La France veut abolir la prostitution, et après ?

Le 6 décembre 2011, l'Assemblée nationale a voté à l'unanimité une profession de foi pour rappeler la position abolitionniste de la France en matière de prostitution. En gros, cela signifie que les députés veulent supprimer, voire faire disparaître la prostitution. Simple voeu pieux ?

Petite remarque pour commencer : on nous dit qu'on peut faire disparaître la prostitution mais qu'en revanche la spéculation financière ouh lala c'est très difficile à réguler. Où est la volonté politique ?

Je crois que je ne me suis jamais prostituée, et c'est en cela que je me sens mal à l'aise de parler de prostitution, contrairement aux filles d'Osez le Féminisme qui ont un avis très tranché : les prostituées sont des victimes, même si elles ne s'en rendent pas compte.

J'ai lu sur le site du mouvement du Nid, une association abolitionniste, un article sur les ressors psychologiques qui mènent à la prostitution. L'auteure, Claudine Legardinier, prend beaucoup de précautions pour dire que la psychologie ne fait pas tout, mais concrètement on se retrouve avec des profils de prostituées identiques : elles auraient connu des violences, physiques ou morales dans leur enfance, elles seraient à la recherche d'une vengeance contre leur mère, etc.

Où sont les êtres pensants dans cette histoire ? Je ne critique pas la psychologie, loin de là, je lui reconnais des vertus pour calmer certaines souffrances. Mais attention à ne pas mettre les prostituées dans la case "victime incapable de comprendre le pourquoi de ses actions". Non, la prostituée volontaire se comprend et s'analyse comme n'importe quel autre être humain. ça c'est fait : écouter les prostituées volontaires au lieu de les voir comme des victimes inconscientes.

L'autre argument des abolitionnistes : combattre la traite des humains, l'esclavage sexuel. Moi aussi je suis d'accord. Absolument d'accord. Mais je ne vois pas les effets. Pénaliser les clients de prostituées ne va pas du tout résoudre ce grave problème. Ce sont les réseaux qu'il faut attaquer, pas les clients. Ou alors cela signifie que nous restons dans la dénonciation bien-pensante de ces "gros cochons" qui font appel à des prostituées, celles-ci étant de pauvres filles et les proxénètes l'équivalent des spéculateurs, difficiles à arrêter.

Car comme dans la crise financière, c'est plus facile de s'en prendre aux petits qu'aux gros. Plus facile de punir un client que de mettre en place une taxe sur les transactions financières. Quoi, je mélange tout ?

Leave a Reply