Psychologie scolaire à Tizi Ouzou : quelle prise en charge ?

Un séminaire d’évaluation de l’activité de psychologie en milieu scolaire a été organisé, jeudi dernier à l’Etablissement hospitalier spécialisé en psychiatrie Fernane Hanafi de Tizi Ouzou. La journée de travail a regroupé, en plus d’une équipe médicale dirigée par M. Bouslimane, psychiatre et chef d’unité à l’EHS, des psychologues de différentes disciplines, le représentant de la direction de la santé (DSP) et le SG de la direction de l’éducation. Au cours de ce séminaire, des communications portant sur le thème des moyens d’identification, de repérage et de dépistage des cas de troubles chez des élèves en difficulté ont été présentées. Cette rencontre est la deuxième d’une série de séminaires qu’organisent les pouvoirs publics après le suicide de 3 enfants en mars 2012.

Cette initiative a permis, cette fois, de lever un voile sur le fonctionnement des Unités de dépistage et de suivi (UDS) à travers la wilaya de Tizi Ouzou et mettre un coup de projecteur sur les conditions de travail des psychologues au sein des différentes structures sanitaires. En effet, au cours des  débats, des psychologues exerçant dans les EPSP et les UDS, qui sont recrutés généralement dans le cadre du pré-emploi, ont axé leurs interventions sur le statut précaire dans lequel ils évoluent et le manque considérable de moyens susceptibles de mener à bien leur mission. Les témoignages sont éloquents.

«Pour travailler, je dispose uniquement d’une table et d’une chaise. Je n’ai aucun moyen médicale pour prendre en charge les élèves », a dit une orthophoniste. Sa collègue du lycée de la Nouvelle- ville renchérit : «Je ne demande pas grand-chose, juste un crayon et des feuilles blanches pour travailler. Nous imprimons les fiches de liaison et autre documents à nos frais. Aucune UDS,  ni EPSP ne dispose de batterie de test, car ça coute très cher».

En effet, d’après la communication d’une psychologue d’Azazga : «Il existe plus de 2000 tests qui peuvent être utilisés dans le cadre d’une orientation scolaire (…) dans le cadre d’un diagnostic en psychopathologie (psychologue clinicien) et en neuropsychologie»

Des UDS mal équipées

Les UDS sont mal équipées en matériels et en personnel spécialisés. Seul 24 enfants (18%) sont venus avec une orientation de l’UDS. Une spécialiste a estimé que « le rôle des orientations de l’UDS ne semble donc pas avoir un impact important sur le travail d’orientation vers les services spécialisés. Alors, on devra se pencher sur les causes qui freinent ces éventuelles orientations». Pour sa part, F. Nabila, psychologue à l’EPSP de Draâ Ben Khedda, a estimé dans sa conclusion : «Compte tenu de notre expérience à  l’EPSP, nous avons constaté la nécessité d’un programme de dépistage multidisciplinaire et la dotation des établissements en outils psychologiques utilisés pour un meilleur dépistage en milieu scolaire».

Plus loin, une psychologue de Ouaguenoune a relevé l’inexistence d’équipements, du manque d’espaces dans les UDS en activité. «L’EPSP de Ouaguenoune comprend 06 UDS réparties pour 124 établissements scolaires qui représentant le totale de 24283 élèves. Mais sur 06 UDS,  2 uniquement sont aménagées, celles de Tigzirt et Makouda, car, les autres, soit ils sont mal exploitées ou bien mal utilisées», lit-on dans la communication des psychologues.

Le mal est très profond car à entendre une autre intervenante, «on recrute des psychologues pour les besoins des UDS, mais ces derniers n’ont jamais bénéficié de formation pédagogique au cours du cursus universitaire ou d’une formation continue sur le terrain», déplore une psychologue d’Iferhounene. A ce titre, le représentant de la DSP, Dr Madiou a préconisé d’aller vers des ateliers comme prochaine étape de ces rencontres périodiques afin de localiser et identifier tous les problèmes que vit le secteur de la santé mentale en particulier afin de lever les contraintes qui empêchent les professionnels de travailler.
 

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