F. -S. Comment se manifeste l'orgasme chez la femme ?
P. B. L'orgasme c'est une "décharge"  musculaire qui touche l'ensemble du corps et donne une sensation de plaisir intense. Et encore une fois, celui-ci ne se résume pas au point G.

F. -S. Quel rôle joue la psychologie dans l'irruption du plaisir ?
P. B. Le plaisir c'est la synthèse de l'histoire d'une personne, d'un couple, d'une vie sexuelle. Aussi l'aspect psychologique est-il un des facteurs clés pour comprendre l'absence ou la manifestation du plaisir.

F. -S. Vous dîtes qu'on ne peut pas réfléchir avec pour référence une quelconque norme. Néanmoins est-il « normal » de ne pas avoir de plaisir ?
P. B. Encore une fois il n'y a pas d'anormalité. Il y a en l'espèce pour la personne une frustration. La frustration se manifeste physiquement et psychologiquement, ce qui est la conséquence de l'absence de plaisir. La norme n'a rien à voir là-dedans.

F. -S. Comment expliquez-vous que le plaisir féminin soit si méconnu dans nos sociétés ?
P. B. On s'est plus préoccupé du plaisir masculin c'est vrai. Pour cela il y a une explication déjà très simple : la recherche était conduite par des hommes. Ensuite, il est évident que les symptômes mécaniques sont plus visibles chez l'homme que chez la femme. Enfin il y a une cause sociologique et politique à cela. La femme n'a longtemps été considérée que comme la matrice de la réproduction. L'étude du plaisir est récente et date du XXe siècle.

F. -S. Est-ce lié à l'invention de la psychanalyse ?
P. B. Pas nécessairement. Freud d'ailleurs s'est beaucoup plus préoccupé de la sexualité masculine que de la sexualité féminine. Il qualifiait d'ailleurs la sexualité féminine de « mystère », c'est dire. Non, je pense que ce soit lié à la place des femmes dans la société et à leur autonomisation en particulier avec la généralisation de la contraception qui a permis le choix pour ce qui est de la reproduction. Une fois cette étape sociale et politique accomplie, on a pu parler de plaisir.