Toute collectivité, selon Gustave Le Bon dans son ouvrage intitulé "la psychologie des foules", partage une âme commune, une sorte de psychologie commune, née de la fusion des émotions, des idées et des sensations particulières. Elle est soumise et même menée par la "loi de l'unité mentale des foules". Ceci dit, la convergence des idées et des sensations de certains individus, ainsi que leur divergence par rapport à d'autres, engendre en quelque sorte une pensée globale, une résultante cohésive qu'on appelle la "Conscience Collective". Cette Conscience Collective, dans le cas d'une Nation, peut résulter de deux facteurs considérables : la présence d'une Pensée Nationale ou son absence totale.
En effet, fort souvent la Conscience Collective s'engage dans la voie désignée par une pensée dite Nationale, une pensée que l'ensemble des citoyens ou la grande majorité de ceux-ci, croit être la meilleure pour le bien de la Nation. Cette pensée n'est pas souvent le fruit des réflexions et analyses de tous les citoyens, mais plutôt le résultat de celles des maîtres-à-penser, des intellectuels qu'on vénère... Des Elites ! Cette Pensée Nationale peut se baser sur une idéologie, alimentée et diffusée par un petit groupe solidaire qui est fort souvent un "Parti Politique", et adoptée volontairement par la majorité. L'idéologie n'est, en fait, que l'ensemble des idées sur la structure de la société, sur les forces qui agissent au sein de celle-ci, sur les sources de conflit qui y sont présentes, sur les modalités qui permettent de résoudre ces conflits, sur les problèmes sociaux, économiques, politiques etc... Ainsi que leurs possibles solutions. De là, naît le rôle primordial des leaders d'opinion, des intellectuels qui n'est autre qu'analyser les différentes idéologies, de soutenir, par leur raisonnement et critiques, la meilleure et de la diffuser auprès du peuple. En termes clairs, leur rôle est de donner naissance à la pensée Nationale et de la diriger.

C'est tout à fait le contraire dans le cas de l'absence de la Pensée Nationale. La pensée Nationale peut mourir tout comme elle peut naître. Elle meurt facilement quand les leaders d'opinion perdent leur intégrité, quand ils sont "achetables". Elle meurt aussi quand les intellectuels se referment dans leur "Tour d'ivoire", oubliant ou écartant volontairement la lourde charge que leur confère leur rôle, s'adonnant à des vers inutiles et des proses exotiques ; fuyant leur engagement et se livrant à la comédie pour épater galeries. Elle s'éteint, terrassée par les persécutions et l'amertume de l'exil. Elle meurt s'il n'existe pas vraiment d'idéologies et que tout n'est que jeux de partisannerie et de supercheries, luttes incessantes pour des intérêts particuliers et des privilèges qui offensent la majorité. La Pensée Nationale peut facilement mourir mais avec elle ne meurt pas la Conscience Collective. La Conscience Collective persiste autant que persiste la collectivité dans le même milieu et la même ambiance. Si elle ne meurt pas avec la Pensée Nationale, que devient-elle ?

La Conscience Collective, dans le cas d'une Nation, si elle n'est pas animée par une Pensée Nationale, si elle ne frissonne d'élans de patriotisme et de nationalisme vrais, si elle n'est que la résultante d'émotions et d'idées négatives et dévalorisante, vit comme une conscience terrorisée, recroquevillée, résignée... En effet, face à des problèmes criants que personne ne semble vouloir résoudre, face à un manque de leaders qui indiquent la voie, la Conscience Collective devient fébrile, presqu'inanimée. Elle continue à survivre mais se laisse aller à la dérive. Comme elle est l'expression générale de l'émotion, des idées, des opinions, de la volonté de chaque individu au sein du collectif, elle peut être corrompue par la tendance générale. En d'autres termes, si la majorité des individus affichent un comportement de "défaitistes", la Conscience Nationale devient une Conscience Nationale défaitiste. Si tous les individus d'une collectivité semblent se liguer pour la "tuer", elle devient "suicidaire" !
(Suite dans le prochain article)