Fantasia / The reconstruction of William Zero: Une première …

En première mondiale à Fantasia devant une salle comble et plutôt enthousiaste, le réalisateur américain Dan Bush a présenté hier The reconstruction of William Zero, un film alliant biogénétique et psychologie de manière très féconde, malgré quelques raccourcis narratifs.

À priori, c’est l’histoire d’un scientifique, de sa femme chérie et de la perte de leur enfant dans un malencontreux accident, lequel a plongé l’homme dans le désarroi.

En vérité, c’est l’histoire de William (Conal Byrne), un homme qui se dédouble par clonage pour se libérer de sa culpabilité et ainsi créer une version améliorée de lui-même – ce qui échappera au spectateur dans les premières scènes mais sera vite révélé (peut-être trop). Le film navigue entre les différentes incarnations d’un même personnage pour mieux explorer la douleur et la résilience avec lequel ce personnage doit composer: c’est un homme torturé par un passé douloureux et brisé par une culpabilité qu’il cherche à annihiler par la démultiplication de soi, en opposant deux versions antagonistes de lui-même. Science, philosophie et psychologie se rencontrent ainsi constamment dans ce long métrage et se font écho de moult manières, créant une fable identitaire puissante.

Non seulement William existe en plusieurs exemplaires mais son existence a été tissée de deuils et de ruptures, comme autant de vies antérieures ou de fantômes qui hantent son présent. Cet alliage de considérations biogénétiques et d’explorations de la psyché en fait un film intelligent et captivant, dont les couches de sens sont multiples. Il pose la question de la possibilité de réconciliation avec soi mais aussi la grande question philosophique chaque fois évoquée devant le clonage humain: jusqu’où l’homme doit-il aller dans sa quête de perfection et de dépassement?

Si les passages d’une version à l’autre du personnage paraissent parfois précipités, ou maladroitement exposés, et si certaines séquences évoquant la schizophrénie sont un peu artificielles, ce film demeure dans l’ensemble extrêmement fertile et formellement très abouti. Alternant entre une image très léchée et des plans cahoteux qui reconstruisent le parcours sinueux de la mémoire et la texture des images du passé, le film profite d’un montage très serré pour pénétrer à fond dans l’imagerie mentale du personnage, avec ce qu’elle a de chaotique et d’imprécis, mais d’authentique.

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