Colloque SAISIE-3, Langage et énaction

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1er Colloque International 



Langage et énaction


« Production du sens, Incarnation, Interaction »
SAISIE-3 


organisé par 

Le Laboratoire de Recherche sur le Langage (EA 999), le Laboratoire de Psychologie Sociale et Cognitive (UMR 6024), la Maison des Sciences de l’Homme de Clermont-Ferrand (USR 3550), le Laboratoire Lexiques, Dictionnaires, Informatique (UMR 7187) et l’Université Clermont Auvergne (U. Blaise Pascal) 


les
1, 2 et 3 juin 2016Université Clermont Auvergne (U. Blaise Pascal) – Clermont-Ferrand

Site Internet :

http://lrl-diffusion.univ-bpclermont.fr/colloques/2016-06-Langage-Et-Enaction/index.html


Ce colloque "Langage et énaction" poursuit sous le label SAISIE-3 la série de manifestations scientifiques initiées par le groupe de recherche SAISIE (Signifiant, Analogie, Interlocution, Sémiogénèse, Incarnation, Enaction)


SAISIE-2 http://www.univ-paris3.fr/saisie-2-submorphemie-lexicale-et-grammaticale-313985.kjsp

SAISIE-1 http://cptc.u-bourgogne.fr/images/stories/en_images/programmes/programme%20table%20ronde.pdf

Argumentaire.


Inspiré par la phénoménologie du corps de Husserl et de Merleau-Ponty, le concept d'énaction, de l’anglais to enact « produire », « mettre en scène », « faire advenir », a été introduit par les biologistes chiliens Francisco Varela et Humberto Maturana et se définit comme suit : 

« la cognition, loin d’être la représentation d’un monde prédonné, est l’avènement conjoint d’un monde et d’un esprit à partir de l’histoire des diverses actions qu’accomplit un être dans le monde » (Varela, Thompson, Rosch, L’inscription corporelle de l’esprit, 1993, p. 35).

Dans cette perspective, Maturana prête au langage un rôle et un fonctionnement indissociablement biologiques et cognitifs: le languaging participe au flux de "coordination de coordinations" où s'inscrit cette coproduction interactive d'un monde-esprit; l'expérience de la synthèse d'une conscience de la réalité et du sens se vit par et dans celle de la "parlance" incarnée, interactive et normative. Le languaging instruit, coordonne et socialise l'existence de chacun et de tous, ensemble et séparément. Il constitue l'expérience d'un mode de vie évolutif (par autopoïèse) propre à l'espèce humaine: il contribue à la dynamique autopoïétique du domaine consensuel d'interactions, recrutant et engageant des agents individuels dans la production collaborative d'un monde pensé en tant que théâtre d'(inter)action. Le languaging est envisagé dans ses dimensions incarnée et relationnelle, pragmatique et systémique, improvisée et normative, subjectivante et socialisante; son rôle dans la génération d'un Umwelt repose la question de l'intégration nature / culture et de la mutation de l'évolution en histoire.

A l'origine, ce questionnement a porté sur le rôle de l'activité dialogale dans l'émergence de l'expérience vécue par l'humain plutôt que sur sa dimension linguistique à proprement parler. Mais à l'époque actuelle, on voit également apparaître diverses tentatives de linguistes de tirer les conséquences de cette approche au cœur même de leur discipline. 

L'objet du présent colloque est donc de réaliser la mise en synergie des regards énactivistes ou énactivisants portés sur le fait langagier par les disciplines dont l'objet est le langage (sciences du langage, linguistique) et celles dont il est un objet d'intérêt particulier (philosophie, neurosciences, sciences cognitives, psychologie cognitive, sciences humaines et sociales). On vise à amorcer une synthèse collaborative en vue d'une progression paradigmatique où se précisent des orientations de recherche et où s'explicitent des pratiques terminologiques, descriptives, théoriques, modélisatrices et expérimentales. Cette démarche concerne de multiples problématiques, dont les suivantes (de manière non exclusive), diversement significatives selon les disciplines concernées.

En quoi la grammaire et typologie des langues doivent-elle être repensée en fonction de cette définition ?
Comment articuler les niveaux micro- et macro-sociaux? Comment relier la production du sens dans les interactions verbales et l'émergence de normes de pratiques et de pensée collaborative formatrice d'une socialité?
Comment repenser l’articulation langage, langue(s), parole dans la perspective du languaging et de la coordination socialisatrice en environnement social ? 
Comment le langage nous agit(e)-t-il, comment agit-on par lui et sur lui (créativité néologique et phraséologique, expérimentale ou finalisée, écriture et technologie…), et avec quelles conséquences pour son fonctionnement et ses fonctionnalités ?

Parmi les questions intéressant le colloque au premier chef, se trouvent les suivantes:




I) Questions générales. Le langage est-il contraint par la biologie de la perception du monde ou la modifie-t-il ? Comment repenser la relation langage / espèce / évolution / histoire / civilisation dans un cadre bio-écologique (langage, cognition, espace et action ; parole et navigation spatiale) ? Quelles positions implicites ou explicites adoptent déjà les théories linguistiques sur ces questions (linguistiques cognitives, psycholinguistique, théories de l’énonciation, de l’interlocution, sémantique des formes…) ?



