Réveillez vos désirs : une interview du Pr Michel Lejoyeux

S : Ma première question est somme toute banale… Pourquoi un livre sur les désirs Professeur ?

M.L : Parce que mon métier consiste à dire « osez » à ceux qui n’osent pas vivre leurs désirs. A ceux qui se croient sans envie, je leur propose des expériences. Je leur demande de regarder du côté de leur bibliothèque qui est un bon marqueur de ce qui les motive. Ou je les fais jouer au jeu du loto : de quoi auriez-vous envie si vous gagnez au loto. C’est parce que cette question du désir travaille ma pratique de psychothérapeute que j’ai eu envie de la partager avec des lecteurs. Et c’est aussi parce qu’il n’y a aucun livre sur le sujet. Sur la morosité, l’offre déborde mais sur la manière précise de reconnaître et vivre ses meilleurs désirs il n’y avait rien.

S : En tant que psychiatre, spécialiste en addictologie, quel bénéfice ou quel plaisir prenez-vous à écrire des livres de psychologie pour le grand public ? J’imagine que c’est un peu frustrant parfois de ne pas pouvoir approfondir avec des détails plus « techniques » qui seraient sans doute compliqués à comprendre pour vos lecteurs (moi la première)…

M.L : Vous savez ce qui me plait c’est de rendre cette question de la psychologie moins inquiétante qu’elle ne l’est aujourd’hui. Et découvrir de nouvelles pratiques, les proposer aux lecteurs, c’est aussi un défi dont je ne me lasse pas. Surtout quand je vois ceux qui me font le plaisir de me lire essayer de mettre en pratique mes expériences. Il n’y a pas de grands ou de petits sujets. En voyant la manière dont par exemple vous faites des cadeaux vous comprenez si vous vous offrez, vous offrez vos goûts ou si vous essayez de découvrir les goûts de celles et ceux que vous espérez gâter. Une autre technique étonnante que j’ai trouvé pour ce livre est celle de la voix intérieure. Nous avons en nous une voix intérieure qui nous motive à condition que l’on sache l’écouter et que l’on fasse taire ce que j’appelle la voix du saboteur interne ou de notre culpabilité. Vous verrez dans le livre comment on révèle cette voix intérieure avec un simple minuteur de cuisine.

S : J’ai personnellement vu disparaître le moindre de mes désirs au fur et à mesure que les kilos s’envolaient… Peut-on souffrir d’une addiction (quelle qu’elle soit) et préserver ses désirs ?

M.L : L’addiction est une dévoreuse de désir. Réinvestir son corps, retrouver des envies positives est une bonne manière tout à la fois de s’épanouir et de surmonter ses addictions. Un bon désir selon moi est un désir réalisable, qui nous fait plaisir, exprimable et en phase avec le sens de notre vie. Il vient se substituer aux désirs absolutistes (en tout ou rien) et impossibles à satisfaire.

S : Une fois les « désirs réveillés », ne risque-t-on pas un jour de voir notre réserve (à désirs !) s’épuiser ?

M.L : C’est l’inverse. La machine à désirer ne s’use que si l’on ne s’en sert pas. A condition quand même d’entrecouper les moments d’activité de moments de repos, de sieste. Il y a une forme de paresse très voluptueuse qui augmente la productivité.

S : Une personne qui papillonne de désir en désir et cherche à les satisfaire à tout prix ne risque-t-elle pas d’être mal jugée ? D’être qualifiée d’égocentrique ?

M.L : Ou de capricieuse. Au fond un caprice est un désir sur lequel on communique mal, que l’on n’explique pas assez. Mais même ces caprices sont à défendre. Ils sont une manière de nous rappeler que nos désirs même les plus agréables ne sont pas toujours raisonnables.

S : Question qui concerne mon association SabrinaTCA92… J’en suis encore étonnée (et ravie !!) aujourd’hui alors : qu’est-ce qui vous a incité à accepter ma demande de parrainage ?

M.L : Je trouve extrêmement respectable qu’une communication sur la psychologie ne vienne pas seulement des professionnels. Il est important pour la connaissance et la compréhension de ces vraies maladies que celles et ceux qui en sont revenu témoignent. Ils sont l’exemple vivant du fait que ces difficultés peuvent être surmontées. Nous faisons le même métier et poursuivons le même objectif mais avec des moyens différents.

S : Vous avez également préfacé « L’âme en éveil, le corps en sursis » – préface que j’évite de relire, à chaque fois je suis chamboulée - ; qu’est-ce que ce livre vous inspire en quelques mots ?

M.L : J’aime les livres optimistes, porteurs de sens et d’ espoir. Le vôtre contient tout cela. Il raconte mieux qu’aucun professionnel extérieur au sujet ne pourrait le faire la manière dont on dépasse un problème psychologique à la condition de le reconnaître, d’en avoir confiance et d’être convaincu de son pouvoir de changement. Vous aussi vous réveillez les désirs, les désirs de bonne santé, de vie épanouie. Vous êtes devenue par votre exemple et la précision de ce que vous en racontez, une professionnelle de la motivation. Vous envoyer une préface, c’est une manière de vous dire : continuez. Continuez à entraîner avec vous ceux qui ont confiance en eux et ceux qui viennent prendre à votre contact des leçons d’estime d’eux-même.

 

L’association a été enchantée de recevoir le Professeur Michel Lejoyeux lors de son lancement le 8 mars dernier et je suis fière qu’il soit à nouveau présent à mes côtés pour fêter la sortie de mon livre le 13 mai.

Quelque chose me dit que nous n’avons pas fini de réveiller les désirs dans la région puisqu’un nouveau rendez-vous se profile au mois de juin sur Clamart ! Le thème de la rencontre ? Une histoire de désirs…

Merci pour tout cher Professeur.

Sabrina

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