Hyperactivité : faut-il suivre le modèle français ?

Moins de 5% d’enfants hyperactifs en France contre 9% aux États-Unis. Un écart de chiffres sur lequel s’est interrogée la psychiatre et auteure américaine Marilyn Wedge dans un article publié sur le site psychologytoday.com. Pour elle, l’un des principaux éléments de réponse serait l’éducation. Et c’est le modèle français que la thérapeute érige en exemple. Selon elle, l’éducation  « à la française » permettrait en effet aux enfants d’apprendre à mieux se contrôler, « car ils grandissent dans des familles où les règles sont bien établies et où la hiérarchie est parfaitement claire ». Elle poursuit en expliquant que « si les parents français aiment autant leurs enfants que les parents américains », ils leur imposent une structure plus stricte leur permettant de se « sentir en sécurité ». Parmi les règles imposées par les parents français que la thérapeute retient, elle cite notamment que les petits Français ne sont généralement « pas autorisés à grignoter quand ils veulent (…) et doivent patienter entre les repas ».

Marilyn Wedge ajoute que, selon elle, « les parents français pensent que le mot « non » sauvent les enfants de la tyrannie de leurs propres désirs ».

Le traitement médicamenteux remis en question
Marilyn Wedge s’interroge également sur le bien-fondé de prescrire systématiquement aux enfants atteints d’hyperactivité des traitements médicamenteux, comme c’est souvent le cas aujourd’hui aux États-Unis. Encore une fois, la thérapeute évoque le modèle français, où la psychothérapie peut être parfois envisagée comme une forme de traitement à un TDHA. Elle regrette également qu’aux États-Unis, on considère systématiquement et uniquement l’hyperactivité comme un problème neurologique, sans jamais s’intéresser à de potentielles causes psychologiques.

Ce n’est pas la première fois que le recours aux psychostimulants (généralement la Ritaline) est remis en question par des professionnels de santé. Il y a quelques années en France, François Gonon, de l'Institut des neurosciences de Bordeaux, mettait déjà en doute le bien-fondé de l’utilisation de se traitement dans une étude parue en janvier 2009, relayée par le CNRS le journal. Celui-ci expliquait alors que si « Il est indiscutable qu'elle en soulage à court terme la majorité des enfants souffrant du TDAH : on observe chez eux une amélioration de l'attention », « elle améliore aussi l'attention chez les sujets sains. Ce type de stimulant est d'ailleurs connu pour augmenter les performances de travail de tout un chacun… ». Comme Marilyn Wedge, François Gonon demandait alors : « Est-il légitime de présenter ces hypothèses de déficit en neurotransmetteur comme des faits scientifiquement établis et de justifier ainsi les traitements par psychostimulants comme la ritaline au détriment d'approches non médicamenteuses ? »

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