II) Méthodologie. Comment rendre compte de l’activité de production de parole par le sujet parlant, de son engagement et sa participation à la conversation ? Et inversement, que nous arrive-t-il quand nous parlons ? Comment la parole de premier et second ordre constitue-t-elle les sujets interagissants et les communautés intégrantes en acte de coordination ? Comment rendre compte de l’auto-organisation des dialogues, des conversations et comment se construit/(rendre compte de) cet effet-retour de l’interaction dialogale sur la coordination où elle se situe ?



III) Implications théoriques. Que deviennent les objets de la linguistique repensés comme processus incarnés et interactifs et comment réécrit-on une grammaire/linguistique énactive des langues ? En quoi consistent une (sub)morphologie énactive, une (chrono)syntaxe énactive, une sémantique énactive, une prosodie énactive ? Quelles conséquences pour la pragmatique ou la linguistique textuelle ? Comment repenser les questions du changement linguistique et des contacts des langues dans un cadre énactif ? Quatre décennies après le débat Chomsky / Piaget à Royaumont (1975), comment repenser la question des universaux linguistiques ? Que deviennent la linguistique contrastive et la typologie des langues sous un éclairage énactif ?
Par ailleurs, comment le langage se co-construit-il en interaction avec son environnement, les pressions linguistiques, mais également comment le langage évolue-t-il depuis un ensemble de contraintes linguistiques universelles et dépendantes de la langue, s’adapte-t-il aux pressions psychophysiologiques telles que les contraintes perceptives et articulatoires ? Où en sont les débats, par exemple, sur la Théorie de l’Optimalité, la nature strictement acoustique et phonétique vs. phonologique universelle de la structuration syllabique et lexicale, l’innéisme vs. l’évolution de certaines connaissances linguistiques et la pression articulatoire sur la perception et la production langagière (e.g. Davidson, 2011 ; MacNeilage Davis, 2000 ; Prince Smolensky, 2004 ; Hayes Steriade, 2004).



IV) Retombées concrètes. Comment rendre compte de l’acquisition de la langue première, de l’inscription du sujet en devenir dans les coordinations interactives et intersubjectives ? Quelles conséquences pour la didactique des langues et l’interculturalité ? Faut-il révoquer ou faire évoluer une approche représentationnelle du sens linguistique ? Peut-on penser les représentations comme émergeant des coordinations incarnées ? Peut-on fonder une linguistique énactive ?

Les propositions de communications pourront être intra-, inter- ou transdisciplinaires. Les réflexions portant sur l’énaction dans son rapport au langage, et inversement, pourront être de type théorique, descriptif, empirique, méthodologique ou épistémologique, ou encore étudier, à titre exploratoire, les relations ou les compatibilités entre les théories existantes et le paradigme de l’énaction.


Bibliographie sélective :


Auchlin, A., L. Filliettaz, A., Grobet, A. et Simon, A. C. (2004). (Én)action, expérienciation du discours et prosodie. Cahiers de Linguistique française, 26, 217-249. 


Barsalou, L.W. et Wiemer-Hastings, K. (2005). Situating abstract concepts. In D. Pecher and R. Zwaan (Eds.), Grounding cognition: The role of perception and action in memory, language, and thought. New York: Cambridge University Press, 129-163.

Berthoz, A. et Andrieu, B. (dirs.) (2011). Le Corps en Acte. Centenaire de Merleau-Ponty. Nancy : Presses universitaires de Nancy.


Bottineau, D. (2010). Language and enaction. In J. Stewart, O. Gapenne, E. Di Paolo (eds), Enaction : toward a new paradigm for cognitive science. Cambridge : The MIT Press, 267-306. Online version on HAL-SHS website: https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00339894/document. 


Erard, Y. (1999). De l’énonciation à l’enaction. L’inscription corporelle de la langue. Cahiers de l’ILSL, Lausanne : Presses centrales de Lausanne, 11(2), 91-122.


Froese, T. (2012). From adaptive behavior to human cognition : a review of Enaction. Adaptive behavior. 20(3), 209-221. Online version on University of Tokyo’s website: http://sacral.c.u-tokyo.ac.jp/pdf/froese_adaptivebehavior_2012.pdf

Maturana, H. (2002). Autopoiesis, Structural Coupling and Cognition: a history of these and other notions in the biology of cognition. Cybernetics and Human Knowing. 9(3-4), 5-34.


Varela, F., E. Thompson, et E. Rosch. (1991). The embodied mind. Cognitive Science and Human Experience, Cambridge : The MIT Press. Expanded edition in 2015. (Trad. en français par V. Havelange : L’inscription corporelle de l’esprit, Paris, Seuil, 1993.)
Ziemke, T ; Zlatev, J and M. Franck, R. (2007). Cognitive Linguistics Research : Body, Language and Mind. Vol. 1 : Embodiment. New-York : Mouton de Gruyter.

