Proust, père de la psychologie cognitive ?

« L'impression est pour l'écrivain ce qu'est l'expérimentation pour le savant. »

C'est sur cette épigraphe, tirée du « Temps retrouvé », que s'ouvre l'un des plus originaux et des meilleurs ouvrages de vulgarisation jamais publié dans le domaine de la psychologie cognitive.

Alternant (et faisant admirablement se répondre) extraits de la « Recherche » et descriptions des travaux menés dans cette discipline, ce trop mince livre montre, sans jamais jargonner, avec quelle stupéfiante prescience les « impressions » proustiennes ont préfiguré, un siècle à l'avance, les résultats des « expérimentations » les plus élaborées. Et ce, pour des thèmes aussi variés que l'apprentissage, la perception, la mémoire bien sûr, mais aussi la reconnaissance et la lecture des visages, le sentiment d'identité ou encore l'influence des émotions (l'humour, l'amour) sur la cognition.

Les proustiens endurcis seront eux-mêmes confondus. Et si les autres, après la lecture de ce livre, n'ont pas envie de goûter à leur tour à la fameuse madeleine, c'est vraiment qu'il n'y a rien à faire pour eux !

Yann Verdo

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