Témoignage

Alice, 32 ans. «Je me pose trop de questions. Mon cerveau mouline jour et nuit. J'ai l'impression d'être anormale : je me prends sans arrêt la tête sur quelque chose et je ne suis jamais tranquille. »

Les réponses de Christel Petitcollin, conseillère en développement personnel et auteure de Je pense trop, Guy Trédaniel Éditeur (1).

Pourquoi certains disent-ils qu'ils pensent trop ?

Ils ont les cinq sens plus développés et en alerte que la moyenne. Leur cerveau trie moins les informations pertinentes. Sollicités en permanence, ils gèrent beaucoup de stimulations. Leur raisonnement est davantage régi par l'hémisphère droit de leur cerveau : leurs pensées sont gouvernées par l'affectif et elles ne sont pas linéaires. Ces personnes réfléchissent en arborescence : une idée en fait jaillir dix autres.

C'est épuisant ?

Ces personnes se sentent « baladées » par leurs pensées. Les informations qu'elles reçoivent les touchent et elles peuvent se sentir responsables du monde entier. Le cerveau est une usine à fabriquer du doute et des questions. C'est angoissant de vivre dans un monde mouvant, où tout peut être remis en cause d'un revers de pensée. Cela entame aussi l'estime de soi, surtout que leur mode de raisonnement est associé à un déficit d'ego : ils pensent collectif, « nous » plutôt que « je ». Ils ont par ailleurs, souvent, une soif d'absolu. Se trouver une mission dans la vie les apaise.

Que faire pour dompter un cerveau bouillonnant ?

D'abord se dire que ce n'est pas une tare. Paradoxalement, ces penseurs ne doivent pas chercher à freiner leur mental. Leur cerveau a besoin de mouliner. Il faut lui donner du bon grain à moudre : apprentissages, lectures, nouveautés, situations multitâches.

Pour ne pas se sentir noyés, il faut qu'ils renoncent à la perfection et à la maîtrise totale de tous les paramètres de leur quotidien. Enfin, ils seront plus heureux en arrêtant de faire des présuppositions, notamment à partir d'un simple comportement d'autrui.

(1) La suite, Je pense mieux, vient de paraître.