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Institutions et groupes partenaires à ce jour :

 La Région Auvergne et le Conseil Général du Puy de Dôme ;
Le groupe SAISIE ;
 Le laboratoire Connaissances, Organisation et Systèmes Techniques (EA 2223) ; 
L’UPLEGESS (Union des Professeurs de Langues Étrangères des Grandes Écoles de l'Enseignement Supérieur) ;
Le Centre National de la Recherche Scientifique ;
Le laboratoire IMT Didalang (Ecole des Mines et Telecom d’Albi) ;
Le Distributed Language Group
L’Université Paris-Dauphine (Master Management Interculturel) ;
L’UFR Lettres, Langues et Sciences Humaines de l’Université Clermont Auvergne ;
Le département d’Etudes anglaises de l’UFR LLSH de l’Université Clermont Auvergne ;
Le département d’Etudes hispaniques de l’UFR LLSH de l’Université Clermont Auvergne.


Langues des communications : français et anglais. 
NB : Si la communication a lieu en français, elle devra s’accompagner d’un support en anglais (exemplier explicatif, power point, par exemple).



Durée des communications : 25 minutes (20 minutes de présentation et 5 minutes de discussion).


Durée des séances plénières : 1 heure (45 minutes de conférence + 15 minutes de discussion)


Possibilité de soumettre des posters en français ou en anglais.

Les propositions de contributions pour les communications orales ou pour les posters seront envoyées sous la forme de deux résumés :
 L’un anonyme de 500 mots maximum assorti d’une brève bibliographie (non décomptée comme signe).
L’autre avec nom, prénom, et affiliation 

Par ailleurs, les proposants peuvent, s’ils le souhaitent, préciser s’ils préfèrent intervenir sous forme de communication orale ou de poster.


Merci de les faire parvenir avant le 15 janvier 2016 à
Michaël Grégoire : michael.gregoire@univ-bpclermont.fr
 et Aurélie Barnabé : aurelie.barnabe@univ-bpclermont.fr



Programme :


6 demi-journées de communications et de sessions posters ;


1 heure 30 de table ronde et de débats ;


1 heure de table ouverte et de discussions pour intégrer de nouveaux membres susceptibles d’être intéressés par la problématique émergente de l’énaction dans son rapport au langage.

Présentation de la revue où seront publiés les actes de ce colloque.




Conférenciers invités :


Alain Berthoz (Collège de France / CIRB, France)


Didier Bottineau (CNRS / LDI, France)


Tom Froese (Université Nationale de Mexico, Mexico)


Stephen Cowley (Université d’Odense, Danemark)


Alexander Kravchenko (Université d’Irkoukst, Russie)


Fred Cummins (University College de Dublin, Irlande)




Grands témoins de la table ronde : 
Yves-Marie Visetti (CNRS / EHESS, France)
Jörg Eschenauer (Ecole des Ponts ParisTech, France, Président de l’UPLEGESS)





Comité scientifique :
Didier Bottineau (CNRS / LDI, France) ; Michaël Grégoire (Université Clermont Auvergne / LRL, France), Aurélie Barnabé (Université Clermont Auvergne / LRL, France) ; Olivier Gapenne (Université de Technologie de Compiègne / BMBI, France) ; John Stewart (Université de Technologie de Compiègne / COSTECH, France) ; Norbert Maïonchi-Pino (Université Clermont Auvergne / LAPSCO, France) ; Jean-Rémi Lapaire (Université Bordeaux 3 / CLIMAS, France) ; Tom Froese (Université Nationale de México, Mexique) ; Antoine Auchlin (Université de Genève, Suisse) ; Yishai Tobin (Université de Pengoria, Israël) ; Joëlle Aden (Université Paris-Est Créteil / IMAGER, France) ; María Luisa Calero Vaquera (Université de Cordoue, Espagne) ; Joanna Raczaszek-Leonardi (Université de Varsovie, Pologne) ; Fred Cummins (University College de Dublin, Irlande) ; Richard Menary (Université Macquarie, Australie) ; Jörg Eschenauer (Ecole des Ponts ParisTech, France) ; Alexander Kravchenko (Université de Irkoukst, Russie).





Comité d’organisation / responsables scientifiques :
Michaël Grégoire (Université Clermont Auvergne / LRL), Didier Bottineau (CNRS / LDI), Aurélie Barnabé (Université Clermont Auvergne / LRL), Norbert Maïonchi-Pino (Université Clermont Auvergne / LAPSCO).






Frais d’inscriptions : 


Enseignants-chercheurs et chercheurs titulaires : 60 euros

Etudiants et retraités : 40 euros


Participants non communicants : 20 euros


Etudiants et personnels de l’Université Clermont Auvergne : gratuit



Lieu de la manifestation :
Maison des Sciences de l’Homme de Clermont-Ferrand
 4, rue Ledru
 63000 Clermont-Ferrand (France)

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