« Ce qui fait la différence en sport de haut niveau, c’est le mental »

PAR JEAN-FRANÇOIS SOLERI

seclin@lavoixdunord.fr

À quoi va servir ce congrès ?

« Il va permettre aux entraîneurs, aux professionnels en psychologie du sport de faire un état des lieux : interventions, méthodes, démarches, facteurs psychologiques de performance. On assiste à un boum de la profession depuis cinq, six ans. Mais on est encore en retard de vingt ans sur les États-Unis. À titre d'exemple, l'équipe américaine d'athlétisme compte 17 préparateurs mentaux. La France, zéro. » Pourquoi la France est-elle en retard ?

« Il y a une méconnaissance de la préparation mentale. Il y a quarante ans, la préparation physique, c'était un OVNI. C'est un peu pareil aujourd'hui avec la préparation mentale. Souvent les entraîneurs ne connaissent pas et s'en méfient. D'autre part, certains professionnels font n'importe quoi et discréditent la profession. On pense par exemple à la préparatrice de Christine Arron qui travaillait sur les ondes du stade et qui a déposé de la poudre sur la ligne de départ. Ce n'est pas de la préparation mentale. » Comment se passe la relation avec le sportif ?

« On commence par un entretien, puis on analyse la spécificité du sport, l'enjeu, la relation avec l'entraîneur, les résultats. On réalise ensuite des tests spécifiques qui permettent de mesurer les habiletés mentales de base : confiance, engagement, concentration, stress. On a un certain nombre d'outils possibles mais on ne vient pas avec des recettes. On optimise les qualités mentales de chacun selon sa spécificité. » En quoi la préparation mentale est-elle importante pour un sportif de haut niveau ?

« Ce qui fait la différence sur le haut niveau, c'est le mental. Ce qui est paradoxal, c'est qu'on en parle beaucoup mais on ne le travaille pas. Les sportifs, dans 60 % des cas, nous approchent pour gérer le stress et les émotions. Ils ont souvent recours à nous quand il y a un problème. Rarement pour développer les capacités. » Sur quoi peut-on travailler ?

« L'imagerie par exemple permet de travailler sur des gestes très précis, répétitifs. Le lancer-franc, en basket. À l'entraînement, le taux de réussite est de 90 à 95 %. En match, il est nettement plus faible. Le penalty au foot. Au golf, c'est pareil. On travaille le switch, qui permet de faire le vide dans sa tête, comme le font les buteurs au rugby avant un coup de pied. Il y a toujours à travailler, même chez les sportifs qui ont une longue expérience du haut niveau. Regardez Zidane en 2006. Il y a des gens psychologiquement plus forts que d'autres mais ça peut se développer. Et puis, on travaille aussi beaucoup sur la récupération, sur la prévention des risques de blessure. » •

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