Suicide: "L’aide psychologique est très mal organisée sur Internet"

Peut-on détecter des tendances suicidaires à travers la vie en ligne d'une personne?

En tout cas, on peut voir des signes de souffrance psychique. Les gens peuvent utiliser les réseaux sociaux pour dire leur mal-être, voire leur désespoir. Mais de là à quantifier le risque suicidaire, ce n'est pas possible. C'est important de montrer à quelqu'un qui va mal - et le dit en ligne - qu'on a été alerté. Même s'il faut faire une différence entre les adultes et les ados. 

C'est-à-dire?

A un ado, on ne dit pas "tu m'inquiètes" mais "je m'inquiète pour toi". D'autant qu'il peut avoir envie d'exprimer ses sentiments, sur un blog par exemple, sans que cela soit des propos suicidaires. Il peut, par exemple, écrire pour savoir ce que ses sentiments provoquent chez l'autre, car il est un peu perdu et a du mal à les interpréter. Dès lors, lui dire qu'il inquiète risque de cristalliser certaines attitudes, alors qu'on ne fait le plus souvent que lui renvoyer notre propre angoisse. 

Faut-il espionner l'activité sur les réseaux sociaux d'un enfant dont on soupçonne des tendances suicidaires?

On n'y trouvera aucune confirmation. En cas d'inquiétude, il faut consulter un psychiatre ou un psychologue pour clarifier la situation. Mais les attitudes de vérification en ligne, surtout sans le dire à son ado, sont totalement contre-indiquées. Il risque de se sentir trahi. Et tout le contraire de soutenu. 

Peut-on trouver de l'aide sur Internet?

Ca commence, doucement. Dans le domaine francophone, pour le moment, on trouve surtout des groupes d'entre-aide et de discussion. C'est une première aide. Mais l'aide psychologique est très mal organisée sur Internet: il y a des gens qui vous proposent des conseils, sans garantie de compétences. Et rien n'est établi sur les traces qu'il reste de l'entretien en ligne. Tout est encore très flou. Au contraire, le domaine anglo-saxon est plus organisé. Ils ont mis en place des règles de bonnes pratiques. 

Se renfermer sur sa vie en ligne lorsqu'on ne va pas bien, est-ce fermer les yeux?

Cela peut être efficace, pour certaines personnes. Cela permet de se focaliser sur quelque chose et peut être un mécanisme de défense pour juguler l'angoisse. Mais cela peut aussi empêcher de vivre pleinement l'instant et les émotions présentes. Par exemple, mettre un statut "ce film fait peur" sur Facebook lorsqu'on est en train de regarder un film d'horreur empêche de vivre totalement l'expérience de la peur. Qui est pourtant intéressante. De même pour ceux qui livent leurs repas de famille. 

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