du monde, que notre volont de dchanement, pour tre ce quelle
doit tre, doit concerner notre raison elle-mme, comme elle concerne notre esprit, et notre raison avant tout. Nous devons dabord dcrire
et dnoncer la tromperie sur laquelle elle a bti son empire subversif sur notre perception et notre interprtation du monde, et sur
linterdiction quelle a dicte de nous abreuver linspiration de lintuition haute. Voici la rponse ncessaire la raison : Ne
comprends-tu pas, tratresse, que nous te regardons, aujourdhui, comme une tratresse en vrit, passe avec armes et bagages lennemi,
et que tu dois tre traite en consquence ? Avant daffirmer sa position dans notre jugement du monde, la raison faussaire doit
reconnatre la subversion o elle est tombe, en juger pour ce quest cette subversion, en embrasser toute la force malfique, sen faire
quitte et se restaurer dans toute son humilit ncessaire, et ntre plus faussaire par consquent. Avant de prtendre nouveau tre ce
quelle est, la raison doit se retrouver elle-mme, elle doit se purger de son haut mal, elle doit
dtruire la corruption laquelle elle a cd.

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