Terminé les méthodes interminables pour soigner nos bleus à l’âme. Les toutes dernières thérapies nous réconcilient avec nos émotions et nos souffrances en quelques mois. Explications avant de plonger dans ce nouveau type de psychothérapie.
Les thérapies de 3ème vague font partie des thérapies comportementales et cognitives. Elles ont vu le jour dans les années 1980 aux Etats-Unis et ont déferlé en France il y a environ cinq ans. Parmi les plus connues, La pleine conscience, appelée aussi Mindfullness (observation des pensées l’acceptation), et Les Thérapies ACT (Thérapie d’Acceptation et d’Engagement).
Si les deux premières vagues s’attachaient davantage à combattre les pensées automatiques ou à déprogrammer nos comportements nocifs pour les remplacer par de nouveaux comportements mieux adaptés, les thérapies de 3ème vague, elles, mettent davantage l’accent sur l'acceptation sans jugement des pensées et des émotions négatives plutôt que sur leur modification. Avec notamment une acceptation plus marquée de la souffrance. "La souffrance est inhérente à la vie, cela ne sert à rien de la nier ou de l’éviter au risque de se mettre dans un état de lutte permanente", explique Jean-Christophe Seznec, psychiatre, spécialiste en thérapie comportementale et cognitive. L'important est de savoir accueillir ce qui se présente à nous afin de choisir la façon de le négocier. "Nous aurons tous à faire face un jour ou l’autre à un vol, une déception amoureuse, un accident. Les émotions de vie sont comme des vagues. A vouloir lutter constamment contre, on finit par s’épuiser et boire la tasse. Car lutter contre ses pensées et ses émotions les renforcent.
Les thérapies de 3ème vague apprennent à surfer sur ces vagues pour se rapprocher de ce qui est important pour soi. Il s'agit de thérapies inscrites dans le présent qui est le seul endroit où nous pouvons agir et où se situe la vie".
Les thérapies de 3e vague en pratique
Les séances individuelles ou en groupe permettent d’apprendre à observer et à accueillir ses obstacles internes ou externes du mieux possible. "On apprend au patient à ne plus voir les choses comme des problèmes, explique notre expert, mais plutôt comme un coucher de soleil. L'important n'est pas ce qui nous arrive mais ce que nous en faisons. Du coup, l’événement devient moins insupportable et la confiance en soi se restaure".
D’abord en balayant les injonctions verbales "Il faut", "Je dois", au profit de phrases plus bienveillantes comme "Tenant compte de cet événement-là, qu’est-ce que je choisis de faire, qu’est-ce que je décide ?".
Une nouvelle manière de penser, plus enveloppante envers nous-mêmes en quelque sorte pour ne plus être esclave de ses pensées automatiques dictées par notre cerveau émotionnel parfois à vif, et qui passe son temps à juger et à commenter.
Des exercices concrets, des mises en situation, des métaphores rejouées en séances permettent également de lâcher prise sur ses pensées "Hameçons" qui nous figent et nous empêchent d’agir. "Il s’agit de devenir acteur de sa vie, explique Jean-Christophe Seznec… Je fais souvent réaliser cet exercice à mes patients. Le groupe représente un bus, un des patients prend la place du chauffeur et les autres membres représentent les pensées négatives du chauffeur. Chacun y va de sa petite réflexion : on va arriver en retard, il fait trop chaud, ça ne va pas assez vite, on n’aurait pas du prendre ce chemin… Le chauffeur apprend, lui, à ne pas se laisser distraire par les passagers pour ne pas se laisser envahir, pour rester concentré sur son chemin. C’est exactement le comportement qu’il adoptera à présent dans sa vie face à ses pensées négatives qui le submergent".
A qui s’adressent ces thérapies ?
Ces thérapies très fonctionnelles, pragmatiques, basées sur une véritable collaboration égalitaire avec le thérapeute, ont l’avantage de pouvoir convenir à tout le monde y compris dans des cas de pathologies plus ou moins graves : dépression, phobie, anxiété, trouble de l’humeur, trouble du comportement alimentaire. Elles sont aussi très efficaces pour aider à traverser des moments difficiles (deuil, chômage, stress professionnel…). Elles conviennent également aux enfants qui n’aiment pas toujours raconter leur vie chez le psy. Ils apprécient tout particulièrement les mises en scène très concrètes de certains exercices qui transforment la séance de thérapie en véritable jeu.
Combien de temps dure cette thérapie ?
Comme toute thérapie comportementale, sa durée est plutôt courte. Elle varie de quelques semaines à quelques mois (24 mois environ) à raison d'une séance hebdomadaire ou tous les 15 jours car le travail se poursuit chez soi. Le temps que le patient se familiarise avec cette nouvelle manière de voir la vie et abandonne ses anciens reflexes. Le prix dépend du tarif du psychologue qui pratique ces thérapies ou du type de secteur dans lequel exerce le psychiatre (1, 2 ou 3).
Laquelle choisir ?
Les thérapies de 3ème vague comportent plusieurs formes. Parmi les plus connues on retrouve :
- La Thérapie Cognitive Fondée sur la Pleine Conscience
dont MBSR ((mindfulness based stress reduction) et MBCT (mindfulness based cognitive therapy). Pour en savoir plus : http://www.association-mindfulness.org/
- L’ACT (Thérapie de lʼAcceptation et de lʼEngagement)
Pour en savoir plus sur l’ACT : https://contextualscience.org/afscc
Sandrine Catalan-Massé
Créé le 03 décembre 2015
Sources :
Interview du docteur Jean-Christophe Seznec Psychiatre, spécialiste en thérapie comportementale et cognitive, auteur de "L’ACT, applications thérapeutiques…." Éditions Dunod
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