Votre entreprise est-elle «névrosée»?

«LE pouvoir rend fou et le pouvoir absolu rend absolument fou», disait Montesquieu. Ce n’est donc pas rare de voir des patrons sombrer dans la névrose, développant des comportements totalement contradictoires. Ils peuvent, par exemple, vous couvrir d’éloges le matin et vous adresser les pires remarques l’après-midi, souffler le chaud et le froid, faire tout et son contraire. «Cette situation n’est pas typique des entreprises. Là où il y a une organisation, il y a un risque», relève Abdellatif Salhi, psychothérapeute, professeur de psychologie du travail à l’université de Barcelone. Cela peut donc être le cas à l’échelle d’un Etat, un ministère, une administration,…
Afin de surmonter leur propre insécurité, certains chefs «deviennent les caricatures de ce qu’ils pensent devoir être en tant que patron. Ils inventent et deviennent arrogants ou agressifs», estiment certains experts (R. Lilley). La relation «pathologique» à l’autorité peut également être source de névrose. «Il y a des managers qui pensent que leur statut leur confère automatiquement de l’autorité. Or, il s’agit d’une relation qui se construit avec les hommes. Elle ne s’acquiert que si ces derniers en ressentent le besoin et l’acceptent», explique Salhi.
Le type de personnalité du leader est décisif. «Les personnalités border line sont les plus ambivalentes. Elles ont des humeurs instables, des relations sociales antinomiques, et sont impulsives», précise le psychothérapeute.
Dans ces conditions, les tensions montent et les collaborateurs, désorientés ne savent plus comment réagir face à des messages opposés.
Mais ils finissent par s’identifier à la personnalité de leur leader par «effet miroir». C’est donc toute l’entreprise qui tend, par l’entremise d’échanges, à être névrosée.
Faute de pouvoir riposter aux attaques ou provocations de leur chef, les collaborateurs commencent à développer des «mécanismes de défense». Ils peuvent ainsi garder la pression psychique pour ensuite la projeter sur leur entourage, s’identifier à leur agresseur pour agresser leurs proches, refouler leurs sentiments, ou encore développer des «actes manqués». Il peut s’agir de lapsus, de déprimes inexpliquées, de pathologies physiques (somatisations),…
La productivité de l’entreprise en prend systématiquement un coup.     
Quelques indicateurs en entreprise ne trompent pas. Comme l’aggravation du taux de conflits négatifs, du turnover, de l’absentéisme, des accidents du travail et même des comportements suicidaires. N’attendez pas, faites votre diagnostic!

Equilibrez les pouvoirs d’influence

EN matière de névrose de structures, la personnalité du dirigeant joue un rôle capital. Mais il est possible de prendre des précautions afin d’éviter le pire. Certains experts préconisent, par exemple, d’intégrer des personnalités diverses dans le management, de telle sorte qu’aucun responsable ne puisse vraiment imposer son style. Le pouvoir d’influence est ainsi dispersé.
Ce genre de mesures suppose le recours à des psychologues de travail durant les opérations de recrutement, sauf que ces derniers sont généralement boudés par les entreprises.

Ahlam NAZIH

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