Billet: La surprenante réussite de Paranormal Activity 3

La malédiction qui touche les suites des films d'horreur se serait-elle cette fois abstenue ? Paranormal Activity 1 séduisait par son minimalisme formel radical, la ténuité provocante de ses effets, la psychologie anonyme de ses personnages, et sa quasi-abstraction à peine abîmée par l'esprit malin de son auteur. La bande-annonce du troisième volet laissait présager des tares habituelles de la suite : surenchère scénaristique, second degré envahissant, désordre rythmique et surtout dilution totale de la peur.

Malhonnêteté du marketing : les scènes spectaculaires ainsi prévendues sont en réalité coupées dans le film. Les auteurs ont habilement transposé le principe formel du premier épisode (une caméra familiale dans une chambre) en l'enrichissant : toujours une caméra familiale, cette fois posée dans la cuisine, et dotée d'un nouvel effet - un mouvement latéral de vaet-vient qui anime le hors-champ ainsi susceptible à chaque seconde de révéler un truc horrible, et surtout qui mime à merveille l'insupportable mouvement de balancier dans la tête du spectateur horrifié : "Je regarde ou je ne regarde pas ?"

Belle invention, nuancée d'effets de terreur espiègle qui rappelle Shyamalan, loin de la dérision lourde des films d'horreur actuels. Et puis surtout, si le film abandonne bien le minimalisme des débuts, il ne s'alourdit pas au passage, rejoignant au contraire les sources plus classiques du film d'horreur - femmes-sorcières de la Nouvelle Angleterre, etc. Le troisième meilleur que le premier ? Oui, presque, et lorsqu'on épluche la liste technique et qu'on apprend que les auteurs du film (Henry Joost et Ariel Schulman) sont des inconnus, on se dit que le cinéma, le seul art avec la pop à pouvoir être bon en dépit de tout, nous surprendra toujours.

Axelle Ropert

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