Cancer : Une maladie qui coûte cher

Le cancer est une maladie ruineuse. Ce terrible constat est dressé dans un rapport de la Ligue contre le cancer. Entre la perte d'un emploi, l'invalidité, la perte de revenus, la rupture sociale, les frais non remboursés ou encore la fracture psychologique, le cancer est bien devenu une maladie « paupérisante ». Il équivaut même à une « double peine » pour le malade estime l'étude. « Chaque jour en France, l'annonce du cancer vient bouleverser la vie d'un millier de personnes et de leurs proches » et le choc de l'annonce marque souvent un « avant » et un « après », en particulier pour la vie sociale du malade, souligne la Ligue contre le cancer. Chaque année, 365.000 nouveaux cas de cancer sont détectés en France.

Pour évaluer l'impact personnel et social de la maladie et donner la parole aux malades, la Ligue contre le cancer a mis sur pied un Observatoire sociétal des cancers, conformément d'ailleurs à l'un des engagements du Plan cancer 2009-2013. Pour élaborer son premier rapport, l'Observatoire s'est appuyé sur un vaste travail (baptisé "Dopas") de recueil de données et d'observations auprès de 1.700 malades du cancer. Et les résultats font froid dans le dos. Cette enquête confirme que « le cancer est une maladie paupérisante, avec des effets aggravés pour les plus vulnérables : arrêt maladie, perte de revenus, perte d'emploi, invalidité, rupture sociale, fracture psychologique ». « Dans la quasi-totalité des situations analysées, la maladie a une incidence financière, parfois très forte », que les personnes soient déjà ou non en situation difficile, souligne le rapport.

Des frais non remboursés

En effet, dans de très rare cas, la couverture sociale fonctionne à 100%. La notion de prise en charge par la sécurité sociale est en réalité beaucoup plus complexe. Par exemple, le taux de couverture ne fonctionne pas pour des frais comme les dépassements d'honoraires. Une étude datant de 2007 évalue à 817 euros, en moyenne, les frais non remboursés pour chaque patient. Pire, la maladie entraîne des coûts supplémentaires au quotidien qui ne sont pas pris en compte par la sécurité sociale. « Du fait de ma maladie, j'ai pris une aide à domicile et je vais chez le psychologue. Ce sont des frais à ma charge qui se cumulent avec la baisse de mon salaire », témoigne anonymement un malade dans le rapport.

Selon l'enquête, « près d'une personne sur deux a modifié son mode de vie pour des raisons économiques liées à la maladie » et « les baisses de revenus peuvent être très importantes et très rapides pour les emplois les plus précaires ». Et l'Observatoire d'indiquer que ces pertes de revenus ont des répercussions sur la psychologie du malade. Les patients se sentent dévalorisés, diminués. Autre point noir observé : l'accès aux emprunts et autres assurances est beaucoup plus compliqué. La Ligue contre le cancer parle même de « discrimination » face à la maladie. « Trouver une assurance emprunteur dans le cadre d'un prêt immobilier ou d'un crédit à la consommation » est une « difficulté persistante » et une personne ayant eu un cancer jeune sera pénalisée tout au long de sa vie.

Côté travail, seule une infime minorité parvient à maintenir une activité professionnelle sans interruption au cours de sa maladie (3% selon l'enquête Dopas). Pour une grande majorité, « les arrêts se succèdent et la reprise du travail n'est pas simple à envisager, même avec aménagement de poste et d'horaires ». D'autant plus que 63,4% des femmes et 36,6% des hommes se déclarent victimes de discriminations dans leur vie professionnelle ou sociale à cause de la maladie. Vivement que les mœurs changent...

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