Infirmières harcelées

Une infirmière sur cinq est victime de harcèlement psychologique au travail, surtout de la part de son patron ou de ses collègues.

« On savait que le milieu infirmier était à risque, mais pas autant, avoue Sarah-Geneviève Trépanier, auteure d’une étude rendue publique dans le cadre du colloque de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS), hier. C’est très surprenant. »

Phénomène répandu

Étudiante au doctorat en psychologie à l’Université du Québec à Trois-Rivières, cette dernière a obtenu ce constat grâce à un sondage réalisé auprès de 1 179 membres de l’Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec, en 2010.

Résultat : 20,4 % des infirmières qui travaillent dans le régime public sont victimes de harcèlement psychologique sur une base régulière et prolongée.

« C’est surtout surprenant que le harcèlement provienne des collègues, ajoute-t-elle. On pouvait s’attendre à ce que les infirmières se tiennent entre elles, mais ce n’est pas tant le cas. »

Ignorance et exclusion

Cette dernière précise que le harcèlement psychologique peut se traduire de différentes façons. Notamment, l’exclusion sociale, les commentaires désobligeants, l’ignorance, des tâches ingérables ou encore inférieures aux compétences.

« C’est vaste le harcèlement, mais nous avons analysé des comportements liés au travail et répétés à long terme, explique Sarah-Geneviève Trépanier. On n’a pas non plus analysé le harcèlement de la part des patients parce que ce sont des relations de courte durée. »

Comportements banalisés

Fait surprenant : seulement 4 % des infirmières ont dit ouvertement être victimes de harcèlement.

« C’est comme s’il y avait une banalisation de ces comportements-là, comme si ça faisait partie de la culture du milieu », souligne la chercheuse.

Cette acceptation est par ailleurs problématique selon elle, puisque le harcèlement mène à la détresse psychologique.

« Elles vivent plus de détresse psychologique et sont plus portées à vouloir quitter leur emploi, indique-t-elle. Dans le contexte actuel de pénurie d’infirmières, c’est très préoccupant. Il faut faire de l’éducation et mieux appliquer les politiques sur le harcèlement. »

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