Une odyssée intérieure

Quatre étudiants de l’Université font partie d’une formation qui vient de lancer un premier album de rock progressif aux accents métal

Par Yvon Larose

Ils ont de 21 à 22 ans. Ils sont talentueux et ambitieux. Sur les cinq, quatre étudient à l’Université. Deux sont inscrits en musique, les autres en psychologie et en génie. Tous ont une solide formation de base en musique et, depuis plus de deux ans, une passion commune les unit: le rock progressif moderne aux accents métal. Cette jeune formation de Québec se nomme Inner Odyssey, l’odyssée intérieure.

Le 19 novembre dernier, Mathieu Chamberland
 (claviers), Étienne Doyon (percussions et voix), Pier-Luc Garand Dion (voix), Simon Gourdeau (basse) et Vincent Leboeuf Gadreau (guitares et voix) ont lancé officiellement leur premier disque, intitulé Have A Seat, devant quelque 300 personnes rassemblées au Centre Monseigneur-Marcoux à Québec. «Les neuf pièces de l’album totalisent environ 75 minutes de musique», indique Vincent Leboeuf Gadreau. Inscrit au baccalauréat en psychologie, celui-ci a composé l’ensemble des musiques du disque. «Nous proposons une expérience musicale, poursuit-il, un voyage introspectif, voire empathique.»

L’univers du rock prog
Le rock progressif, ou rock prog, se caractérise par une composition musicale complexe, ce qui fait que les chansons s’éloignent du schéma classique couplet-refrain-couplet. Les thèmes peuvent varier à plusieurs reprises au cours d’une même pièce. De longues parties instrumentales nécessitent un bon niveau technique de la part des musiciens. «Le rock progressif restera toujours une musique libre, en parallèle des courants majeurs, explique Vincent Leboeuf Gadreau. C’est pourquoi il n’est pas vraiment populaire, et encore moins commercial. Le rock progressif a la capacité d’évoluer, d’aller vers le changement et vers la réutilisation de sons provenant de différentes sources, que ce soit la musique classique, le jazz ou le folk.»

Dans sa recherche musicale, Vincent Leboeuf Gadreau revendique une filiation avec deux groupes britanniques mythiques du rock progressif: Pink Floyd et Genesis. D’autres influences plus modernes proviennent de formations comme Dream Theatre. Et le métal? «Beaucoup de gens considèrent le métal comme du gueulage avec des sonorités lourdes et fortes jouées rapidement et sans variations du début à la fin d’une pièce, répond-il. Pour nous, le métal, ce sont des sonorités particulières et des distorsions obtenues à la guitare électrique. C’est aussi, par moment, jouer la pédale au fond. On veut que ce soit énergique mais pas désagréable. En deux mots, agressif mais pas agressant.»

Un produit achevé

Have A Seat est le fruit de plus de deux années de travail. Les ambiances sont nombreuses, les mélodies accrocheuses. Six pièces font entre six et treize minutes chacune. Tous les textes ont été écrits par Pier-Luc Garand Dion, un chanteur à la voix claire, juste et puissante. Celui-ci est inscrit au baccalauréat en musique. Ses textes ne sont ni faciles dans leur forme ni superficiels dans leur contenu. De plus, ils sont en langue anglaise. «Pier-Luc est plus à l’aise pour composer en anglais, souligne Vincent Leboeuf Gadreau. Il maîtrise vraiment bien cette langue. Une autre raison du choix de l’anglais est le peu de popularité du rock progressif au Québec. Notre style de musique se vend mieux à l’international en anglais. Nous voulons percer et vivre de notre musique.»

Schizophrénie, viol, meurtre: certaines des pièces de l’album touchent à des sujets durs. Une atmosphère sombre traverse l’ensemble des textes. Nous sommes à des années lumière de la chanson légère et joyeuse avec des pièces comme «Sinking», «The Meaning of Dying» et «Dehumanize Me». «Pier-Luc a voulu exprimer un ras-le-bol face à certains aspects de la réalité, indique Vincent Leboeuf Gadreau. Par exemple, «Dehumanize Me» se veut une critique un peu fataliste du matérialisme.»
Selon lui, «Dehumanize Me» est la pièce parfaite pour terminer un spectacle. «Ça commence super métal, explique-t-il. C’est plein de styles et de solos. On y trouve un refrain épique et accrocheur. Et, à la fin, plein de sons se mélangent et le tout se termine sur une chorale a capella.»

Inner Odyssey a écoulé environ 500 CD de Have A Seat. L’album a été produit par Jean-Robert Letarte et Inner Odyssey. Il est en vente dans les magasins Archambault de Québec. Des extraits du disque se trouvent sur le site Web www.innerodyssey.com. Le prochain spectacle du groupe est prévu pour la mi-janvier, à Québec ou à Montréal.

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