PSYCHOLOGUES SCOLAIRES : UN SCANDALE QUI DOIT CESSER !

Des associations bien implantées dans leurs domaines respectifs (familles d'enfants et d'adultes porteurs de divers troubles du développement) viennent d'adresser une lettre commune à l'Afpen (Association française des psychologues de l'éducation nationale), suite à la sortie du programme de son prochain congrès (qui aura lieu à Nice, du 26 au 28 septembre 2013).

UN RELATIF ESPOIR...

La lettre souligne d'emblée l'importance de la fonction de psychologue scolaire « pour assister l'enfant « hors normes » et ses parents ». Commentant d'abord positivement l'argumentaire du congrès, les auteurs trouvent ainsi « de bon augure » que celui-ci mentionne par exemple (dès la première ligne) les « avancées de la génétique et des neurosciences », avant d'ajouter sur un ton de regret : «  tant ces avancées tardent à être prises en compte encore aujourd'hui par bien des psychologues scolaires ».

DE BELLES INTENTIONS...

Mais après le relatif espoir de changement de perspectives qu'avait suscité l'argumentaire, c'est une déception teintée de colère que les associations vont ensuite exprimer à la lecture du contenu détaillé du congrès et de la liste d'intervenants. En cause : le constat que «  la parole est surtout donnée à des intervenants issus du champ de la psychanalyse ».

Pour les associations, cette (longue) liste constitue en elle-même une contradiction flagrante avec les bonnes intentions exprimées dans l'argumentaire. Elles évoquent par exemple les récentes déclarations de Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée aux personnes handicapées et à la lutte contre l'exclusion, lors de la présentation du 3ème plan autisme et rappellent la «  non-pertinence de la psychanalyse » dans les domaines dont elles s'occupent (autisme, troubles dys, etc.).
Elles font remarquer que la présence d'intervenants issus d'autres « champs » (neuropsychologie, TCC, etc. presque totalement absents du congrès) aurait été cohérente avec l'article 24 du Code de Déontologie des Psychologues « Les techniques utilisées par le psychologue à des fins d’évaluation, de diagnostic, d’orientation ou de sélection, doivent avoir été scientifiquement validées et sont actualisées. »

… NON SUIVIES D'EFFETS

Souvent aux premières loges pour faire ce constat, elles affirment : « Les connaissances et les pratiques en psychologie ont beaucoup progressé depuis quelques décennies, mais bien souvent encore les familles membres de nos associations nous témoignent des difficultés rencontrées avec des psychologues scolaires, dont les connaissances dans le domaine des troubles du développement sont lacunaires, voire obsolètes. » Manière de dire aussi que dans ce qui devrait être le lieu même où ces lacunes pourraient et devraient être comblées, il n'y a à peu près aucune chance qu'elles le soient...

La lettre se termine en protestant contre le contenu du programme du congrès « qui n'est pas conforme aux avancées scientifiques dans le domaine des troubles qui touchent (ces) enfants » et en demandant que celui-ci ne se déroule pas « en vase clos » : les associations souhaitent être associées à sa préparation « afin de centrer le programme sur les réponses concrètes à apporter aux difficultés de (ces) enfants, sur la base des connaissances validées les plus à jour. »

Populariser cet appel (au secours ?) est un devoir civique.

UN SCANDALE QUI DOIT CESSER

Car on a peut-être, en effet, du mal à imaginer cela tant qu'on n'a pas étudié le sujet, mais l'autisme constitue un cas unique dans le domaine de la santé, avec, d'un côté, ces parents contraints de s'organiser en associations et de faire du lobbying, simplement pour que leurs enfants soient correctement pris en charge et, de l'autre, ces nombreux professionnels dont les connaissances ne sont pas à jour. Un peu comme si les médecins d'un pays (par tradition, par inertie, par refus d'actualiser leurs savoirs, pour ne pas « faire le jeu des lobbies pharmaceutiques », voire à cause de tout cela à la fois) ne traitaient le cancer qu'avec des cataplasmes d'argile, de moutarde et de graisse de yak ; et que les patients atteints de cette affection aient dû se grouper en associations pour obliger lesdits médecins à pratiquer des thérapeutiques validées scientifiquement et disponibles à l'étranger (chimiothérapie, etc.).

Il est temps que l'Afpen comprenne que, pas davantage qu'en médecine, il ne peut y avoir d'exception française dans les connaissances disponibles en psychiatrie et en psychologie. La formation des psychologues scolaires doit tenir compte de l'état réel de ces connaissances. Et non continuer de promouvoir des « savoirs » dépassés, assise, imperturbable, sur l'argent du contribuable : ce scandale doit cesser !

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