Police : une psy à l’écoute des victimes… et des auteurs

Eva Pater, psychologue au service (gratuit) des victimes ou auteurs d’infractions, au commissariat. Photo DL/J.G.

« C’est un service complémentaire du travail des policiers. Qui apporte un vrai plus. » Voilà comment le directeur départemental de la sécurité publique Jean-Pierre Sola présente le service psychologue en place au sein du commissariat avignonnais depuis huit mois. Un service en soutien et à l’écoute des victimes… mais aussi des auteurs d’infractions.

Eva Pater, psychologue clinicienne spécialisée en criminologie notamment, occupe ce poste à l’hôtel de police d’Avignon. Chaque jour, du lundi au vendredi, elle reçoit les personnes qui souhaitent se confier, parfois traumatisées par un événement. Sur rendez-vous, ou parfois directement après un dépôt de plainte, les policiers orientant ceux qu’ils sentent fragiles vers cette professionnelle de la psychologie.

« J’ai déjà reçu une centaine de personnes. La plupart, 80 %, sont des femmes victimes de violences, le plus souvent des violences intrafamiliales. Mais il m’arrive aussi de recevoir des enfants, ou bien l’entourage de victimes directes, comme par exemple les parents d’un mineur victime d’abus sexuels… »

Des suivis centrés autour du choc

Son rôle n’a rien à voir avec l’enquête, et les confidences qu’elle va recevoir n’y contribuent bien sûr pas. Même si cet instant d’échange peut parfois amener les plaignants à modifier leur comportement, dénoncer des choses qu’ils auraient pu taire… « Il s’agit de suivis courts, en moyenne quatre ou cinq entrevues, centrées autour du choc. » Déceler des états de sidération, des traumatismes profonds, et éventuellement orienter ces victimes vers des structures spécialisées dans des suivis plus longs, voilà le rôle d’Eva Pater, qui peut même être amenée, si la situation l’exige, à intervenir sur le terrain, immédiatement, en cas d’événement majeur.

Particularité de ce service public, la jeune femme reçoit également des auteurs d’infractions. Sur la base du volontariat. « C’est une démarche de prévention à la réitération. Qui vise à orienter ces personnes vers des structures sociales adaptées. » Publics visés en priorité : les mineurs, les personnes sous l’emprise d’alcool ou drogue au moment des faits commis, mais aussi les primo-délinquants. Pour l’instant, les auteurs d’infractions représentent 5 % des reçus. Mais ce nouveau service, s’il s’est « parfaitement intégré au sein du commissariat où il est déjà connu et reconnu » selon la formule de Jean-Pierre Sola, cherche encore à s’étendre. « Il est clair qu’il répond à un besoin, conclue le patron des policiers vauclusiens. » En soulageant parfois les policiers d’une partie de leur travail qui peut s’avérer difficile à appréhender, celle du soutien psychologique. En les formant à cela, aussi, au contact quotidien d’une professionnelle de la psychologie.

Jim GASSMANN

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