Alain Lieury, expert en mémoire, s'interroge sur le programme de philosophie du Baccalauréat...
La Psychologie concerne de multiples professions et
activités humaines, couvre une immensité de thèmes, la mémoire et l’éducation,
l’attention et le stress dans les professions, la personnalité, les émotions,
le développement de l’enfant, la motivation, et bien d’autres thèmes mis en
avant dans les médias. Au niveau international, c’est une des sciences les plus
dynamiques avec cent mille publications chaque année. Environ quarante mille
étudiants sont inscrits en psychologie à l’Université.
Devant ce
panorama, il paraîtrait tout à fait naturel que la psychologie ait sa place au moins au lycée,
voire au collège, au même titre que la biologie, la chimie ou l’histoire. Eh
bien non, et cela uniquement dans les dernières décennies. Car, historiquement,
la psychologie était bien au programme, dans le cadre du cours de philosophie
en Terminales. Ainsi, dans le programme de 1941, la partie consacrée à la
psychologie fait 786 pages (Foulquié, 1941) et comprend les thèmes classiques
de la perception, mémoire, intelligence, personnalité jusque dans les années
1960. Puis les thèmes de psychologie ont brutalement été effacés pour aboutir à
l’actuel programme de Philosophie de Terminales, où la psychologie n'est vue
qu'à travers Freud et la psychanalyse (BO2003 n°25 du 19 Juin 2003).
C’est ainsi qu’environ 600.000
bacheliers qui sont les futurs, ingénieurs, médecins, politiques, journalistes,
sortent chaque année du lycée en pensant que la psychologie, c’est Freud et la
psychanalyse. C’est comme si dans les autres matières (Freud est mort en 1939),
on parlait encore de la machine à vapeur au lieu du nucléaire, de la saignée en
médecine et comme si on s’arrêtait avant la découverte de la structure de
l’ADN dans le programme de Biologie ? Et enfin, on peut se demander par
quel tour de passe-passe, la psychologie a disparu des programmes, sans
concertation avec les représentants universitaires ou des associations de
psychologie. C’est comme si, subrepticement, les biologistes avaient fait
disparaître la Géologie du programme de SVT (Sciences de la Vie et de la Terre)
de la 4e de collège. Ou comme si les historiens avaient fait
disparaître la Géographie des programmes ; j’imagine le tollé médiatique,
et pour la disparition de la psycho, rien ! Ce problème peut sembler
lointain pour les jeunes mamans, mais pensez que faute de formation
scientifique, c’est avec des idées déformées sur la psychologie que les
enseignants ou les médecins vont s’occuper de votre enfant !
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