PSYCHO: La liaison logique induit-elle la liaison temporelle …



Actualité publiée hier

Cette étude publiée dans la revue Psychological Science peut être illustrée par cette petite anecdote du quotidien : Vous appuyez sur le bouton pour appeler l'ascenseur et vous avez l’impression d’attendre une éternité, vous imaginez même qu’il est en dérangement. Mais quand l’ami que vous attendez appuie sur le bouton, l'ascenseur semble arriver dans les 10 secondes. Cet épisode décrit ce que les philosophes appellent la liaison temporelle. En synthèse, cette étude suggère que si deux événement rapprochés dans le temps permettent d’en déduire plus facilement une relation de cause à effet, l'inverse doit aussi être vrai: Si deux événements sont causalement liés, on peut s'attendre à ce qu’ils soient -voire les percevoir comme- plus proches dans le temps.  

La recherche montre que notre système perceptif semble rapprocher des événements causalement liés ensemble par rapport à deux événements censés se passer d'eux-mêmes. Dans le premier cas,  nous percevons comme tardif le premier événement ou la cause (l’ami qui appelle l’ascenseur) et précoce, le second événement (l’arrivée de l’ascenseur sur le palier) si nous pensons que c'est le résultat.

Comment se développe cette liaison temporelle ? Certains chercheurs émettent l'hypothèse que cette liaison temporelle dépend de notre capacité à lier les 2 événements par un lien de causalité, d’autres suggèrent que la liaison temporelle repose sur la perception de ces événements comme étant l’un, l’action intentionnelle et l’autre, son résultat. Mais Marc Buehner, psychologue et chercheur à l'Université de Cardiff (UK) a voulu déterminer comment la liaison temporelle participe plus généralement à notre compréhension des relations de cause à effet. «Nous savons déjà que les gens sont plus susceptibles de déduire une relation de cause à effet, si deux événements sont rapprochés dans le temps. Il s'ensuit, par calcul bayésien (ou par probabilités), que l'inverse puisse aussi être vrai: Si les gens savent que 2 événements sont causalement liés, ils s'attendent à ce qu'ils soient proches dans le temps ». Alors que la perception du temps est incertaine en soi, la liaison temporelle est un phénomène général au sein duquel l'action intentionnelle pourrait être juste un cas de figure particulier.  

Causalité et/ou intention ? Le psychologue a testé cette hypothèse par une expérience au cours de laquelle les participants devaient prédire quand une lumière se mettrait à clignoter.

1.     Pour le groupe témoin, le flash lumineux était précédé par un signal lumineux, indépendant de l’intervention des participants.

2.     Pour le groupe en situation « auto-causale », les participants appuyaient eux-mêmes sur un bouton pour générer le flash. Cette situation implique donc à la fois les notions de causalité et d’intention.

3.     Pour le groupe en situation « machine-causale », c’est une machine qui déclenchait le bouton pour générer le flash. Cette situation implique donc la seule notion de causalité pour les participants.

Selon l'hypothèse de causalité, ces deux derniers groupes (2 et 3) devaient pouvoir anticiper le flash plus tôt que le groupe témoin.

Selon l’hypothèse de l’action intentionnelle, le groupe en situation « auto-causale » (2) devait pouvoir anticiper le plus le signal lumineux.

Les résultats montrent que le temps d’anticipation ne diffère pas significativement entre les deux derniers groupes (2 et 3) placés tous deux dans une situation de causalité et s’avère plus important que pour le groupe témoin (1, sans existence de causalité). Ces résultats suggèrent ainsi que l'intention (groupe 2 en situation « auto-causale » vs groupe 3 en situation « machine-causale ») n’a pas d’effet sur la liaison temporelle. En conclusion, la relation de causalité induit la liaison temporelle mais pas l’intention.

 

La causalité induit ainsi une « chaîne de temps » subjective dans l'esprit des gens. Par exemple, la perception d’un temps d'attente ou d’un retard est soumise à une distorsion liée à la relation de causalité perçue. Par exemple, si dans ce cas, on sait où se situe le problème, le temps semble passer plus vite.

Source : APS Causation Warps Our Perception of Time (Visuel © Les Cunliffe - Fotolia.com)

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Cette actualité a été publiée le 18/11/2012 par P. Bernanose, D. de publication, avec la collaboration
de P. Pérochon, diététicien-nutritionniste, coordinateur éditorial.

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