Vendredi 13 : « La superstition est biologique, pas purement humaine »

- Pourquoi craint-on le vendredi 13 ?

« La connexion est probablement puisée dans la religion chrétienne. Lors du dernier repas du Christ, la Cène, ils étaient 13 à table et on considère que Judas, le traître, était le 13e. Et la crucifixion de Jésus a eu lieu un vendredi, d'où la corrélation entre les deux événements.

Plus largement, à l'époque, le vendredi était le jour où on exécutait les gens. Et, de nos jours aux États-Unis, c'est devenu le jour où on licencie les salariés. Soit cela relève de la superstition, soit de la commodité : au moins les gens licenciés ne peuvent pas joindre leur patron le week-end ! »

- Y a-t-il des pays où le vendredi 13 est plus anxiogène ?

« Cette croyance en une date spéciale est plus présente en Occident. Si en Espagne, il passe relativement inaperçu, il a un réel impact aux États-Unis. Une étude montre qu'entre 800 et 900 millions de dollars sont perdus pour l'économie chaque vendredi 13 car les Américains refusent la prise de risque, refusent d'investir ! Et le 13 a mauvaise presse : beaucoup de constructeurs d'ascenseurs refusent de mettre un numéro 13. On passe directement du 12e au 14e étage ! En France, il existe peu d'études. On sait que les Français font passer la peur du chat noir devant celle du vendredi 13. Généralement, dans la superstition, on est plus dans la peur de quelque chose de négatif que dans l'espoir du positif. Même si la Française des Jeux joue du vendredi 13 dans son marketing quand elle promet une cagnotte de 13 millions d'euros ce jour-là. »

- Si on connaît les origines de la superstition, pourquoi perdure-t-elle ?

« En fait, une superstition, c'est juste une croyance erronée, de type magique, dans la relation entre deux événements : "Quand j'ai amené une patte de lapin à mon examen, je l'ai réussi. Donc comme je vais ramener une patte de lapin, je réussirai la prochaine fois !" Ce rituel a tendance à soulager la personne, à la rendre moins anxieuse. Or c'est illusoire car elle établit des causes à des événements fortuits. C'est ce qui lui permet de s'adapter le mieux à son environnement, à donner l'illusion qu'on est aux manettes de sa vie. En cela, la superstition est un produit naturel de l'évolution et n'est pas le propre de l'Homme. »

- Cela signifie-t-il que les animaux aussi peuvent être superstitieux ?

« Une expérience faite sur des pigeons révèle aussi qu'ils reproduisent toujours le même comportement tant qu'on leur donne à manger car ils établissent la corrélation entre leur comportement et la nourriture. Mais la superstition se transmet également par l'apprentissage : des études ont démontré que, dans la jungle, des singes évitent certains endroits car ils pensent que c'est là que sont les prédateurs. Il suffit que cela arrive une fois pour que le groupe n'y revienne jamais. En cela la superstition est un phénomène naturel et biologique. »

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