Poesía sin fín : une œuvre poétique sur fond de psychologie

Jodorowsky - Crdit : Licence CC/Flickr Adrian Araya

La poesía es sólo amor, transgrede las prohibiciones y se atreve a mirar de frente a lo invisible.

Alejandro Jodorowsky
On commence souvent une biographie par le métier, l’activité principale de la personne que l’on décrit : «écrivain né en…», «homme politique originaire de…». Ici, cependant, impossible de commencer ainsi. Né en 1929 au Chili à Tocopilla, Alejandro Jodorowsky est issu d’une famille juive ukrainienne fuyant les pogroms. Son parcours est des plus étonnants. En effet, rejetant l’idée de son père d’étudier la médecine, Alejandro sera tour à tour réalisateur, acteur, auteur, mime, romancier, essayiste, poète, scénariste de bande-dessinée, psychanalyste, passionné de théâtre et mille autres choses encore. Le seul point commun à tout cela ce sont les mondes magiques que l’on retrouve dans toutes ses œuvres. Alejandro Jodorowsky développe des mondes fantastiques. Il est le maitre de la psychomagie.

Il est également à l’origine du groupe actionniste Panique qu’il créa avec Roland Topor et Fernando Arrabal, artistes français et espagnol. Panique c’est l’explosion de la raison et de la créativité mêlant peinture, théâtre, cinéma, poésie ou encore roman. L’artiste panique est donc pluriel.

Auteur d’El Topo (1970) ou encore de Santa Sangre (1989), Alejandro Jodorowsky marque les esprits grâce à sa façon bien à lui de manier le surréalisme et la provocation au travers d’images fortes où les personnages s’interrogent sur les grandes questions existentielles de la vie. Son dernier long-métrage, La danza de la realidad, adaptation du roman du même nom, est présenté au festival de Cannes en 2013 et fait l’unanimité du public.

Jodo est également père de cinq enfants, tous acteurs, musiciens et artistes à chaque heure de chaque jour. Notamment Adan Jodorowsky plus connu sous le nom d’Adanowsky, musicien, acteur, auteur et compositeur, bref, il est sans aucun doute le digne fils de son père mais aussi l’acteur principal du dernier film d’Alejandro Jodorowsky : Poesía sin fin (Poésie sans fin).

Extrait - La Danza de la realidad

Poesía sin fin, la suite, la fin ?
Il s’agit là de l’ultime acte de son roman La danza de la realidad. Les derniers chapitres du livre se condensent en image dans ce dernier film. Jodo met ici en scène ses premières années adultes à Santiago dans le Chili des années 40-50. Il s’agit donc de la suite de son dernier long-métrage portant le même nom que le roman qui inspire les deux films, La danza de la realidad. Premiers émois amoureux, premiers élans artistiques, Jodorowsky ne sera pas médecin comme le souhaitait son père : il sera artiste. Retour sur une âme déchirée entre la pression familiale et le besoin de créer. Il l’expliquera plus tard : il écrit, il joue, il compose parce qu’il fait face à une nécessité prégnante de s’exprimer. Voyage tumultueux dans les abîmes de l’esprit d’un jeune homme face à son avenir.

Plusieurs anecdotes sur la réalisation du film permettent déjà d’entrevoir son caractère inédit. Tout d’abord, deux campagnes de crowdfunding on été réalisées pour obtenir les fonds nécessaire au tournage ainsi qu’à la postproduction. En échange des dons, les participants pourront accéder gratuitement au film en streaming et reçoivent des billets d’argent poétique à l’effigie du maitre qui portent les citations de ce dernier.

L’argent est comme le Bouddha, sans labeur tu ne peux l’obtenir. Retiens-le et il disparaîtra.

Le 25 août dernier, Jodorowsky appelle les volontaires de Santiago de Chile à venir le rejoindre sur son tournage pour tourner une scène avec plus de 5 000 personnes. Coloris neutres et tenues des années 50 sont de mises pour ce rendez-vous à 17 heures au Teatro Caupolicán. Une scène qui promet de rappeler celles de cabarets mystiques qu’il a l’habitude de mettre en scène dans les grands théâtres de ce monde. Au travers de cette danse poétique, les participants à l’action sont invités par l’auteur à réaliser un acte de psychomagie collective.
Le tournage se termine en ce moment même et le film devrait être prêt pour le festival de Cannes en 2016.

Découvrir et comprendre Jodorowsky
Comprendre Jodorowsky : en voilà une entreprise ambitieuse. C’est cependant ce qu’a essayé de faire Andreas Angelidakis, l’architecte qui met en scène son œuvre colossale au CAPC à Bordeaux. Il lui aura fallu cinq années pout analyser son œuvre, avec l’objectif de la restituer et de la montrer aux visiteurs. Car en effet, l’œuvre est à l’image de l’artiste : complexe, indéchiffrable mais surtout surprenante. Une œuvre magique pourtant dénuée de paillettes, une œuvre mystique, folle et éclectique. Celle d’un touche à tout dont les dons ne peuvent que tous nous toucher. Une histoire de famille. Un art et une œuvre en famille.

Rendez-vous au CAPC à Bordeaux jusqu’au 31 octobre 2015. Et au cinéma à l’été 2016 pour Poesía sin fin.

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