Une rencontre avec Louis Bocquenet, psychologue – Ouest

Louis Bocquenet est psychologue spécialiste de l'enfance, depuis 30 ans. Il a animé, dans le cadre des 10 ans du RPAM (relais parents-assistantes maternelles), une conférence sur l'autorité. Nous avons souhaité en savoir plus.

Le parcours de Louis Bocquenet est un hasard. Au début, le football, à Rennes, puis à Paris, au Red Star. Par hasard, pour un ami Briochin, il revient en Bretagne et s'installe à Saint-Brieuc. « Je n'avais pas d'attache sur place à l'exception de mon ami, ancien footballeur. À l'époque, un statut permettait de jouer au football tout en ayant une activité salariée. J'avais étudié la psychologie clinique à Paris. Je suis devenu psychologue. J'aurais aussi bien pu faire autre chose. »

Son intérêt pour les questions liées à l'enfance vient du jeu, ce « fil conducteur » et de son importance dans la pédagogie. C'est une chose que le football lui a apportée. « L'inventivité et la créativité passent par le jeu » et « qui dit jeu, dit enfance ». « C'est dans l'enfance qu'on a la capacité de s'émerveiller », quand on est adulte, des « notions asséchantes » s'instaurent, comme l'argent. « L'émerveillement, c'est l'être, pas l'avoir ».

Louis Bocquenet a été élevé dans l'idée de la transmission. Un exemple ? La langue bretonne. « Par ma mère, j'ai été immergé dans une culture bretonnante. Mais je n'ai pas appris la langue. À Paris, par frustration, j'ai décidé d'apprendre le breton et de le transmettre. C'est une chaîne de transmission. » Il a d'ailleurs fait partie du noyau dur qui a créé Diwan.

En outre, Louis Bocquenet s'anime pour la généalogie. « C'est en fouillant dans le passé qu'on détient les clés du présent. Il y a un lien entre psychologie et généalogie. » Exemple ? « Les secrets de famille. Ces secrets-là ne se dissolvent pas. Ils ont la puissance d'un message inconscient. »

Son point de vue sur les 50 dernières années ? « J'avais 20 ans en 68. On voulait ouvrir les fenêtres d'une société figée dans ses cadres. Mais cette ouverture a produit des excès. Il faut des limites, sinon on substitue une peur par une autre. Aujourd'hui, on est dans l'idéologie du « moi », mais en la poussant trop loin, on a oublié le « nous ». Pour exercer l'autorité, l'adulte a besoin d'une légitimité collective. Il est difficile de vivre dans des structures communautaires affaiblies. Les jeunes vont-ils pouvoir réinstaurer le « nous » ? C'est ce que nous n'avons pas su faire. »

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