Un message simple transmis par la pensée entre deux personnes séparées par des milliers de kilomètres. C’est le pari réussi d’une équipe internationale, qui publie ses conclusions dans la revue PLoS ONE.  Une expérience menée entre la France et l’Inde, qui n’est pas loin de révolutionner la recherche dans le domaine de la communication, et qui réveillera sans doute de vieux fantasmes de science-fiction… 

Premier objectif : faire dialoguer le cerveau avec un ordinateur

Pour comprendre l’expérience, il faut d’abord savoir qu’il existe un appareil qui enregistre l’activité électrique du cerveau : l’électroencéphalogramme (EEG).

Nos pensées, comme nos mouvements ou nos émotions, sont le résultat d’une communication entre les neurones. Point essentiel, celle-ci est un phénomène électro-chimique : lorsqu’un neurone communique avec un autre, il émet des influx nerveux qui entrainent une libération de molécules chimiques (les neurotransmetteurs) qui vont agir sur le neurone voisin. Ces influx nerveux sont détectés grâce des électrodes disposées sur le cuir chevelu du sujet, et reliées à l’EEG. Ce dispositif permet ainsi d'enregistrer la communication entre les neurones, pendant que le sujet effectue une tâche cognitive.

Comment le signal électrique est-il déchiffré ?

Avec l’EEG, le signal électrique est représenté sous la forme d'un tracé. Les différents tracés correspondant à différents influx nerveux détectés par les électrodes, il est possible d'identifier les activités électriques caractéristiques de tel ou tel état psychologique. Les signaux enregistrés par l’EEG sont alors convertis numériquement dans un système binaire (un système de numération qui ne peut prendre que deux valeurs : 0 et 1).

Deuxième objectif : faire dialoguer deux cerveaux séparés de plus de 7000 km

Les chercheurs ont enregistré l’activité électrique d’un sujet en Inde, pendant qu’il pensait à des messages très simples comme « bonjour » ou « salut ». Les influx nerveux correspondants ont été convertis en code binaire, avant d’être transmis via internet à un autre ordinateur localisé à des milliers de kilomètres. En effet au même moment, en France, un autre sujet recevait ce message binaire qui était quant à lui déchiffré sous forme d’un signal lumineux. En clair, si le sujet en Inde bougeait une main, le chiffre « 1 » était envoyé en France, avant d’être traduit en un flash lumineux que le second sujet pouvait identifier dans sa vision périphérique. S’il bougeait un pied, le chiffre « 0 » était traduit en un autre flash. En fonction de la position du flash, le sujet en France pouvait ainsi apprendre à reconnaître et à interpréter les signaux lumineux, pour saisir le message envoyé depuis l’Inde.

Comme le précisent les auteurs, ces résultats pourraient bien lancer de nouvelles orientations de recherches, comme celle d’une transmission directe des émotions ou des sentiments, par le biais de cette même interface.

« Nous pensons que des interfaces directes courantes entre les ordinateurs et le cerveau humain seront possibles dans un avenir pas si éloigné, permettant une communication directe de cerveau à cerveau de façon routinière (...) et créant de nouvelles possibilités dans les relations sociales », concluent ces chercheurs, évoquant des applications potentielles pour les personnes paralysées, incapables de parler.