Quels sont vos fantasmes sexuels?

En fait, peu importe vos fantasmes sexuels, des chercheurs du département de Psychologie de l'Université du Québec à Trois-Rivières veulent les connaître parce que les dernières études dignes de ce nom, à ce sujet, remontent à près de 20 ans, explique Amélie Cossette, finissante au baccalauréat en psychologie, qui vient de lancer un sondage scientifique sur la question, sous la direction du professeur Christian Joyal. La recherche est menée dans le cadre d'une subvention du Conseil de Recherche en Science Humaine du Canada.

Mme Cossette et son directeur de recherche ont parcouru la littérature scientifique pour se rendre compte que la question des fantasmes sexuels n'a pas été beaucoup explorée par les chercheurs universitaires.

Or, dit-elle, il est fort important de bien connaître les fantasmes sexuels des gens dits normaux pour être en mesure de mieux identifier les déviances sexuelles. On peut en effet se servir de fantasmes sexuels dans le cadre de thérapies de modulation cognitive «pour amener la personne à fantasmer sur autre chose. On peut amener une personne à être excitée par autre chose que, par exemple, les enfants», illustre Mme Cossette.

Le fantasme sexuel, «c'est une image qu'on se crée dans la tête qui suscite et peut maintenir un intérêt sexuel», explique la chercheuse.

Actuellement, les recherches démontrent que le viol et la violence, par exemple, font partie des éléments fantasmatiques de la population en général et ne sont donc pas nécessairement considérés comme déviants. Toutefois, certains chercheurs estiment que les fantasmes sont à la base du passage à l'acte chez certaines personnes qui ont une déviance sexuelle.

Mais comment dire d'une personne qu'il a une déviance sexuelle simplement à partir de ses fantasmes? «La marge est mince», admet Mme Cossette.

Pour mieux comprendre, il faut donc comparer, tant en termes de pourcentages qu'au niveau comportemental, avec la mesure étalon que représente la population en général, d'où l'intérêt qu'ont les chercheurs à aller poser la question au grand public par le biais d'un sondage.

Les questionnaires élaborés par les scientifiques il y a près de 20 ans contenaient toujours sept thèmes reliés à la sexualité, dont l'intimité, la soumission et la domination. «Mais c'était toujours des questions fermées», explique Mme Cossette, avec des choix de réponses et des «vrai ou faux».

Le questionnaire de l'UQTR ajoute neuf autres thèmes à cette grille et compte des questions ouvertes. C'est que la pornographie a pris beaucoup d'ampleur depuis l'arrivée d'Internet, ajoutant à l'équation du fantasme des éléments comme la violence et la bestialité dont les chercheurs doivent tenir compte.

À l'avant-dernière des 50 questions du document, les chercheurs demandent aux répondants de décrire leur fantasme sexuel favori, s'il n'a pas été répertorié dans les 48 questions précédentes. La dernière question, elle, consiste à choisir cinq mots clefs que le répondant utiliserait s'il pouvait faire une recherche Internet totalement anonyme et inconnue de quiconque.

Encore là, les chercheurs souhaitent enrichir leurs perspectives sur la question. «On n'est pas devin», fait valoir Mme Cosette.

Jusqu'à présent, 575 personnes ont répondu au sondage, ce qui a donné le goût à Mme Cossette de pousser plus loin son échantillon car dans le passé, les chercheurs n'avaient obtenu tout au plus que 70 personnes pour répondre à leurs questionnaires, dont la plupart étaient des étudiants universitaires.

Mme Cossette veut des gens de tous les âges, de 18 ans en montant, pour sa recherche. Elle s'apprête à cogner à la porte de diverses entreprises et même dans les résidences pour aînés.

Les répondants sont assurés de la plus totale confidentialité. Pour répondre, on peut commander des questionnaires sur papier pour des groupes avec enveloppes affranchies en téléphonant au 819-376-5011, poste 4094 ou, mieux encore, répondre au questionnaire en ligne au https://www.surveymonkey.com/s/fantasmes.

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