Une fausse psychologue répond de 400 expertises usurpées et des …

TOULOUSE — Une femme de 55 ans dépourvue de tout diplôme a comparu jeudi devant les juges à Toulouse pour avoir usurpé le titre de psychologue et d'expert judiciaire, et ainsi livré plus de 400 expertises, dont certaines ont pu briser des vies.

Régine Labeur a dû faire face à une vingtaine de parties civiles particulièrement remontées car ses expertises ont pesé sur des décisions de justice comme le retrait de ses enfants à une mère. Certaines parties civiles réclament des indemnités très élevées.

La plupart des faits se sont déroulés à Périgueux, où résidait Mme Labeur, et dans le ressort de la cour d'appel de Bordeaux. L'instruction et le procès ont été dépaysés vers Toulouse "car trop de juges d'instruction et de magistrats avaient eu affaire à la prévenue à Bordeaux pour juger sereinement", a expliqué le président du tribunal correctionnel, Guillaume Roussel.

Il a reconnu que la justice devait s'interroger sur les "dysfonctionnements" qui avaient permis à Mme Labeur de berner la justice pendant près de quatre ans, de 2005 à 2009.

Mme Labeur avait fabriqué de faux diplômes de psychologie en 2003 et s'était fait immatriculer comme psychologue auprès de la direction départementale des affaires sociales de Périgueux. Elle avait ensuite réussi à se rapprocher des milieux policiers et judiciaires pour obtenir son inscription sur la liste des experts psychologues début 2005.

Elle a été démasquée en avril 2009 quand son troisième mari, placé en garde à vue pour violences conjugales, l'a dénoncée.

Cette femme blonde, à la mine discrète, timide et parfois au bord des larmes, a rappelé qu'elle avait immédiatement tout reconnu, parlant "d'un grand soulagement que cet engrenage malsain s'arrête".

Dépourvue de diplôme, ancien chauffeur de taxi, comptable pour son mari, elle a expliqué à l'audience qu'elle s'était "passionnée pour la psychologie" car un de ses compagnons avait "abusé sexuellement de sa fille".

Elle a reconnu "avoir fait du mal à beaucoup de gens", mais a assuré qu'elle avait été "impartiale" dans ses expertises.

Le président a relevé que ces expertises avaient dû lui rapporter 70.000 euros en trois ans. Mais il s'est aussi appuyé sur les rapports d'autres experts sur le cas de Mme Labeur pour estimer que "c'est moins le goût du lucre que le désir d'être reconnue qui l'a motivée".

Plusieurs parties civiles ont dit ne pas reconnaître dans cette personne timide "l'expert catégorique" qui s'exprimait devant les tribunaux.

Me Sylvie Noachovitch a même parlé de "méchanceté" de l'expert et a demandé 50.000 euros de dommages et intérêts pour une mère qui s'était vu retirer la garde de ses deux enfants au profit de son mari sur la base d'un rapport de la fausse experte. "Il a fallu quatre ans pour que ma cliente puisse retrouver la garde de ses enfants, le préjudice est énorme", a souligné l'avocate.

D'autres expertises en matière de délits sexuels ont accablé des innocents ou au contraire discrédité la parole de victimes, ont renchéri d'autres avocats.

Le jugement devait être mis en délibéré en septembre, a indiqué le président Roussel.

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