Secret professionnel garanti

« Vous êtes tout à fait libre, vous choisissez le lieu de rendez-vous, le secret professionnel est total , garantit Frédéric Daubechies, directeur de l’API. On intervient deux ou trois jours maximum après un événement. Tous les membres de l’équipe sont invités au débriefing car on a besoin de tout le monde pour reconstituer le puzzle de l’intervention. Il existe aussi des débriefings pluridisciplinaires, par exemple pour comprendre pourquoi il y a eu de l’incompréhension - et donc du stress - lors d’une intervention.»

L’affaire Dutroux

Appui psychologique aux intervenants a été créé à l’initiative de Frédéric Daubechies. «Psychologue, j’avais consacré mon mémoire universitaire au stress des policiers confrontés à une situation critique, raconte-t-il. Avec un père professeur à l’école de police de Jurbise, j’avais vu la nécessité d’une aide psychologique aux policiers...»

La Province crée l’API en 1995. L’affaire Dutroux éclate l’année suivante et Frédéric Daubechies est approché par la Protection civile de Ghlin, confrontée à la découverte des quatre enfants.

En 1998, le service s’ouvre aux pompiers puis, en 1999, aux urgences dans les hôpitaux. «La première fois qu’on a été sollicité par des pompiers, c’est après la mort de deux enfants, intoxiqués par du CO2, se souvient-il. Parmi les intervenants, il y avait quelques jeunes pères, qui avaient été particulièrement choqués.»

Outre les débriefings psychologiques, l’API assure des formations dans les écoles de police, du feu, d’infirmières.

Stress team

Pendant 15 ans, l’API était unique en Wallonie. Mais ça bouge enfin dans les autres provinces. Suite à la catastrophe de Ghislenghien, Frédéric Daubechies et un collègue psychologue - Éric Desoir, par ailleurs pompier volontaire et fondateur du Fire Stress Team en Flandre - ont rentré un projet au SPF Intérieur, afin que tous les intervenants de Belgique puissent bénéficier d’une aide psychologique. Le projet a été approuvé en 2011. Il prévoit la formation de pairs, choisis par leurs collègues, afin que ceux-ci apportent un premier soutien - «un désamorçage» - aux personnes confrontées à un stress important. «Ça marche super bien en Flandres !» constate Frédéric Daubechies.

La police fédérale a son propre stress team. L’armée belge a créé une cellule semblable, suite au naufrage d’un ferry à Zeebruges, fin des années 1980.

Signe qu’il y a encore des résistances par rapport à la psychologie ? La zone de police de Tournaisis n’a toujours pas de convention avec l’API. «On nous dit qu’il y a déjà une médecine du travail» raconte Pascal Doulliez, permanent syndical CGSP. À moins qu’il ne s’agisse d’une question de sous : ça coûte 5,5 € par intervenant et par an.

F. D.

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