VILLENEUVE D ASCQ / PSYCHOLOGIE

Aïcha Maghroudi, les mots qui soignent le corps

Publié le lundi 04 juin 2012 à 06h00

L'obésité s'accompagne souvent de phobies sociales ou de dépression selon Aïcha Maghroudi. Ph archives Nord éclair

La Villeneuvoise Aïcha Maghroudi vient d'ouvrir son cabinet de psychologue spécialisée en obésité à La Madeleine, avec l'aide du Clap (Comité local d'aide aux projets). Rencontre avec une jeune femme déterminée de 26 ans qui a suivi ses études à Lille 3 puis Paris 8.

PROPOS RECUEILLIS PAR ISABELLE DUPONT isabelle.dupont@nordeclair.fr

Quand avez-vous ouvert votre cabinet ?

Le 9 avril dernier. J'ai eu ma première patiente le premier jour. Ça démarre tout doucement comme pour toutes les professions libérales. C'est pourquoi il est intéressant quand on s'installe d'avoir des prescripteurs qui vous suivent.

Et vous en avez déjà ?
Oui, des généralistes, diététiciens, nutritionnistes, car je suis spécialisée dans l'obésité et éventuellement la souffrance liée aux conflits au travail. Je peux aussi être amenée à intervenir dans le domaine privé.

Quel a été votre parcours ?
Au terme de cinq années d'études, j'ai eu mon diplôme avec mention bien. Après mon master I à Lille 3, j'ai poursuivi mon master II à Paris 8 spécialisé dans la psychologie de l'enfance et de l'adolescence.

Pourquoi cette spécialisation dans le domaine de l'obésité ?

En master I, j'avais déjà mené un travail de recherches sur le diabète à la clinique Linquette, près du CHR. Là je me suis rendue compte de la part importante de personnes diabétiques en obésité. J'ai eu envie d'étudier le panel de troubles du comportement alimentaire liés à l'obésité. Puis j'ai enchaîné avec sept mois de stage au service nutrition du CHRU en 2009-2010, prolongés en 2010-2011. Ce fut une très belle expérience. J'ai travaillé avec la chef de clinique, le Dr Pigeyre et la psychologue Mme Benaisa, ainsi que le Dr Gueorguieva du service pédiatrique de Jeanne de Flandres.

En quoi consistait votre trav
ail ?
Nous avions fait une thérapie de groupe avec des adolescents avant une chirurgie bariatrique (NDLR : pose d'anneaux gastriques...). C'était la première fois que ce type de prise en charge avait lieu dans le Nord. Il s'agissait ensuite pour l'équipe de donner un avis favorable ou non, tout dépendait de la thérapie en amont sur le comportement alimentaire. C'était une prise en charge pluridisciplinaire. C'est très important, tout comme en libéral, il faut avoir un réseau professionnel.

Comment se passe une séance avec vous en cabinet ?
J'ai été formée aux thérapies émotionnelles cognitivo-comportementales par Mme Benaisa, ce sont des thérapies brèves. Elles sont de plus en plus demandées pour leur efficacité, car l'obésité s'accompagne souvent de psycho-pathologies comme les phobies sociales, la dépression, l'anxiété, l'isolement social... liées à l'insatisfaction corporelle.
Plusieurs variables entrent en jeu, on essaie de gérer les émotions négatives car elles ont un impact sur le comportement alimentaire. On adapte la psychothérapie pour une prise en charge complète sur différents facteurs environnementaux. Dans le premier temps, on essaie de voir avec la personne ce qui est prioritaire pour elle comme par exemple travailler l'anxiété via des techniques de relaxation, imagerie mentale, sophrologie...

Les séances ne sont pas remboursées par la Sécurité sociale ?
Non, mais je m'adapte en gardant des tarifs raisonnables : 45 E , variables selon la situation de mes patients, car je suis passionnée parce ce que je fais. Et à moyen terme, je voudrais m'investir dans le milieu associatif pour toucher aussi des milieux défavorisés.

À 26 ans, vous n'avez eu aucune crainte à vous lancer en libéral ?
Dès que j'ai été diplômée, Pôle emploi m'a dirigé vers la Mission locale qui m'a parlé du Clap. Il fallait un apport personnel pour bénéficier de cette subvention. Je me suis aussi rapprochée de l'Adie ( Association droit initiative économique) qui aide les jeunes entrepreneurs de 18 à 30 ans. J'ai pu me former au plan de financement, à la comptabilité... À partir du moment où on n'a pas essayé, on ne sait pas ce que ça peut donner. Tout est question d'organisation, et il faut être soutenue par l'entourage, par des professionnels... w 173 rue du Général De Gaulle, La Madeleine. Tel : 07.86.46.04.75. amaghroudi@yahoo.fr