Une mise au point d’Adlène Hicheur


Opinion


Une mise au point
d'Adlène Hicheur

 

Jeudi 16 février
2012

Je me sens obligé de sortir de ma
réserve pour dénoncer l’exposition
hystérique de ma personne, et la
pression qui s’en suit sur mes proches,
après avoir déjà subi une campagne
acharnée de destruction parallèle à une
incarcération injuste basée sur un
dossier traficoté de toutes parts et qui
sera débattu en temps voulu.

Il s’agit aussi de marquer le coup
face aux prétentions de certains organes
d’information à vouloir défricher de
manière simpliste une intrigue riche en
subterfuges. Ces tentatives
d’explication avant l’heure, qu’elles
soient de bonne ou de mauvaise foi, sont
de toute façon au minimum maladroites,
préjudiciables à mes intérêts et
faussent complètement l’image de la
réalité.

Ainsi, je dénonce le saupoudrage
d’éléments non débattus, présentés comme
des vérités établies, et la tentation
générale de faire un procès dans la rue,
sur la seule base de la matière
accusatoire. Cette situation m’est
d’autant plus pénible que je suis
éprouvé par une détention très longue,
effectuée dans des conditions
difficiles, et que je suis dans
l’incapacité de préparer convenablement
ma défense, une nième demande de mise en
liberté ayant été rejeté récemment.

Je dénonce plus particulièrement
certains quotidiens français à grand
tirage, qui n’hésitent pas à se faire
porte-voix, exégètes et pédagogues de la
mouture de l’accusation, faisant montre
d’une volonté manifeste de me nuire,
d’atteindre à ma dignité, voire même de
préparer l’opinion au couronnement d’une
injustice en cours depuis bientôt 28
mois.

Deux ans après la campagne de
lynchage de la fin 2009, voici le
quotidien libération qui ré-ouvre le bal
en récidivant dans un

article du 10 janvier 2012
, dont je
n’ai pu prendre connaissance que ces
dernier jours. En effet, la présentation
de l’intrigue suit exactement le script
de l’accusation relatant des éléments à
prendre avec de grosses pincettes. Faute
de vouloir reconnaitre le vide pénal
d’une affaire instrumentalisée, on joue
sur la représentation symbolique, la
psychologie, voire la para-psychologie,
pour s’en prendre à ma personne sous
différents angles, non sans maintes
contradictions. Je découvre ainsi que je
serais « Musulman pratiquant … mais avec
des flottements dans la foi» , phrase
recomposée à des fins évidentes et que
je n’ai jamais prononcée telle qu’ elle
est écrite. A contrario, je suis accablé
d’un certain nombre de « ismes » et de «
istes » disponibles dans le magasin de
l’action psychologique. Le dénigrement
se parachève par la mention de certains
passages supposés de dépositions qui,
pris isolément, ne veulent rien dire et
qui ne sont utilisés que pour construire
un état d’esprit, des traits de «
personnalité ».

Viennent ensuite les fameux passages
incriminés, extirpés de leur contexte,
très approximativement traduits de
l’arabe, et montés en épingle comme
étant le cœur de l’accusation, qui
justifieraient tout ce festival et le
fait d’enterrer vivante une personne
pendant des années, compromettant ainsi
même l’idée de procès équitable.

Enfin, puisqu’il faut toujours avoir
plusieurs flèches dans le même carquois,
il est fait mention de reproches
relatifs à une prétendue contribution à
un organe médiatique d’une organisation
armée. Le journaliste n’a même pas pris
la peine de vérifier la crédibilité des
énormités et confusions entretenues dans
le scénario accusatoire, éléments qui
seront dévoilés en un temps et un lieu
approprié.

Aucune précaution n’est prise, aucune
remise en case des contradictions, des
excès et des incohérences n’est faite.
La connivence journalistique est
quasi-totale. Le fait de laisser moisir
quelqu’un pendant plus de deux ans sans
jugement sur la base d’éléments aussi
insignifiants et retravaillés ne semble
pas choquer certaines plumes. Quel
spectacle lamentable offert sans pudeur
!

Il n’est bien sur pas question ici de
développer les réfutations de la défense
qui mettront en lumière des pratiques
détestables et iniques. Il est surtout
question d’exprimer un raz le bol car il
est à craindre que d’autres adeptes du
lynchage et de la chasse aux sorcières
emboitent le pas.

Dans tous les cas, on peut espérer
que les gens se posent la question sur
les raisons profondes pour lesquelles on
en arrive à un tel engrenage frénétique
qui démontre l‘absence d’un sens minimal
de raison, de lucidité, et de
responsabilité chez des personnes qui
utilisent les moyens de l’état et un
pouvoir discrétionnaire quasi illimité
pour servir des intérêts qui sont avant
tout particuliers

Adlène Hicheur, Maison d’arrêt de
Fresnes, 15 février 2012

 


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